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Aviculture

Salmonelle : la députée Célia de Lavergne sensibilisée

Lors d’une rencontre sur un élevage avicole, la députée Célia de Lavergne a été sensibilisée à la problématique des salmonelles et s’est dit prête à accompagner un projet d’expérimentation de nouveaux protocoles de détection et de lutte.
Salmonelle : la députée  Célia de Lavergne sensibilisée

En 2014, 60 % du cheptel avicole de Jean-Maxime Buisson a été abattu pour cause de salmonellose. « On s'en remet à peine aujourd'hui », a-t-il confié lors d'une rencontre organisée sur son élevage de poules pondeuses (EARL du Bosquet), le 17 novembre à Bourdeaux, en présence de la députée Célia de Lavergne. Plusieurs aviculteurs, invités par Agribiodrôme, ont ainsi souhaité sensibiliser la parlementaire sur les méthodes de lutte contre la salmonellose et lui présenter le projet de deux protocoles d'expérimentation dans les élevages bio de la Drôme. Le premier sur les pratiques de lutte alternatives à l'abattage par la phagothérapie*, le second sur les méthodes de détection des salmonelles.

Des protocoles jugés « très anciens »

Jean-Maxime Buisson, également porte-parole d'Agribiodrôme, a fait part de l'envoi d'un courrier dans ce sens à l'Agence française de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), dont il attend une réponse. Il a évoqué les méthodes de détection actuelles, qui portent sur l'environnement et non sur le produit fini. « L'œuf est protégé par ses membranes et par la coquille, la bactérie présente dans l'environnement ne peut théoriquement pas le contaminer. Les recherches se font dans les fromages au lait cru et non sur la vache, a-t-il fait remarqué. Là, les protocoles sont très anciens, il faut les modifier pour que les poules ne soient pas toutes tuées en raison du principe de précaution. On voudrait que des scientifiques puissent travailler sur des lots où l'on a trouvé la salmonelle et les suivre. On pense que la poule excrète la bactérie à certaines périodes et on voudrait le prouver scientifiquement. »

« L'abattage, c'est très traumatisant »

« J'entends que le protocole n'est pas adapté et je suis prête à travailler avec vous », a répondu la députée. La politique générale veut accompagner tous les signes de qualité. Si on doit définir de nouveaux protocoles et appliquer la législation, je suis là. »
Le nombre de contrôles pose également problème aux éleveurs qui souhaiteraient que celui-ci soit fonction du volume de production, ce qui n'est pas le cas. « J'ai eu plus de 35 contrôles en un an parce que j'ai plusieurs petits bâtiments alors qu'un élevage avec un bâtiment de 18 000 poules produisant quatre fois plus de volume est douze fois moins contrôlé », a souligné l'éleveur.
Il a été question ensuite des mesures prises par la direction départementale de la protection de la population (DDPP) en cas de détection positive. « L'abattage, c'est très traumatisant, a expliqué Frédéric Gontard, éleveur de 2 000 pondeuses à La Laupie, qui a fait le choix de la vente directe. On n'est jamais préparé. Et quel avenir pour l'installation des jeunes si on sabre ainsi leurs élevages ? » Patricia Beyrard, avicultrice à Bourdeaux, a témoigné dans ce sens, elle qui a décidé d'arrêter son atelier de poules pondeuses suite à une détection de salmonelles et un abattage de ses poules.
« On est aujourd'hui dans une logique pure de contrôle et de sanctions, sans accompagnement prévu. Il faut changer cette logique et modifier les mentalités », a reconnu Célia de Lavergne. La loi en préparation pour février ou mars donnera plus de pouvoir au préfet. On y travaille depuis trois ou quatre mois et on l'appelle "droit à l'erreur", a-t-elle ajouté. Quand elle sera opérationnelle, on pourra demander au préfet une expérimentation sur la salmonelle. Il s'agit de défendre une nouvelle manière de faire. »
« Nous sommes prêts à prendre des risques et à expérimenter, a conclu Jean-Maxime Buisson. Il faut aller jusqu'au bout. On devrait travailler avec l'Inra et le CNRS, au travers d'un partenariat en cours de construction ; on a besoin de vous pour nous appuyer. » 
Elisabeth Voreppe
* La phagothérapie, découverte en 1917 par le professeur Félix d'Hérelle, est l'utilisation de virus bactériophages afin de traiter certaines maladies infectieuses d'origine bactérienne. Avec la naissance de l'antibiothérapie, ce traitement a été progressivement abandonnée par les pays occidentaux. Elle est encore utilisée en Géorgie et en Russie, notamment, et reste interdite en Europe.