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ADVENTICES

Réussir le désherbage mécanique de son maïs

Si la maîtrise des adventices se réfléchit d'abord à l'échelle de la rotation, du travail du sol et des pratiques culturales, la réussite de la culture du maïs passe aussi par une bonne gestion des opérations de désherbage mécanique. Le point sur les différentes interventions possibles pour limiter l'impact de l'enherbement sur cette culture.
Réussir le désherbage mécanique de son maïs

L'efficacité des opérations de désherbage mécanique passe tout d'abord par une bonne préparation du sol. Les interventions seront optimisées par un lit de semence fin, nivelé, rappuyé et avec un minimum de résidus végétaux en surface.
Bien maîtriser l'herbe dès le départ
Il est essentiel de maîtriser les adventices le plus tôt possible notamment sur le rang, et donc de privilégier les outils de désherbage « en plein » au démarrage. Le passage en plein intervient en général jusqu'au stade 4-5 feuilles de la culture. Plusieurs matériels peuvent être utilisés .
La herse étrille peut intervenir en prélevée ou à partir du stade 2 feuilles du maïs. Elle agit sur les adventices grâce à la vibration de ses dents qui met en surface les herbes au stade filament ou jeune, sans arracher la culture en place. Pour un stade plus avancé des adventices (> 4 feuilles), l'outil sera moins efficace. Notez qu'on aura toujours une meilleure efficacité en mettant la priorité sur l'agressivité plutôt que sur la vitesse.
La houe rotative. Elle fonctionne avec des dents incurvées en forme de cuillère, sans réglage. La machine travaille à 2-3 cm de profondeur à grande vitesse : 14 à 18 km/h selon les marques et le poids de l'outil. La houe doit intervenir tôt, au stade filament ou cotylédon des adventices. En bonnes conditions, l'efficacité est de plus de 95 %. Mais celle-ci chute fortement sur des stades plus avancés (65 % à 2 feuilles, 35 % à 4 feuilles). En semis profond du maïs, il est possible d'intervenir au stade maïs pointant ou allumette.
Le passage en plein peut aussi se faire avec une bineuse équipée de doigts Kress, mais avec un débit de chantier bien plus important qu'avec la houe ou la herse.
Des témoignages de terrain
Nicolas Zimerli, céréalier bio à Thil (Ain), confirme la nécessité de ces passages précoces : « J'essaye toujours de passer la herse étrille le plus tôt possible. Ayant attendu le 10 mai pour semer mes maïs en 2018, je n'avais pas hésité à mettre les graines à 5 cm de profondeur. J'ai ainsi pu réaliser un passage de herse étrille en prélevée 4-5 jours après le semis, en grattant le sol sur 2 cm environ sans casser les germes du maïs. Cette intervention donne une première longueur d'avance au maïs sur les adventices ». Ce passage à l'aveugle s'effectue en général à vitesse élevée. « Puis j'ai réalisé un second passage de herse étrille au stade 3-4 feuilles du maïs à vitesse réduite, environ 3 km/h. Les graminées étaient au stade 2 feuilles dans les parties argileuses et déjà au stade début tallage dans les limons. J'ai utilisé un réglage d'agressivité intermédiaire qui m'a permis de ne pas casser les maïs tout en étant relativement efficace sur les adventices ».
Nicolas Blachot, polyculteur à Vourey (Isère) en agriculture biologique (AB) depuis 1999, témoigne de l'intérêt de disposer à la fois d'une houe rotative et d'une herse étrille pour le démarrage de la culture : « Le semis de mes 20 ha de maïs s'échelonne à partir de mi-mai.
Je n'ai jamais réalisé de passage en prélevée. Le maïs est semé à 2,5 cm maximum car j'ai peur de la battance. Je réalise en moyenne deux passages de herse étrille ou houe rotative, à partir du stade 3 feuilles. Avant ce stade, un maïs qui serait recouvert de terre ne survivrait pas. J'attends des sols ressuyés et l'annonce d'un créneau météo de deux jours de beau temps suite à l'intervention. Généralement, je privilégie la herse étrille. Toutefois au premier passage, je choisis l'usage de la houe rotative lorsque le sol est battant. Il peut y avoir un passage successif de houe rotative et de herse étrille si nécessaire. Ainsi, disposer d'une houe rotative de 3 m me suffit compte tenu de la vitesse de passage rapide : 14 km/h. Ma herse étrille de marque Einbock dispose d'un réglage hydraulique. Un point fort de ce matériel est l'équipement d'écrous avec caoutchouc pour la fixation des dents, qui la rend résistante. Il faut noter que la herse nécessite plus de réglages, notamment le compromis entre agressivité des dents et vitesse. C'est pourquoi je vérifie régulièrement l'efficacité de mon travail en descendant du tracteur. »

