C'est un projet de longue haleine qui devrait aboutir au début de l'été 2020 : le chantier relatif à la substitution de l'alimentation du réseau d'irrigation du territoire d'Allex-Montoison dans le bassin versant de la rivière Drôme par le fleuve Rhône est en cours. Sa mise en service est estimée, ou tout du moins espérée, pour le mois de juin 2020. Ce projet vise tout d'abord à diminuer de 15 % les prélèvements dans la rivière Drôme et ses affluents, qui souffre d'étiages sévères en période estivale, en moyenne trois années sur quatre. La totalité du bassin versant est classée en zone de répartition des eaux (ZRE) depuis 2010, ce qui signifie qu'il y a une insuffisance quantitative des ressources en eau récurrente par rapport aux besoins. En effet, près de 90 % des prélèvements en eau de surfaces et en nappes d'accompagnement de la Drôme sont destinés à l'irrigation des terres agricoles, représentant plus de 8 millions de mètres cubes. Malgré les mesures adoptées au cours des deux dernières décennies, avec la création de la réserve du Juanon en 2003 et les économies d'eau réalisées par les irrigants qui ont permis de réduire les prélèvements de 40 à 15 %, il devenait indispensable de trouver de nouvelles solutions pour s'affranchir des prélèvements dans la rivière.
En 2012 donc, un projet d'alimentation en eau d'irrigation du réseau d'Allex-Montoison a été lancé par le syndicat d'irrigation drômois (Sid), dont l'une des missions consiste à la construction de nouveaux équipements pour l'irrigation. Le Sid a ainsi pu travailler en collaboration étroite avec l'organisme unique de gestion collective des prélèvements agricoles, le Sygred.

Un maillage pour soulager la Drôme

Ce projet qui a longuement évolué : à l'origine, il était question de faire transiter l'eau du Rhône vers le réseau d'Allex-Montoison par le réseau d'Etoile-Livron. Il a finalement été décidé, pour une meilleure sécurité du réseau, de se diriger vers une alimentation du territoire d'Allex-Montoison indépendante.
Ainsi, le 10 février, Bernard Vallon, président, et Sophie Lasausse, directrice du Sid, ont reçu Hugues Moutouh, préfet de la Drôme, Patrick Vieillescazes, secrétaire général de la préfecture, et Camille de Witasse-Thézy, sous-préfète de Die, pour une visite du chantier débuté il y a quelques semaines. Le haut fonctionnaire, très impliqué dans les dossiers du monde agricole, a salué le travail effectué pour dynamiser les territoires drômois. Car, en dehors de préserver la rivière Drôme, l'aboutissement de ce projet aura des conséquences fortes pour le milieu agricole.

Maintenir une agriculture dynamique

« Le projet d'alimentation vise également à permettre le maintien d'une agriculture dynamique et compétitive. Pour les irrigants, cette substitution constituera une sécurité car ils ne seront plus soumis ni à la réduction des volumes prélevables ni aux restrictions en période de sécheresse sur la rivière Drôme », a indiqué le Sid. A noter, l'autorisation de prélèvement dans le Rhône a été délivrée par arrêté préfectoral le 17 août 2017.
Si l'irrigation est la condition sine qua non du maintien de l'agriculture dans la vallée de la Drôme, « cette alimentation directe permettra de substituer en moyenne 1,3 millions de m3 par an », a annoncé Alain Gallice, directeur technique des exploitations au Sid. Près de cinq kilomètres de tuyaux seront posés pour permettre le raccordement, sur la commune d'Etoile-sur-Rhône, entre les stations de pompage de production (station de la Poulatte) d'une capacité de 2 200 m3/h et de distribution (station des Roussons) d'une capacité égale.
En revanche, ce nouveau réseau d'alimentation en eau permettra d'irriguer les parcelles situées dans la vallée de la Drôme, jusqu'à Crest nord. « On peut cependant regretter que ce réseau ne permette pas d'alimenter Crest sud. Il faudra trouver d'autres solutions à cet égard », a souligné Bernard Vallon. Une déclaration appuyée par le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh.
Pour un projet global de près de 7,5 millions d'euros, le syndicat d'irrigation de la Drôme a pu compter sur le soutien financier de l'Agence de l'eau, du conseil départemental de la Drôme, du fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) ainsi que de la compagnie nationale du Rhône (CNR). 

Amandine Priolet