Saisonniers : “la sécurité est primordiale ”

Quels sentiments vous inspire la directive du Premier ministre ?
Jérôme Volle : « Nous attendions cette annonce et sommes soulagés d'avoir enfin obtenu gain de cause. L'instruction qu'il avait édictée le 12 mai dernier, concernant le contrôle aux frontières, avait sciemment évité d'aborder la problématique des travailleurs étrangers saisonniers agricoles. Depuis cette annonce, ils arrivent pour nous prêter main-forte et il n'était que temps. De nombreuses récoltes, comme la cerise ou l'abricot, battent leur plein et ne pas pouvoir compter sur cette main-d'œuvre était l'assurance de voir nos récoltes et donc nos revenus mis à mal. »
Compte tenu de l'épisode Covid-19, les conditions de recrutement ont dû être ajustées. Vous paraissent-elles contraignantes ?
J. V. : « Pour être admis à entrer en France, les travailleurs saisonniers agricoles doivent être originaires de l'Union européenne. Ils doivent aussi être munis en entrant sur le territoire d'une attestation de déplacement international dérogatoire - sur le modèle proposé par le ministère de l'Intérieur - ainsi que d'une déclaration préalable à l'embauche ou d'un contrat de travail. Compte tenu du contexte, cela ne me paraît pas trop contraignant. Pour les employeurs, le vrai sujet était la quatorzaine. »
C'est-à-dire ?
J. V. : « Il n'était pas concevable que les travailleurs saisonniers étrangers viennent en France et soient confinés pendant deux semaines, sans travailler. Je pense qu'avec de telles dispositions aucun ne serait venu. C'est pourquoi il a été mis en place, à la faveur d'un protocole que nous avons signé le 11 mai avec les représentants des syndicats de salariés, une quatorzaine en activité économique. Autrement dit, pendant quatorze jours, chaque nouveau salarié doit respecter les gestes barrières, porter son masque, se mettre à distance de ses collègues pour éviter toute transmission. La sécurité de nos employés est primordiale et les employeurs devront veiller scrupuleusement à ce que ces règles soient respectées. »
Craignez-vous une deuxième vague ?
J. V. : « Je le répète : aucun relâchement sur les gestes barrières ne doit être toléré. Il en va non seulement de la survie de nos exploitations mais également de l'image de notre profession. Nous devons être exemplaires sur la dimension "sécurité sanitaire" de nos exploitations, quelles que soient nos productions, comme nous l'avons été tout le long de cet épisode sanitaire. Le monde agricole et rural n'a été que peu touché par le Covid-19. En aucun cas, nous ne voudrions être tenus pour responsables d'une deuxième vague. »