Rotation : la lentille, une légumineuse qui ne manque pas d'intérêt !

Le principal intérêt des légumineuses est leur capacité à fixer l'azote atmosphérique via une association symbiotique avec certaines bactéries du sol au sein de nodosités racinaires, ce qui permet d'amener de l'azote dans le système et de limiter les apports de fertilisation à l'échelle de la rotation.
Les principaux points de vigilance
La lentille est sensible à l'aphanomycès, un champignon qui se conserve dans le sol et s'attaque aux racines des légumineuses. Pour limiter le risque, il est important de respecter un délai de 4 à 5 ans minimum entre deux légumineuses en pur. Selon Emmanuel Volle, agriculteur bio et expert sur le sujet, « l'optimum serait un délai de retour de l'ordre de 10 ans, tout en gardant à l'esprit que c'est difficilement réalisable ». Si l'aphanomycès est très lié au délai de retour des légumineuses, d'autres facteurs entrent aussi en compte tels que le type de sol (un sol calcaire est moins réceptif), la contamination initiale, les conditions climatiques de l'année ou le stade de la culture au moment de l'attaque.
La gestion des adventices
La gestion des adventices est le point délicat de la culture. Il vaut mieux implanter des lentilles sur des parcelles laissées « propres » d'un point de vue des adventices, les solutions de désherbage étant limitées par la suite.
En cas de carence en bore, les rendements pourraient être impactés. Des essais ont montré que les carences en bore pouvaient diminuer de manière non négligeable les rendements. Une analyse de sol est conseillée en amont de la culture pour adapter la fertilisation.
La moisson, une étape à ne pas prendre à la légère
La moisson, bien que faisant appel à une moissonneuse à céréales classique, nécessite quelques précautions. La moissonneuse-batteuse doit être équipée de doigts releveurs rapprochés et doit être bien réglée. Prévenir votre prestataire en amont et être présent à la récolte. Prévoir aussi un temps pour nettoyer la machine avant et après moisson, par aspirateur ou en versant de la sciure de bois. Le pré-nettoyage juste après récolte est très important, afin d'enlever grossièrement les impuretés et de conserver la lentille dans de bonnes conditions avant le tri complet. Il peut se faire avec les mêmes outils que pour trier-nettoyer les céréales.
Que faire contre la bruche ?
La bruche est un coléoptère dont la lentille (et d'autres légumineuses) est la plante hôte. L'adulte sort de la graine durant le stockage. En agriculture biologique, le principal moyen pour les détruire est la congélation durant 25 jours à - 20°C. Il existe aussi d'autres méthodes moins développées et plus coûteuses telles que les systèmes d'atmosphère contrôlée.
A visualiser l'itinéraire technique un premier essai
Gaëlle Caron (Ardab), Romain Coulon (Bio63) et Clément Rousseau (Haute-Loire biologique)
Les débouchés possibles
La vente directe : demande importante et bonne valorisation mais prendre en compte le temps de vente et de préparation (congélation, ensachage 500 g ou 1 kg sauf si vente en vrac).
Circuits courts : demande importante, souvent en lien avec des magasins de producteurs ou plateformes locales. Valorisation variable. Le tri et la congélation ainsi qu’un ensachage en sac de 25 kg (ou moins) reste à la charge du producteur.
Circuits longs : demande importante de la plupart des opérateurs économiques du territoire. Seul le pré-nettoyage est à la charge du producteur.