Santé des jeunes veaux : mettre toutes les chances de son côté

Tant en élevage laitier qu'en élevage allaitant, une faible mortalité des veaux constitue un facteur décisif dans la performance économique de l'atelier. Parmi les pathologies incriminées, les diarrhées néonatales arrivent largement en tête en termes d'impact économique négatif sur cette classe d'âge, suivie par les maladies respiratoires. Les coûts associés comprennent aussi bien le temps consacré au traitement et son prix que l'impact sur les performances de croissance et la mortalité. Ces pathologies apparaissent quand sont réunis facteurs environnementaux défavorables, immunité faible de l'hôte et présence d'agents infectieux. Aussi une stratégie de prévention à l'échelle du troupeau doit s'attacher à jouer sur ces trois facteurs.
Immunité et vaccination
La vaccination des mères et la distribution du colostrum augmentent la résistance des veaux. Le veau naît dépourvu d'anticorps, substances responsables de l'immunité. Le seul moyen pour lui d'en obtenir, c'est de boire le colostrum de sa mère. Aussi, il est important que le colostrum soit de qualité : une qualité directement liée à l'alimentation de la vache. Outre l'énergie et les protéines indispensables à l'entretien de la mère et à la croissance du fœtus, il ne faut pas négliger les vitamines et oligoéléments. Pour que ces anticorps soient adaptés à l'environnement microbien du jeune veau, et donc utiles, la mère doit être dans le troupeau depuis un mois au moins (délai de fabrication des anticorps). Si elle a été vaccinée au cours de la gestation, contre la colibacillose par exemple, son colostrum contiendra les immunoglobulines correspondantes. Enfin, le colostrum doit être apporté en quantité suffisante, à température du corps, en commençant le plus tôt possible (dans les deux heures qui suivent la naissance).
Le second axe, c'est d'agir sur l'ambiance en réduisant la quantité d'agents infectieux au contact des veaux. Cela passe évidemment par l'hygiène du matériel (seaux et ustensiles). Les conditions de logement sont également primordiales : celui des veaux doit être abrité des courants d'air (vitesse de l'air inférieure à 1 m/s) mais bien ventilé, désinfecté régulièrement. Quand les bâtiments et la conduite du troupeau s'y prêtent, le vide sanitaire permet d'abaisser fortement la charge microbienne du milieu.
Dans le cadre d'une stratégie de prévention, l'identification des agents pathogènes en cause est également de mise. Elle s'appuie sur des données cliniques, comprenant l'âge des animaux atteints et les symptômes associés relevés grâce à un examen clinique consciencieux, ainsi que des données épidémiologiques incluant la saison, et l'historique du troupeau. Dans la plupart des situations, le diagnostic clinique requiert une confirmation par des tests réalisables dans la ferme ou avec l'aide du laboratoire.
Éviter la déshydratation
La diarrhée a pour principale conséquence la déshydratation rapide du jeune bovin (voir ci-dessous). L'eau, qui représente 70 % du poids du jeune veau, est anormalement éliminée par l'intestin, ce qui se manifeste par différents symptômes. La diarrhée provoque rarement une fièvre : mais dès que le veau est déshydraté, sa température baisse rapidement en dessous des 39°C. Dès qu'un veau paraît malade ou suspect, cette mesure s'impose. Elle permettra de contrôler la nature des excréments. Si la diarrhée est déclarée, il faut alors évaluer l'importance de la déshydratation. L'examen de l'œil, plus ou moins creux, complété par l'appréciation de la souplesse du pli de peau, de l'humidité des lèvres et du tonus général permettra de prendre la mesure du problème. Plus la réhydratation sera commencée tôt, et plus l'animal pourra récupérer rapidement. Aux premiers stades, le réflexe de succion n'est pas affecté et un réhydratant oral à volonté suffit alors pour revenir à la normale. En revanche, il faudra recourir à l'intraveineuse si ce réflexe a disparu. D'où l'importance d'une détection précoce et d'une bonne évaluation. Elle permettra aussi d'isoler rapidement le premier veau touché et d'éviter la contamination des autres animaux. Plus généralement, un local indépendant pour les vêlages et des cases individuelles régulièrement désinfectées contribueront à limiter le risque.
Alexandre Coronel
Nouveauté / Un complément préventif
Le laboratoire Biodevas a présenté lors de l’édition 2018 du Space son nouvel aliment Florisept LD : un additif solide qui se dissout dans le lait. L’objectif de ce complément est d’aider l’éleveur à mieux gérer les troubles digestifs des veaux, dont notamment les diarrhées néonatales dues à Cryptosporidium.
Pour ce faire, le complément alimentaire agit sur la gestion du stress oxydatif cellulaire généré au niveau intestinal par la présence du parasite, stimule les défenses naturelles du veau et module les facteurs de virulence du parasite en créant un milieu défavorable à sa pénétration et son développement dans les cellules intestinales. Le laboratoire propose Florisept LD en pot de 500 g pour supplémenter 10 veaux pendant 6 jours.
Poser le bon diagnostic
Rotavirus, coronavirus, souches pathogènes d’Echirichia coli, Clostridium perfringens, Cryptosporidium parvum… les responsables des diarrhées néonatales sont légion… Comprendre les mécanismes et connaître les conséquences de la diarrhée permettent d’en repérer plus vite les symptômes et de prendre les mesures nécessaires. Les diarrhées récurrentes chez les veaux nouveau-nés peuvent être occasionnées par des germes divers, généralement plusieurs d’entre eux en combinaison. Les virus ouvrent souvent la voie aux infections bactériennes, lesquelles aggravent l’évolution de la maladie et déterminent la suite ainsi que l’issue de la maladie. Mais des déséquilibres nutritionnels ou encore un changement brusque d’alimentation peuvent prédisposer le veau à des infections intestinales. Les agents infectieux se fixent sur les cellules de la muqueuse intestinale, où elles pénètrent et se multiplient, avant de les faire éclater.