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Cynégétique

Sangliers : « La FDC est consciente du problème »

La chasse ouvre ce dimanche 9 septembre. Entretien, à cette occasion, avec le secrétaire général de la fédération départementale des chasseurs (FDC) de la Drôme, Jean-Louis Briand, sur des sujets en lien avec l'agriculture : sangliers, partenariats...
Sangliers : « La FDC est consciente du problème »

Jean-Louis Briand, l'ouverture générale de la chasse, c'est dimanche prochain. Combien y a-t-il de chasseurs dans la Drôme et comment évolue la population de sangliers ?

Jean-Louis Briand : « Nous sommes 14 000, dont près de 1000 sont agriculteurs. Si l'on ajoute les autres professions liées à l'agriculture (pisciculteurs, paysagistes, maraîchers, ouvriers agricoles...), le chiffre approche les 1 300.
Pour les sangliers, dont la population explose ces dernières années en Drôme, la chasse est ouverte depuis le 15 août. Il en a été tués 20 000 dans le département pendant la saison de chasse 2017-2018. L'homme est le seul prédateur du sanglier. Mais cet animal est intelligent, il a un nez puissant, sent les postiers lors des battues. Nous n'arrivons pas à faire baisser sa population, malgré la pression énorme mise par la FDC sur les chasseurs. Nous les incitons à se regrouper pour chasser ensemble. En 2019, je pense que tout le département sera classé "point noir". C'est plus simple. Et cela permettra d'ouvrir partout la chasse aux sangliers le 15 août. Il faut faire redescendre leur population, c'est le message que nous faisons passer dans toutes les réunions. Nous voulons éviter des conflits avec les agriculteurs. Nous sommes conscients du problème et à leur écoute. »

Que coûte les sangliers à la FDC de la Drôme ?

 

J-L. B. : «  Pour la saison 2017-2018, la FDC de la Drôme a payé 233 400 euros d'indemnisations aux agriculteurs pour les dégâts de grand gibier sur cultures, qui sont à 95 % attribués au sanglier. Chaque année pour les principales denrées, la commission nationale d'indemnisation des dégâts de gibier fixe les valeurs minimale et maximale des prix à prendre en compte pour l'établissement des barèmes départementaux. La FDC de la Drôme a pour principe de toujours payer le maximum. Elle ne peut donner plus. Elle finance aussi du matériel de protection des cultures : 30 000 euros pour la saison dernière. Et elle subventionne à 50 % l'achat par les ACCA(1) de moyens de prévention des dégâts (clôtures, électrificateurs...). »

Où en sont vos partenariats avec le monde agricole ?

Jean-Louis Briand, secrétaire général de la FDC de la Drôme.

 

J-L. B. : « En 2017, la FDC a financé pour 60 000 euros de semences de couverts végétaux, qui sont implanté à l'automne et doivent rester en place jusqu'au 1er février. La composition des mélanges a été déterminée en collaboration avec la chambre d'agriculture. 1 300 hectares ont ainsi été semés et la surface devrait augmenter à l'avenir. C'est une grande satisfaction.
Concernant les corvidés, 1 200 chasseurs régulateurs se mobilisent dans la Drôme. Ils prélèvent 10 000 corvidés par an hors période de chasse. Ce sont des tirs de destruction et non de chasse, pour lesquels les agriculteurs victimes de dégâts de corvidés doivent déposer une demande auprès de la DDT(2). Dans celle-ci, ils désignent des chasseurs pour tirer les corvidés et les parcelle(s) concernée(s). Le préfet prend alors un arrêté spécifique. »

Et concernant le loup ?

J-L. B. : « Ce n'est pas un animal de chasse. C'est un animal protégé. On ne peut le tirer que lorsqu'un arrêté préfectoral est pris. 1 400 chasseurs formé par des gardes de l'ONCFS(3) sont habilités pour pratiquer ces tirs de prélèvement.
La FDC n'est pas contre le loup à 100 % mais pour une gestion rigoureuse. Aujourd'hui, dans la Drôme, il y en a trop. Le quota de loups à prélever ne nous satisfait pas. Les chasseurs ne peuvent être insensibles aux difficultés des éleveurs confrontés aux loups. Les soutenir est, pour nous, une obligation. Pour tirer le loup, il faut être titulaire du permis de chasser. La FDC l'offre à tous les éleveurs qui en font la demande. »

Propos recueillis par Annie Laurie

(1) ACCA : association communale de chasse agréée.
(2) DDT : direction départementale des territoires.
(3) ONCFS : office national de la chasse et de la faune sauvage.

 

Colloque /
La sécurité à la chasse visée
550 personnes ont pris part au colloque sur la sécurité à la chasse organisé par la FDC, le 30 août à Crest.
Treize accidents mortels ont eu lieu en France au cours de la saison de chasse 2017-2018, dont deux dans la Drôme : l'un le 29 octobre à Châtillon-en-Diois, l'autre le 24 décembre à Taulignan. « De ce fait, la FDC a renforcé les mesures de sécurité existantes, explique son secrétaire général, Jean-Louis Briand. La sécurité est la priorité de nos priorités. » Et d'ajouter : « Dans le département, 1 815 responsables de battues ont suivi une formation spécifique sur la façon de diriger une battue et sur les accidents de chasse, depuis 2015. En 2020, tous les responsables de battues devront avoir suivi cette formation ».
La sécurité à la chasse était d'ailleurs le thème d'un colloque organisé le 30 août à Crest par la FDC et patronné par le sous-préfet de Die. 550 personnes y ont participé. Cette rencontre était aussi axée sur la cohabitation « en toute quiétude » avec les autres utilisateurs de la nature et se voulait lieu d'échanges. C'est pourquoi, outre des responsables d'ACCA, de chasses privées, chefs de battues formés, la FDC et son président Rémy Gandy avaient également conviés des représentants de la randonnée pédestre, des vététistes, des cyclotouristes, les centres équestres, offices de tourisme. DDT, ONCFS, ONF(*), gendarmerie... y ont aussi participé. Plusieurs thèmes ont été abordés : la sécurité à la chasse et ses nouveautés ; les obligations, préconisations, consignes ; les comportements à éviter et les ricochets ; les responsabilités juridiques (avec un avocat de la FNC).
A. L.
(*) ONF : office national de la forêt.

 

Chasse : le gouvernement veut réduire de moitié les dégâts de gibier d'ici à trois ans
Le 3 septembre, les ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie ont détaillé les premières mesures pour réduire les dégâts de gibier, avec un objectif de - 50 % « d'ici trois ans ». Cela passe par la « responsabilisation complète » des fédérations départementales de chasseurs, via l'élargissement de leurs compétences à la gestion des plans de chasse (« en cas de défaillance, le préfet déclenchera des battues administratives »), la suppression du fonds de péréquation nationale, selon un communiqué.
Une réflexion sur le financement de l'indemnisation des dégâts de gibier est engagée, permettant aux fédérations départementales de moduler les montants par unité de gestion, poursuivent les deux ministères. Pour cela, une mission parlementaire planchera sur les modalités opérationnelles en associant le monde agricole, les forestiers, les chasseurs et les services de l'État, d'après le communiqué. Elle fera aussi des propositions pour améliorer la régulation du grand gibier et réduire ses dégâts.
Autre annonce, un comité de lutte contre les dégâts de gibier sera installé le 6 septembre, rassemblant les présidents de la FNSEA, de l'APCA, de la fédération nationale des chasseurs, de la fédération des forestiers privés et du CNPF, de la propriété privée rurale, de l'ONF, des communes forestières (FNCOFOR) et de l'ONCFS ainsi que les administrations nationales concernées.