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Ecole nationale supérieure de sécurité sociale

Saint-Étienne, trait d'union des cadres dirigeants de la Sécurité sociale

Depuis 1978, l’École nationale supérieure de Sécurité sociale (EN3S) est implantée à Saint-Étienne. En janvier, l’établissement accueillera les élèves de la 55e promotion, qui ambitionnent de devenir les futurs cadres dirigeants des organismes de Sécurité sociale.
Saint-Étienne, trait d'union des cadres dirigeants de la Sécurité sociale

Les cadres dirigeants de la Sécurité sociale partagent au moins un point commun : Saint-Étienne. C'est effectivement dans la Loire que se trouve l'École nationale supérieure de Sécurité sociale (EN3S), dont sort une centaine de diplômés chaque année. Depuis 1978, le quotidien de cet établissement, qui dépend du ministère des Affaires sociales et de la Santé, se joue 27 rue des Docteurs-Charcot, au sud de la ville. Sa création remonte à 1960, époque à laquelle ses locaux se trouvaient à Paris sous l'appellation Centre d'études supérieures de sécurité sociale (CESSS). En 1977, celle-ci a évolué en CNESSS (N pour national) avant de prendre sa forme définitive il y a onze ans. « Notre métier premier consiste à préparer les jeunes diplômés ou les salariés aux métiers de cadre dirigeant (directeur, directeur adjoint, agent comptable, etc.) des différents régimes (général, agricole, travailleurs indépendants, etc.) », détaille Christophe Beaudouin, directeur adjoint.

La 54e promotion de l’EN3S a débuté son cursus en janvier dernier et quittera l’école l’an prochain.
Deux voies, dotées chacune de 28 places, permettent d'intégrer l'établissement en formation initiale. Le concours externe (793 candidats en 2015) est ouvert aux titulaires d'un Bac +3, « mais 95 % des personnes qui s'y présentent sortent d'un institut d'études politiques (IEP) ou d'un master 2 de Droit ». Le concours interne, lui, est destiné au personnel des organismes de protection sociale jouissant déjà d'un niveau de cadre et d'au moins quatre années d'ancienneté (141 candidats). L'EN3S accueille, par ailleurs­, 40 élèves au sein du cycle court Cap dirigeants, destiné aux cadres du service public de Sécurité sociale et des agences régionales de santé présentant une expérience professionnelle particulière. Chaque mois de janvier, une nouvelle promotion entame un cursus de 18 mois : « L'épine dorsale des enseignements repose sur trois piliers : acquérir une posture de cadre dirigeant, les enjeux de pilotage et de performance d'un organisme (ressources humaines, finance, contrôle qualité, relation client, etc.), connaître et être acteur des politiques publiques afin de réfléchir à celles qu'ils seront amenés à mettre en œuvre ou à définir avec le ministère. »

Des particularités

L'une des particularités réside dans l'absence de professeurs. « Les cours sont dispensés par des professionnels, des universitaires, des spécialistes, des consultants en développement personnel. Nous accueillons plus de 360 intervenants par an », indique Christophe Beaudouin. Définis par l'EN3S « en lien étroit avec les caisses nationales », les programmes sont « réadaptés chaque année ». Une période de stage supplémentaire, axée sur la relation client, va ainsi faire son apparition. « On observe une automatisation de tâches face à un public nombreux mais, en même temps, une forte demande de personnalisation de la relation car les situations individuelles sont complexes et ne trouvent pas toujours de réponse dans le numérique, observe Christophe Beaudouin. Cela se joue dans un contexte de contrainte budgétaire très forte qui est de la responsabilité des managers, avec un climat social et une gestion en interne des agents, qu'il faut notamment accompagner dans le changement, comme la fusion des réseaux » (à l'image du regroupement des caisses MSA de l'Ardèche, de la Drôme et de la Loire). La présence d'une telle institution à Saint-Étienne peut surprendre. Si cette ville ne jouit pas de la même image que d'autres comme Paris, Bordeaux (École nationale de la magistrature) ou Rennes (École des hautes études en santé publique), Christophe Beaudouin assure qu'elle ne constitue pas un frein à l'attraction de l'EN3S : « Avec l'ASSE, les actions culturelles, le design... la ville possède de plus en plus d'atouts. Et puis les avantages sont suffisamment convaincants, en particulier la rémunération des élèves pendant la scolarité, de bonnes conditions matérielles avec des hébergements à proximité et, surtout, un recrutement quasi-certain en fin de cursus. 50 % de nos diplômés occupent en effet un poste d'agent de direction trois ans après avoir quitté l'école. » 

Franck Talluto

 

