Retour d'expérience sur l'épisode neigeux

Le 6 décembre à Valence, le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh, a organisé une première réunion « retour d'expérience » sur la neige des 14 et 15 novembre. Y étaient conviés les forces de l'ordre, pompiers, principaux opérateurs chargés des réseaux d'électricité, de téléphonie, syndicats des eaux, services de l'Etat, service des routes du Département, transports scolaires, communautés de communes touchées, parlementaires... Une deuxième réunion avec les communes et intercommunalités était programmée ce 11 décembre.
Objectif de ces rencontres : tirer des leçons pour mieux préparer la survenue d'évènements climatiques d'une telle ampleur. « Un exercice utile et indispensable pour se parler franchement sur les réussites, les dysfonctionnements et dégager des pistes d'amélioration », a commenté le préfet à l'issue de la première réunion. Il a rappelé trois chiffres éloquents : 186 communes concernées par cette crise « sans précédent compte tenu de la densité de la neige » ; deux tonnes de neige sur les lignes électriques entre deux poteaux en de nombreux endroits ; près de 100 000 foyers touchés par des coupures d'électricité.
« Une crise historique »
Le 6 décembre, un point a été fait sur les flux routiers, réseaux d'électricité et de téléphonie. Si Enedis et Orange ont participé à la réunion, d'autres opérateurs invités ne sont pas venus. Le préfet l'a regretté « car c'est une crise historique, gigantesque ». En revanche, il a salué pour leur action les services de l'Etat, maires, élus, dont les députées Emmanuelle Anthoine et Célia de Lavergne qui ont été « de précieux relais pour pêcher les informations » lorsque les axes de communication étaient coupés.
Célia de Lavergne a assuré de son « engagement total au niveau national pour avoir le meilleur retour d'expérience sur la crise ». Emmanuelle Anthoine a rappelé avoir interpellé le gouvernement à ce sujet et, à la réunion en préfecture, a questionné Enedis sur son action et sa réactivité mais aussi formulé (et réitéré) ses inquiétudes sur le réseau Orange. Toutes deux ont souligné l'importance de retirer des enseignements de ces intempéries afin de mieux anticiper et gérer ce type d'épisodes climatiques.
Enedis : « plusieurs années de reconstruction »
Emmanuelle Anthoine a aussi salué le rôle joué, pendant cette crise, par la directrice territoriale Drôme-Ardèche d'Enedis, Jeanine Doppel : « Elle a été un interlocuteur sur lequel on a pu compter ». Vu les impacts de la neige sur le réseau d'électricité, « nous avons plusieurs années de reconstruction devant nous, a confié à son tour Jeanine Doppel. Cette crise a mis à jour des faiblesses. La communication en est une, nous devons y travailler. Lors de cette réunion en préfecture, chacun a pu apporter un bout de savoir pour faire mieux demain, rendre le réseau plus résilient. J'espère qu'on en retirera du positif et que les mauvais moments sont derrière nous ».
Orange : « plusieurs mois de réparations »
Côté téléphonie, « nos équipes sont à pied d'œuvre », a indiqué le délégué régional d'Orange, Philippe Daumas. En raison des coupures de courant, l'opérateur a d'abord privilégié le rétablissement de son réseau mobile. Les réparations du réseau fixe et d'internet ont commencé après. Le 6 décembre, il n'était pas encore rétabli pour 3 500 foyers : deux tiers dans la Drôme, l'autre en Ardèche. « L'impact sur les lignes terminales(*) est considérable. 1 500 poteaux doivent être remplacés. Les réparations dureront plusieurs mois », a prévenu Philippe Daumas. Il a d'ailleurs appelé les abonnés à élaguer les arbres sur leur terrain. Il a aussi annoncé une indemnisation en fonction du nombre de jours de coupure. Les clients concernés doivent se signaler auprès de l'opérateur.« Pour ceux encore coupés du téléphone aujourd'hui, a-t-il précisé le 6 décembre, l'indemnisation se fera automatiquement ».
Un « kit de crise », plus de réactivité
L'une des leçons que tire le préfet de cette crise exceptionnelle, « c'est d'améliorer la communication » lorsque électricité, téléphones fixes et mobiles, internet ne fonctionnent plus. Dans de telles situations, il estime essentiel que les Drômois soient équipés d'un « kit de crise » constitué d'une lampe de poche, de bougies et surtout d'un transistor (poste radio à piles) pour rester informés, recevoir les conseils donnés à la population. Quant aux opérateurs des réseaux d'électricité et de téléphonie, tout en reconnaissant leur engagement et le professionnalisme de leurs agents sur le terrain, le préfet pense « qu'à l'avenir, ils devront peut-être se montrer encore plus réactifs et intervenir plus massivement dès le début de la crise ».
Annie Laurie
(*) Ligne terminale : segment entre l'abonné et le réseau général.