Sécheresse : des dégâts constatés en Sud-Drôme et Diois

L'impact de la sécheresse sur les pâturages s'est avéré ravageur, mettant à mal les réserves de fourrage des cheptels bovins, caprins et ovins pour tenir jusqu'au printemps. C'est ce qu'ont pu constater à nouveau les membres de la mission d'enquête qui s'est rendue, le 30 novembre, dans plusieurs exploitations sinistrées du Diois et du Sud de la Drôme. Composée d'un agent de la DDT, de deux représentants de la chambre d'agriculture, d'un arboriculteur et d'un éleveur avicole, ils ont ainsi recueilli des éléments attestant de la perte de production fourragère (à partir de bilans fourragers établis sur des exploitations agricoles), faire le lien entre l'aléa climatique et les pertes de récolte et délimiter un zonage des communes touchées par le sinistre. Dans la matinée, à Rimon-et-Savel, Gumiane puis à Vesc, la mission d'enquête a visité trois élevages (ovins et bovins). Prairies permanentes et temporaires ainsi que les luzernes affichent des taux de perte compris entre 30 et 50 %. Et les réserves fourragères sont déficitaires car des parcelles destinées au foin ont été pâturées.
Peu de fourrage et de mauvaise qualité
L'après-midi, les membres de la mission d'enquête se sont rendus dans trois autres élevages. A Rochebrune, Dagobert Resneau et son épouse gèrent en Gaec un troupeau de quelque 300 brebis, ainsi qu'une cinquantaine de cochons élevés en plein air. Sur les 114 hectares de l'exploitation, 40 sont labourés et consacrés à la production de céréales, petit épeautre, orge, fèveroles et fourrage. La surface restante est laissée en landes et pâturages. Le produit phare de la ferme auberge est l'agneau des Baronnies mais aussi la charcuterie, coppa, saucissons et jambons préparés sur place, vendus sur les marchés de villages et en magasin bio à Nyons. « A la fin de l'hiver, le troupeau part en alpage en Savoie jusqu'à l'automne. De retour début octobre, les brebis n'ont trouvé à pâturer que deux jours ! Avec un gel de printemps sévère, le peu de jeunes pousses avaient été consommées et l'arrivée de la sécheresse a tué le reste. On a l'impression que la neige a tout écrasé sans être passée ! », déplore Dagobert Resneau. L'absence de précipitations a aussi affecté la production de fourrage, 13 tonnes au lieu des 30 à 40 nécessaires, et de mauvaise qualité avec la présence en quantité de folle avoine. A ce jour, une grande partie du stock est déjà entamée. « Durant l'été 2003, la canicule avait sévi mais en automne on avait des pâturages dignes de ce nom. Cette année, avec cette longue sécheresse, nous n'avons pas eu ce bénéfice ! », ajoute l'éleveur.
« Pâturer ailleurs »
Pour faire la jonction avec le printemps, Dagobert Resneau devra acheter à nouveau et en quantité du foin de Crau ou trouver des pâturages ailleurs, sur les couverts végétaux de confrères ne faisant pas d'élevage. « Je ne peux m'éloigner longtemps de ma ferme, j'ai aussi en charge l'auberge et le personnel à gérer ! », fait-il remarquer.
Viviane Jottay, à la tête d'un troupeau de 150 brebis au Poët-Sigillat, dresse les mêmes constats. « Les pâturages sont comme déshydratés, il y a refus de pâturer par les bêtes tellement l'herbe est dure, même l'aphyllante de Montpellier leur était impossible à brouter ! », déplore-t-elle. Un autre exploitant, Louis Plancke, éleveur de caprins et d'ovins à Arpavon, se plaint des mêmes maux. Ses pâturages sont comme calcinés, il est obligé d'acheter du foin bio pour nourrir ses brebis productrices de lait bio.
J-M. P.
* Le compte rendu de la mission d'enquête du 23 novembre dans le Nord-Drôme est à retrouver dans L'Agriculture Drômoise du 30 novembre et sur www.agriculture-dromoise.fr.
Calamités agricoles /
Fonctionnement
A la suite d’une ou plusieurs missions d’enquête venues constater les dégâts sur le terrain, la DDT rédige un rapport, lequel est ensuite soumis à l’examen des membres du comité départemental d’expertise (CDE). Suite à la réunion du CDE, le dossier est transmis au Comité national de gestion des risques en agriculture (CNGRA). Si le caractère de calamité agricole est reconnu, un arrêté du ministre chargé de l’Agriculture est pris, sur proposition du préfet du département. Les demandes d’indemnisation peuvent alors être déposées. A noter, l’information sera diffusée aux communes reconnues sinistrées ainsi qu’aux organisations professionnelles agricoles et, bien entendu, dans L’Agriculture Drômoise.L’indemnisation des pertes est assurée par le Fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA). Pour en bénéficier, les dommages aux récoltes doivent représenter une perte supérieure à 30 % de la production théorique de la culture sinistrée et dépasser 13 % de la valeur du produit brut théorique de l’exploitation. Dans le cas de dommages aux récoltes fourragères utilisées pour l’alimentation des animaux de l’exploitation, le dommage indemnisable est le déficit fourrager.
C. L.