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Agroalimentaire

Saint Jean investit 48 millions d’euros pour s’agrandir

Le groupe agroalimentaire Saint Jean - spécialisé dans la fabrication de ravioles, de produits traiteurs, quenelles et pâtes fraîches – investit 48 millions d’euros pour quasiment tripler sa capacité de production.

Par Christophe Ledoux
Saint Jean investit 48 millions d’euros pour s’agrandir
L’entrée du futur siège social de l’entreprise Saint Jean, à Romans-sur-Isère.

Entreprise emblématique du bassin romanais, le pastier Saint Jean voit grand. Et même très grand puisqu’il compte réhabiliter plus de 30 000 mètres carrés de friche pour créer une unité de production de pâtes fraîches, un nouveau siège social, des locaux techniques ainsi qu’une plate-forme logistique. Prévu jusqu’en 2023, le chantier d’agrandissement du site industriel de Romans-sur-Isère représente un investissement de 48 millions d’euros, le plus important depuis la création de l’entreprise en 1935. A terme, Saint Jean multipliera par 2,6 sa capacité de production de pâtes fraîches. « Nous misons sur une forte croissance de notre chiffre d’affaires pour atteindre 150 millions d’euros à l’horizon 2030, a expliqué le président de Saint Jean, Guillaume Blanloeil, le 8 décembre. D’ici 2030, 150 emplois seront créés grâce au projet. »

Une ambition de croissance

La crise sanitaire de la Covid-19 ne remet pas en cause le chantier dont les études ont démarré en 2018. « Le projet a pris deux mois de retard mais nous portons une vision à long terme, a confié Guillaume Blanloeil. Le marché des pâtes farcies est en croissance de 5 % par an et nous avons l’ambition de croître plus vite que le marché. » A noter, fin septembre, l’activité globale du groupe Saint Jean a progressé de 2 %.

« Nous misons sur une forte croissance de notre chiffre d’affaires pour atteindre 150 millions d’euros à l’horizon 2030, explique le président de Saint Jean, Guillaume Blanloeil. D’ici 2030, 150 emplois seront créés grâce au projet. »

Le projet d’agrandissement se veut exemplaire en matière environnementale. L’acquisition de quatorze parcelles de terrain déjà bâties, qui ont été dépolluées puis rasées, a permis de ne pas impacter les terres agricoles alentours. Les nouveaux bâtiments bénéficieront de technologies innovantes, notamment pour la production de froid, qui permettront de réaliser 40 % d’économie par rapport aux consommations actuelles. L’isolation sera renforcée et la chaleur produite sera en partie récupérée pour le chauffage des bureaux. L’électricité utilisée pour le chantier est elle aussi entièrement renouvelable. « C’est un projet vertueux sur le plan écologique », a souligné Guillaume Blanloeil. De plus, les nouveaux locaux offriront un meilleur cadre de travail aux salariés mais aussi des conditions de sécurité et de confort renforcées. « Nous avons soigné les détails avec l’objectif d’être une entreprise plus inclusive. »

Proximité géographique

Pour ce vaste chantier, Saint Jean fait appel en priorité à des acteurs locaux. « Nous avons opté pour la proximité géographique, a expliqué Guillaume Blanloeil. 33 % des entreprises sont drômoises et plus de 98 % de la valeur du chantier confiés à des sociétés d’Auvergne-Rhône-Alpes. »

