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Santé et prévention

Renforcement des actions de dépistage

La MSA développe des actions de prévention et de dépistage pour prévenir les pathologies les plus récurrentes dans le monde agricole.
Renforcement des actions de dépistage

Les nombreux cas de cancer de la peau chez les agriculteurs n'ont pas échappé aux responsables de la prévention de la MSA. « Nous participons chaque année à la journée de dépistage interrégimes », rappelle Franck Chabut, responsable de la prévention des risques professionnels. La caisse des Alpes du Nord a été plus loin en 2015 en organisant des journées de dépistage supplémentaires à Saint-Marcellin et Vienne. « Nous avons eu 37 visites et détecté 7 lésions qui méritent un suivi », précise Denis Martin, responsable du contrôle médical, dentaire, de la prévention et de la gestion des risques. Une action qui pourrait être étendue à d'autres départements rhônalpins en 2016. La MSA participe également à des campagnes nationales de dépistage pour d'autres cancers, notamment du colon et du sein, chez les plus de 50 ans. « Mais seulement une femme sur deux y participe en moyenne », regrette Christel Garcia, responsable du pôle administratif contrôle médical à la MSA Ain-Rhône. Par ailleurs, un programme test de détection du cancer du col de l'utérus réalisé l'an passé en Isère sera amplifié cette année.
Améliorer les conditions
de travail
Plus généralement, la politique de prévention de la MSA repose sur des rendez-vous réguliers « Les instants santé », qui permettent notamment de convier les adhérents n'ayant pas consulté de médecin depuis deux ans. Car, traditionnellement, les agriculteurs tardent avant de se rendre chez le praticien. L'organisme de protection sociale a fait de la santé « morale » une autre de ses priorités. « Les agriculteurs connaissent un taux de suicide supérieur de 25 % à la moyenne », rappelle le docteur Jean-Marc Thibaudier. La MSA travaille sur la libération de la parole mais aussi la réduction de la pénibilité du travail pour générer moins de fatigue et donc un meilleur moral. « Nous faisons y compris de la prévention dite primaire, rajoute Franck Chabut, c'est-à-dire directement avec les fabricants de matériels pour que les outils soient les plus adaptés, les plus faciles d'usage. » Mais il n'est pas toujours simple de l'imposer aux agriculteurs. « Il existe par exemple des systèmes qui permettent à un viticulteur de tailler ou d'épamprer assis. Certains le rejettent car travailler assis ne correspond pas à leur vision du métier. » La politique de prévention s'avère donc une stratégie globale qui intègre également les éléments de la vie quotidienne : un bon sommeil, une bonne alimentation et la pratique d'une activité sportive font partie des solutions pour entretenir son capital santé répètent inlassablement les spécialistes de la prévention. 
D. B.

 

Maladies professionnelles  : une hausse modérée mais régulière

Un patient atteint d’une pathologie peut faire un dossier de reconnaissance en maladie professionnelle. L’organisme de sécurité sociale a la charge d’instruire le dossier et de reconnaître, ou non, l’origine professionnelle de la maladie. Si l’affection est inscrite dans un tableau de reconnaissance de maladies professionnelles, elle est systématiquement présumée d’origine professionnelle si elle répond aux conditions médicales, professionnelles et administratives inscrites à l’un de ses tableaux. La victime n’a pas à apporter la preuve qu’il existe un lien entre son travail et sa maladie. Par exemple, si une personne a manipulé professionnellement de l’arsenic pendant plus de 10 ans et déclare un cancer du poumon moins de 40 ans après sa dernière exposition à l’arsenic, ce cancer sera systématiquement reconnu d’origine professionnelle car toutes les conditions du tableau sont remplies. Lorsqu’une ou plusieurs conditions du tableau de maladies professionnelles ne sont pas remplies (durée de l’exposition, etc.), c’est le CRRMP (Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles), composé d’experts médicaux, qui établit, ou non, le lien de causalité essentiel et direct entre la maladie professionnelle caractérisée et le travail habituel. De la même manière, une maladie non désignée dans un tableau de maladies professionnelles­­­­ peut faire l’objet d’une étude par le CRRMP en cas de demande d’un affilié.
Les maladies professionnelles agricoles reconnues sont listées dans 67 tableaux. On y retrouve des pathologies telles que : hémopathies malignes, les affections chroniques du rachis lombaire, la maladie de Lyme ou le tétanos. Depuis un décret du 4 mai 2012, la maladie de Parkinson provoquée par les produits phytosanitaires est également reconnue officiellement comme maladie professionnelle. « Les maladies professionnelles en agriculture connaissent une hausse modérée mais régulière », note Franck Chabut, responsable prévention des risques professionnels à la MSA Alpes du Nord. « C’est une conséquence à la fois de l’intensification du travail et de l’allongement de la durée de vie au travail. C’est un effet ciseaux ! » 
 