Concultez les différents stades de passage en cliquant ici
La bineuse pour gérer l'inter-rang
« En général, deux binages suivent ces passages en plein, le second étant associé au buttage de la culture, poursuit Nicolas Blachot. J'utilise les protège plants pour mon premier passage. Ils sont relevés au second. Je ne les ai jamais enlevés, même si je vérifie qu'ils n'abîment pas trop la culture. Pour moi ce sont les binages qui sont les plus contraignants car fatigants. Aujourd'hu,i avec 40 ha de cultures de printemps, je réfléchis à investir dans un système de guidage ou pourquoi pas à une bineuse frontale. » À ce sujet Nicolas Zimerli est catégorique : « Pour rien au monde je ne binerais avec une bineuse arrière sans guidage caméra ! J'ai fait le choix d'une bineuse frontale car son coût d'achat est moins élevé qu'un système de guidage. Je passe en général 2 à 3 fois à partir du stade 4-5 feuilles du maïs en augmentant progressivement la vitesse pour ramener de la terre sur le rang.
Je suis satisfait du travail fourni même si je reconnais que l'attelage frontal requiert davantage d'attention et génère une plus grosse fatigue en fin de journée ». 
Catherine Venineaux et David Stephany, conseillers techniques polyculture-élevage à l'ADABio
(groupement des producteurs bio de l'Ain, Isère, Savoie, Haute-Savoie).

 

Désherbage mécanique / Les conditions d’intervention

- Conditions sèches et sol bien ressuyé.
- Passage aux heures les plus chaudes de la journée, idéalement entre 11 h et 17 h pour avoir le soleil en position haute dans le ciel, sans rosée.
- Intervenir l’après-midi, les maïs sont moins cassants que le matin,
- Au moins 2 jours de temps sec après l’intervention.
- Changer le sens de travail à chaque intervention pour avoir des angles, d’attaque différents sur les adventices.
 

Désherbage / Des outils d’aide à la décision

Le réseau des groupements de producteurs bio de Bretagne a conçu et développé deux outils d’aide à la décision, dédiés au désherbage et adaptés à tout type d’agriculture.
«Opti’maïs », pour optimiser le désherbage alterné des producteurs conventionnels et le désherbage mécanique en bio. Véritable guide technique, Opti’maïs propose des conseils techniques et un carnet pour réaliser ses propres observations sur les parcelles et prendre la bonne décision d’intervention ou de non-intervention, en fonction des adventices présentes, de leur développement, du stade de maïs et des outils de désherbage disponibles. Ce guide permet le transfert des pratiques bio aux agriculteurs conventionnels dans les meilleures conditions possible. Il s’utilise avec l’accompagnement d’un technicien formé à cet outil.
« Optimat», pour accompagner les
agriculteurs dans leur stratégie de désherbage mécanique, en combinant plusieurs volets pour trouver l’outil et la stratégie la plus adaptée à chaque ferme : un guide technique (points forts et points faibles des outils disponibles), un outil d’aide à la décision et des fiches techniques (matériel, cultures...) 
Ces deux outils, développés notamment avec le soutien de l’État et de l’agence de l’eau Loire Bretagne, et les formations qui les accompagnent peuvent être commandés auprès du réseau des groupements de producteurs bio de Bretagne Frab/Gab sur www.agrobio-bretagne.org