Ce choix de la proximité concerne aussi la fabrication. Le président du groupe Saint Jean a ainsi annoncé de nouveaux partenariats avec des agriculteurs de la région afin d’augmenter la part des approvisionnements locaux pour les ingrédients qui composent les spécialités de l’entreprise. « En tant que pastier français, Saint Jean lance depuis des années de nombreux chantiers de relocalisation de nos productions agricoles en France ou dans la Drôme, a fait remarquer le président du groupe. Ceci pour répondre à l’attente de nos consommateurs en matière de transparence, de traçabilité. Il y a deux ans, nous avons ainsi commencé le chantier de la relocalisation du persil dans la Drôme, ingrédient emblématique de la raviole du Dauphiné. Nous mettons aussi en valeur de belles AOP ou IGP françaises comme le bleu du Vercors-Sassenage, l’Ossau-Iraty ou le beurre de Bresse incorporé dans nos dernières recettes de quenelles. C’est aussi à ce titre que nous avons fait l’acquisition, en 2020, de la société Deroux Frères (Arthemonay), notre fournisseur emblématique d’œufs depuis des années. »

« Une démarche à saluer »

Marie-Hélène Thoraval, maire de Romans-sur-Isère, s’est réjouie de ce projet d’agrandissement. « Avec conviction, vous avez fait l’effort de protéger les terres agricoles en réinvestissant des friches, ce qui a un coût supérieur à un terrain nu. C’est une démarche à saluer, a-t-elle dit dans une vidéo enregistrée lors de la pose de la première pierre du chantier, le 5 novembre. Et chaque fois que la raviole rayonne, patrimoine vivant de la ville de Romans, c’est notre territoire qui rayonne. » Dans une vidéo, Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a également félicité l’entreprise Saint Jean, « l’une des entreprises emblématiques de la gastronomie de notre région, réussissant à damer le pion aux pastiers italiens. Dans cette période difficile, vous montrez l’espoir avec l’image d’une entreprise qui investit, crée des emplois. »

Ancrage local, conquête de nouveaux marchés... Saint Jean croit à l’avenir. « Cet agrandissement est une nouvelle étape pour notre entreprise qui va permettre d’accélérer son développement et sa compétitivité, a conclu Guillaume Blanloeil. Cela tout en répondant aux enjeux environnementaux et sociétaux qui nous guident quotidiennement. »

Christophe Ledoux

Projet d’agrandissement

Projet d’agrandissement
La future usine de pâtes.

30 000 m² de friches industrielles acquis en 2019.

7 000 m² de nouveaux bâtiments (qui s’joutent au 13 000 m² existants).

22 lots pour l’appel d’offre.

48 millions d’euros d’investissement (sur fonds propres et emprunts).

4 500 m² de plateforme logistique.

7 500 m² pour une unité de production de pâtes fraîches.

2 500 m² de locaux techniques.

4 700 m² pour le nouveau siège social.

15 000 tonnes de production de pâtes fraîches (contre 5 800 aujourd’hui).

Groupe Saint Jean : chiffres clés 2019

17 800 tonnes de produits fabriqués (36 % pâtes fraîches, 31 % ravioles, 24 % quenelles, 9 % produits traiteurs).

81 millions d'euros de chiffre d'affaires (+ 10 % de croissance).

425 collaborateurs.

6 sites de production : Drôme (Romans, Bourg-de-Péage, Saint-Jean-en-Royans), Isère (Saint-Just-de-Claix), Ain (Frans).

6 marques : Saint Jean, Royans, Comptoir du Pastier (produits bio), Ravioles Truchet, La Royale, Ravioles à l'ancienne.

Numéro trois du marché des pâtes fraîches (derrière Rana et Lustucru).

Leader sur les marchés des ravioles et des quenelles.

La « Cité de la raviole » attendra

Il y a trois ans, Saint Jean annonçait la création, à Romans, d’une « Cité de la raviole », à l'image de la Cité du chocolat de Valhrona à Tain-l'Hermitage. Le projet prévoyait un espace muséographique autour de la raviole (fabrication, origine du produit, etc.), un restaurant et une boutique. « L’investissement que nous réalisons aujourd’hui est très important. C’est pourquoi, pour les équipes et les finances de l’entreprise, il faut mettre ce projet un petit peu de côté, a annoncé Guillaume Blanloeil. Mais nous le relancerons sans doute dans quelques années. »