 

Aidée par la MSA Alpes du Nord, la filière reblochon fermier engage un travail collectif pour réduire la pénibilité physique et prévenir les risques sur le plan social et moral. Interview de Marie-Louise Donzel, Massif des Aravis (Haute-Savoie), la présidente de l’Union des producteurs de reblochon fermier.

En route vers une qualité de vie en agriculture

 

Pouvez-vous nous parler de la filière reblochon fermier ? Quelles difficultés rencontrez-vous ?
Marie-Louise Donzel : « La fabrication fermière est très exigeante sur le plan qualitatif et le métier est de plus en pointu techniquement. Dans le même temps, les prix de vente du marché ne progressent pas. La charge de travail et administrative est lourde. Beaucoup de producteurs ressentent de la fatigue, une certaine lassitude face à l’avenir. C’est ce que révèle un questionnaire que nous avons lancé en décembre auprès des agriculteurs du massif des Aravis. Les premiers résultats confirment nos impressions de terrain. La filière reblochon AOP a donc décidé d’engager une action collective, avec la MSA Alpes du Nord et la chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc, pour aider les agriculteurs à repenser leur organisation du travail et améliorer leur qualité de vie ».

Quelles actions peuvent être menées ?
M-L. D. : « Sur le plan physique, deux fermes sont en cours d’étude pour évaluer l’ergonomie du métier de producteur de fromages fermiers. Les premiers résultats confirment des conditions de travail difficiles et répétitives. Par l’innovation technique, de nombreuses tâches peuvent être allégées, comme la traite par rail ou sur l’alimentation du troupeau. Nous allons proposer des diagnostics personnalisés aux exploitations qui le souhaitent, avec un regard extérieur sur les pratiques et des préconisations par des spécialistes en pénibilité. En repensant son organisation et en priorisant ses activités, des marges de manœuvre peuvent être dégagées pour diminuer la charge et améliorer son efficacité au travail, sans pour autant réduire son revenu. Revaloriser le prix du fromage et faire rémunérer les multiples fonctions sociétales et environnementales de l’agriculteur sont très importants pour le moral des producteurs, la santé des entreprises et le maintien de l’AOP. Nous nous battons toute l’année pour cela. Les agriculteurs ont aussi besoin de trouver du temps pour souffler un peu, se détendre, préserver leur santé et le consacrer notamment à la vie familiale. Le salariat, le remplacement, grâce à des groupements d’employeurs et des salariés bien formés, est à promouvoir. Déléguer une partie du travail permet de rompre l’isolement qu’induit notre métier très prenant pour se sentir mieux dans sa tête et dans la société qui nous entoure ».

Pouvez-vous préciser le calendrier de mise en œuvre de ces actions ?
M-L. D. : « Début février, nous allons réceptionner la restitution de l’étude et les résultats complets du questionnaire. Un groupe de travail sera alors constitué pour établir un plan d’action et suivre sa mise en œuvre. Le nouveau Pida 2015-2018* signé avec la Région soutient financièrement ce travail collectif. C’est un enjeu fort pour l’attractivité de la filière ». 
Propos recueillis par B. C .

*Pida : programme intégré de développement agricole.