Mais aussi … de nombreuses activités
Outre le cursus de formation initiale des futurs cadres dirigeants de la Sécurité sociale, l’École nationale supérieure de Sécurité sociale (EN3S) propose d’autres cycles de formations diplômantes et une activité de formation continue. Recherche et publication d’ouvrages à caractère scientifique font également partie de son quotidien. Tout comme la coopération internationale, à savoir « la formation de cadres et dirigeants de la protection sociale dans le monde entier ou l’accompagnement de projets locaux », comme en Chine.
Autre mission importante : la promotion de la protection sociale auprès du grand public, en communiquant sur ses missions, ses valeurs. Des actions sont ainsi menées en lien avec les élèves, aboutissant par exemple au lancement du jeu de société Le Défi de la Sécu ou à la mise en place de journées portes ouvertes, initiées à Saint-Étienne et actuellement étendues à toute la France à l’occasion des 70 ans de la Sécurité sociale. Dans cette même logique, l’EN3S gère l’Institut des hautes études de Protection sociale (IHEPS). À Paris, cette structure vise à « promouvoir la culture de la protection sociale et sa diffusion auprès des leaders d’opinion d’origine professionnelle variée (élus, journalistes, partenaires sociaux, DRH d’entreprise, etc.) ». 

Interview / Directeur général de la MSA Ardèche Drôme Loire, Dominique Gential a fréquenté l’EN3S entre 1982 et 1984.

“ Une diversité extrêmement enrichissante ”

Dominique Gential, directeur général de la MSA Ardèche Drôme Loire, a fréquenté l’EN3S entre 1982 et 1984.

Que retenez-vous de vos années à l’EN3S ?
Dominique Gential : « J’ai pu côtoyer des personnes venues de toute la France et même d’Afrique francophone, puisqu’à l’époque le Centre ivoirien de formation des cadres de la Sécurité sociale (Cifocss, à Abidjan) n’existait pas encore. La mixité se retrouve aussi dans la diversité des profils : pour les internes, dont certains ont une quarantaine d’années et travaillent déjà dans des organismes de Sécurité sociale, il n’est pas forcément simple de quitter sa famille pour s’installer à Saint-Étienne, revenir sur les bancs de l’école et côtoyer des jeunes de 23, 24 ans. Il peut y avoir un décalage de maturité, de connaissances du monde du travail, mais ces différences sont extrêmement enrichissantes. »

La localisation d’une telle structure peut surprendre !
D.G. : « La ville est méconnue et il y a des a priori. Pourtant, en fin de cursus, tout le monde considère y avoir passé une année et demi merveilleuse, un vrai attachement se crée et c’est un atout pour Saint-Étienne. Beaucoup ont d’ailleurs l’occasion d’y revenir pour du perfectionnement ou en tant qu’intervenant, pour accompagner les consultants, être jury aux concours. Cette année, j’ai par exemple été très heureuse de retrouver un collègue de promo que j’avais perdu de vue. »

Quelle est la force de l’EN3S ?
D.G. : « La grande qualité des formations, avec un mix entre intervenants extérieurs, experts et agents de direction. Les stages sont essentiels. Tant pour les externes, afin de s’imprégner du monde du travail, que pour les internes. Bien souvent, ils ne connaissent que leur propre entreprise et découvrent alors différents organismes, branches (famille, santé, retraite) ou régimes (minier, général, agricole, etc.). »

Votre passage dans cette école vous a-t-il permis d’évoluer comme vous le souhaitiez ?
D.G. : « Oui. À ma sortie de l’EN3S, je suis retournée travailler à la MSA de la Loire durant un an et demi. J’ai ensuite postulé pour un poste d’agent comptable et j’ai pu devenir agent de direction à 30 ans. Il faut toutefois souligner que, si on veut évoluer, il est important d’être mobile. À la fois dans les branches et géographiquement. Je l’ai été puisque je suis passée du régime agricole à une caisse d’allocations familiales et j’ai quitté la Loire (Dominique Gential est originaire de Saint-Étienne). Bon, le premier déménagement n’était pas très compliqué puisque j’ai rejoint l’Auvergne et la Haute-Loire (elle rit). Cela reste tout de même un changement important dans une vie. »

Existe-t-il une association d’anciens élèves ?
D.G. : « Oui, j’en ai été un membre très actif avant de prendre du recul récemment. En dix-huit mois à Saint-Étienne, on se crée un réseau de connaissances extraordinaire, un moyen intéressant pour ensuite s’intégrer dans une entreprise. On peut aussi activer ces relations afin d’obtenir de l’information, échanger. En 2007, lorsque je suis partie travailler à Paris, en tant que directeur de la coordination du réseau à la caisse centrale de MSA, j’ai été ravie de pouvoir passer quelques soirées avec l’association des anciens élèves, qui m’a permis de retrouver des connaissances ou des connaissances de connaissances. » 
Propos recueillis par F.T.