Réussir sa reconversion avec un CQP

Changer d'activité, et pourquoi pas ? Cette idée a sans doute effleuré l'esprit de nombreuses personnes. Les motivations sont diverses et variées : s'épanouir dans un nouveau secteur ; envie de changer, d'une autre qualité de vie, etc. Mais entamer une nouvelle carrière professionnelle ne s'improvise pas du jour au lendemain et se prépare. L'acquisition de nouvelles compétences est essentielle, tout comme la motivation. Depuis une dizaine d'années, la MFR d'Anneyron dans la Drôme forme de futurs ouvriers viticoles grâce à une certification de qualification professionnelle, plus communément appelée « CQP ». Jean-Luc Gache, originaire de Félines (Ardèche), a obtenu son diplôme fin décembre 2017. Il a eu auparavant une vie professionnelle bien remplie. Pendant 25 ans, il a occupé un poste de technicien de laboratoire dans le secteur automobile.
De l'auto à la vigne
« Je n'avais aucune compétence en viticulture. Avant de suivre le CQP, j'avais aidé un ami sur son exploitation, histoire de voir. Cette formation a été une super expérience, j'ai appris beaucoup de choses, à commencer par les différentes tailles », explique-t-il. Aujourd'hui, il est heureux. Et ce, même s'il n'est qu'en Tesa et que son salaire a connu une baisse de 400 à 500 euros par mois. Il espère toutefois trouver un emploi dans un petit domaine.
D'anciens stagiaires témoignent de leur nouvelle vie professionnelle. Certains d'entre eux occupent divers postes au sein de grands domaines, comme tractoristes ou même chefs d'équipe. Du côté des employeurs, selon Sébastien Baillon, chef de culture chez Jaboulet, la rémunération de ses stagiaires peut être un peu au dessus du Smic. Elle va aussi dépendre de l'expérience, du bagage professionneldu salarié.
Du CQP à la reprise d'une exploitation
Le CQP peut aussi mener à la reprise d'une exploitation. Sylvain Liotard, âgé de 41 ans, a fait partie de la promotion 2013-2014. « J'étais menuisier ébéniste depuis 1996. Suite à la liquidation de mon entreprise, j'ai décidé d'entamer une nouvelle carrière en agriculture, et plus précisément en viticulture. Je suis un manuel : je fabrique, je transforme... c'est dans mon ADN. Le métier de vigneron me permettait de maîtriser la qualité d'un bout à l'autre, de la production du raisin, en passant par la vinification du vin et en terminant par la commercialisation », raconte-t-il. Mais encore fallait-il être formé. Sa seule expérience viticole consistait à ouvrir des bouteilles et ses autres diplômes (un Bafa, CAP/BEP micro-technique, un bac STI génie mécanique option micro-technique, un CAP ébéniste ou encore un BEP menuiserie) ne pouvaient lui être d'aucun secours. Sylvain Liotard est, depuis le 1er janvier 2017, à la tête d'une exploitation viticole en Isère. En termes de savoir, il estime en tout cas avoir réussi sa reconversion, même si l'activité reste incertaine économiquement. « Le CQP m'a donné des bases solides et j'ai pu continuer mon apprentissage correctement jusqu'à aujourd'hui. Je suis heureux chaque jour de ce que je fais, je suis en route vers un bel épanouissement », poursuit-il.
A. T.
Focus sur les CQP
Les certificats de qualification professionnelle (niveau IV) sont des certifications nationales de branche créées et délivrées par les Commissions paritaires nationales de l’emploi (CPNE). Il s’agit de formations mises en place pour répondre aux besoins exprimés par les entreprises. Le CQP « ouvrier qualifié de l’exploitation viticole » vise ainsi à former aux techniques pratiquées sur les exploitations viticoles régionales et acquérir les connaissances nécessaires pour occuper ce poste (travail du sol, conduite du vignoble, etc.).
Le CQP s’adresse aux salariés en poste – qui souhaitent devenir davantage performants, aux futurs salariés dans le cadre du contrat de professionnalisation et aux demandeurs d’emploi. Le Fafsea (Fonds national assurance formation des salariés des exploitations et entreprises agricoles) peut mobiliser différents dispositifs pour financer l’accès à cette formation.