Sangliers : « Il va falloir aller très régulièrement à la chasse »

Qu’on se le dise, la saison de chasse à venir devrait être marquée par une forte population de sangliers. C’est en tout cas les premiers échos qu’en ont donnés les spécialistes du sujet lors de la conférence de presse de rentrée de la fédération des chasseurs de la Drôme (FDC 26). Trop tôt cependant pour dire si la courbe des prélèvements repartira à la hausse après deux saisons relativement stables : presque 12 500 sangliers prélevés pour la saison 2020-2021, 12 900 pour la 2019-2020. Du côté des dégâts indemnisés, Christian Chaillou, trésorier de la FDC 26, annonce une « baisse sensible » sur la saison 2020-2021, avec 220 dossiers enregistrés et 220 000 euros de dégâts recensés. « En moyenne sur les dix dernières années, nous avons payé environ 260 000 euros de dégâts chaque année. Avec des hauts et des bas en fonction de la densité de sangliers », commente Christian Chaillou. Pour mémoire, près de 500 000 euros de dégâts avaient été enregistrés sur la saison 2017-2018, amenant dans le même temps un prélèvement de 20 000 sangliers. « Deux secteurs regroupent à eux seuls pas loin de 40 % des dégâts, les unités de gestion cynégétique 15 et 25 [soit les secteurs de Marsanne, Grâne, Grignan et le nord et l’est de l’Enclave des papes, Ndlr]. Des zones où l’on retrouve davantage de cultures à valeur ajoutée : semences, viticulture…», précise le trésorier. Il rappelle également que la FDC 26 accompagne financièrement les ACCA et les chasses particulières pour acheter des équipements de protection des cultures. Tout agriculteur qui a besoin de clôtures ou d’électrificateur pour protéger ses parcelles doit se rapprocher de l’ACCA locale. 

Sangliers : la chasse de mars autorisée

Pour Remi Gandy, président de la FDC 26, le message aux troupes est clair : « Il va falloir aller très régulièrement à la chasse ». D’autant, rappelle-t-il, que les chasseurs drômois disposent de l’ensemble de la panoplie des outils réglementaires disponibles pour chasser le sanglier. Le dernier en date : la chasse du mois de mars, autorisée depuis cette année. « Le monde de la chasse n’y était pas trop favorable, reconnaît Rémi Gandy. Nous avons persuadé les gens en disant ce n’est pas un mois où on va vous demander de chasser à outrance mais si vous avez un problème de sanglier qui crée des perturbations localement, il vous faut pouvoir l’enlever. La louveterie actuellement très engagée sur le loup ne déplace pas forcément des agents pour détruire un sanglier. C’est pour ça qu’on a pris cette mesure ». Il souhaite aussi rassurer les autres utilisateurs de l’espace sur l’intensité de la chasse à cette période. « L’idée c’est de prélever uniquement s’il y a des problèmes, pas forcément en organisant une battue mais plutôt un affût le matin ou le soir. En mars dernier, 47 sangliers ont été prélevés. Ce sont des prélèvements chirurgicaux », assure-t-il. 

« Une nouvelle bible »

Autre gros sujet pour la FDC 26 à l’approche de cette nouvelle saison de chasse : l’adoption par le préfet, le 25 juin dernier, du nouveau schéma départemental de gestion cynégétique (SDGC). « C’est notre bible », résume Rémi Gandy. Une bible réécrite tous les six ans, soit pour la période 2021-2027. Le nouveau SDGC a fait l’objet d’une concertation avec le monde agricole, en associant la chambre d’agriculture, les syndicats, le GDS, la FDGDon, la Safer, la fédération départementale ovine, l’association des éleveurs et bergers du Vercors, le syndicat des producteurs de semences de maïs et de sorgho … 

« Tout ce qui est inscrit dans ce schéma devient d’obligation pour tous les chasseurs et toutes les chasses de la Drôme [qu’elles soient privées, en forêt domaniale…]», précise le président de la FDC 26. Que contient ce schéma ? D’abord tout ce qui est relatif à la gestion des « ressources naturelles », c’est à dire pour chaque espèce de gibier les objectifs prioritaires jusqu’en 2027 et le mode de gestion (soumis ou non à plan de chasse triennal, à plan de gestion cynégétique…). 

Sentinelles du sanitaire sauvage

Ensuite, conformément à la loi chasse du 26 juillet 2000, le document précise les mesures relatives à la sécurité des chasseurs et des non-chasseurs, les actions en vue d’améliorer la pratique de la chasse, celles menées en vue de préserver les habitants naturels de la faune sauvage, les dispositions permettant d’atteindre l’équilibre agro-sylvo-cynégétique… Sans oublier un élément clé qui touche de près le monde agricole : la surveillance des dangers sanitaires dans les espèces de gibier. Dès qu’un problème est détecté sur une espèce (par exemple la suspicion d’une maladie abortive faute de naissances), les techniciens de la fédération des chasseurs alertent le réseau Sagir (réseau de surveillance des maladies infectieuses des oiseaux et des mammifères sauvages terrestres) piloté par l’office français de la biodiversité (OFB). Et Rémi Gandy d’insister sur ce point : « Nous sommes les sentinelles du sanitaire sauvage ». 

Sophie Sabot

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