Se lancer dans l’agriculture sociale et thérapeutique
Le réseau Astra a organisé ses 12e rencontres de l’agriculture sociale et thérapeutique jeudi 14 novembre au CFPPA de Romans-sur-Isère.

Une cinquantaine de personnes a fait le déplacement jeudi 14 novembre au CFPPA Terre d'horizon de Romans-sur-Isère. Une bonne partie des participants aux 12e rencontres de l’agriculture sociale et thérapeutique, organisées par Astra Auvergne-Rhône-Alpes, était des porteurs de projets. Thème de la journée : « Comment se lancer dans l’accueil social et thérapeutique ? » Autrement dit, comment concilier activité agricoles et para-agricoles pour l’accueil de personnes en difficultés sociales, ou en situation de handicaps.
Une activité peu reconnue
Dès le début de la matinée, Jean-Paul Barithel, président d'Astra, a posé les bases de ces rencontres. Statut, financements et cadre de l’activité… Pour le représentant, l’agriculture sociale et thérapeutique reste « peu reconnue au niveau de la législation ». Pourtant, actuellement, près de 70 structures sont recensées dans le réseau régional. Pour éclaircir le sujet, le réseau a invité Julien Dejaeghere, conseiller entreprise à la MSA Alpes du Nord. L’agriculture sociale et thérapeutique entrerait dans le cadre des activités dites « agro-touristiques » qui vont du camping à la ferme à l’accueil pédagogique. Soit considérée comme le « prolongement des activités de l’exploitation », selon le conseiller pour qui le texte réglementaire s’avère « pas si clair ».
Les questions fusent dans la salle. « Dans un Gaec, comment déclare-t-on les heures d’accueil ? », « Y a-t-il un maximum d’heures ? », « Comment déclarer l’activité en tant que revenus agricoles ? »… Pour conserver un statut d’exploitant, l’activité principale doit rester agricole et être déclarée à la MSA qui prend en compte les critères d'activité minimale d'assujettissement (AMA). Julien Dejaeghere rappelle que le « bénévolat n’existe pas » sur une exploitation. L’accueil peut ainsi être encadré via une convention de stage. Il précise que cette dernière ne couvre pas le « stagiaire » en cas d’accident. Enfin, le conseiller rappelle que l’exploitant doit être à jour de son Document unique d'évaluation des risques professionnels (Duerp).
Une dizaine de porteurs de projets
Pour certains, comme Ingrid de la Ferme des deux ânes dans le Rhône ou Sophie de la ferme du Contrevent en Isère, cette journée lui a permis de « faire des rencontres et prendre des idées ». D’autres viennent à « la pêche aux infos ». C’est le cas par exemple de deux porteurs de projet à Piégros-la-Clastre, qui souhaitent créer une activité en agriculture sociale et thérapeutique avec l’appui de leur association.
Dans la journée, plusieurs responsables de structures ont témoigné tels que Catherine Bibollet de la ferme de Belle chambre en Savoie qui a mis en avant la formation des accueillants et encadrants. Raymond Riban, fondateur de l’association Bercail paysan en fait partie. Après avoir raconté son parcours (voir encadré), l’ancien exploitant a encouragé les porteurs de projets : « Dans nos rencontres, nous étions une vingtaine il y a peu. Aujourd’hui, nous sommes une cinquantaine. Nous sommes dans une mouvance. Chacun d’entre nous est un peu pionnier ».
Morgane Eymin
Le CFFPA et l’agriculture sociale et thérapeutique
Le CFPPA a créé il y a trois ans, en partenariat avec le Centre hospitalier Drôme Vivarais, une formation intitulée « jardins thérapeutiques » (actuellement en stand-by ). Le CFPPA réfléchit aussi à un projet d’accueil de personnes en situation de handicap sur des exploitations agricoles qu’il espère financer via un appel à projets de la Région l’année prochaine. L’établissement a déjà pris contact avec plusieurs instituts médico-éducatifs (IME).
Le modèle du Bercail paysan
Raymond Riban, éleveur laitier retraité dans l’Isère, a créé l’association Bercail Paysan. ©ME-AD2
En 2016, Raymond Riban, éleveur laitier et une de ses collègues fondent l’association Bercail paysan. L’organisme devient partenaire de la ferme en 2017 pour accueillir des personnes en situation de handicap. Premier pari en 2020 : embaucher une éducatrice spécialisée. En parallèle, Raymond Riban trouve un repreneur pour son exploitation avec la fondation Terres de lien et convertit sa ferme en bio et en élevage de moutons, poules pondeuses, lapins et porcs. La même année, une avalanche médiatique propulse Bercail paysan sur le devant de la scène. En 2022, composée de deux éducateurs, l’association est soutenue par le Département de l’Isère pour financer neuf places d’accueil sur la ferme en partenariat avec l’IME de Sainte-Agnès. L’activité est encadrée à travers une charte conçue sur plusieurs années. Les conseils de Raymond Riban pour « éviter de mettre la ferme en péril » : réfléchir à un modèle économique viable et être rigoureux sur la réglementation, les conventions et les assurances.