Sécheresse : la Drôme en rouge

2017 est, avec 2015, la deuxième année sèche en trois ans, fait remarquer François Dubocs, conseiller spécialisé agronomie-irrigation à la chambre d'agriculture de la Drôme. L'hiver dernier, les nappes phréatiques ne se sont pas rechargées. Le printemps a été sec, hormis en mai. Et l'été chaud et sec. D'où des besoins en eau des plantes élevés, bien que les surfaces en maïs ont baissé du fait de prix bas depuis trois ans et des charges d'irrigation. Si le gros des arrosages s'est arrêté fin août, ils ont duré jusqu'aux alentours du 20 septembre en soja. En arboriculture, une irrigation de survie a perduré pour maintenir les arbres. Et, maintenant, des producteurs d'ail sont obligés d'arroser pour faire lever leurs cultures.
Eau : de vives inquiétudes
Le niveau des nappes phréatiques suscite de vives inquiétudes pour l'an prochain. Déjà cette année, des restrictions en eau ont été prises tôt (dès fin juin) dans la Drôme. Des cultures habituellement non arrosées ont souffert de soif comme les vignes, noyers, oliviers, chênes truffiers, plantes à parfum, aromatiques et médicinales. Sur les 30 dernières années, les températures moyennes ont augmenté de 1°C à Montélimar (moyenne glissante) et la hausse des besoins en eau est estimée à environ 15 %. Cela rend difficiles certaines cultures. D'autant que les réseaux d'irrigation sont saturés : pour la plupart, ils ont été conçus voici 30 ou 40 ans, à une époque où il faisait moins chaud. Ils ne peuvent fournir de nouveaux irriguants. Et, les territoires étant en déficit, l'administration refuse de nouvelles demandes de prélèvements dans des cours d'eau ou forages. Or, sans irrigation, avec un climat comme celui de cette année, la viabilité de nombre de systèmes d'exploitation peut être remise en cause.
Une année sèche
Sur la période du 1er janvier au 5 octobre, 2017 est la cinquième valeur la plus sèche depuis 1921 (première année de données météorologiques disponibles) à Montélimar, avec 391 mm de pluies (370 en 1989, 291 en 1921, 280 en 2011 et 277 en 2005). C'est ce qu'indique Béatrice Charpiot, directrice de Météo France Montélimar. A Saint-Barthélemy-de-Vals (données depuis 1959), il est tombé 441 mm depuis le début de l'année (pluviomètre la plus faible : 360 mm en 1962). Parmi les années récentes, 2009, 2003 et 2004 étaient encore plus sèches. A Séderon, 2017 est la quatrième valeur la plus sèche (458 mm), 1967 la première (361 mm). Depuis le 1er janvier, à Saint-Jean-en-Royans, il est tombé 628 mm de pluie (480 en 1989) et 725 mm à Lus-la-Croix-Haute (494 en 2004).
En température moyenne, le mois de juin a été très chaud mais moins qu'en 2003. De juin à août, à Montélimar comme à Saint-Barthélemy-de-Vals, à Séderon, 2003 reste l'été le plus chaud, suivi de ceux de 2015 et 2017 (les deux ayant des valeurs très proches, au moins en vallée du Rhône). Toujours en température moyenne (cumul), la période du 1er janvier au 5 octobre 2017 est la deuxième la plus chaude (après 2003) à Montélimar comme à Saint-Barthélemy-de-Vals, Saint-Jean-en-Royans. A Lus-La-Croix-Haute, 2017 est la quatrième valeur la plus chaude sur l'été. La première, c'était 1997. A Séderon, c'était 1994.
Le cumul des précipitations entre le 1er août et le 5 octobre est de 41 mm à Montélimar. Il était de 39 mm en 1936 et 31 mm en 1989. C'est donc la troisième valeur la plus sèche depuis 1921. Sur cette même période de l'année, à Saint-Barthélemy-de-Val, il est tombé 84 mm de pluies en 2017 (81 en 2016, 69 en 2009 et 55 en 1961). Toujours du 1er août au 5 octobre, 136 mm de pluie ont été relevés à Lus-La-Croix-Haute (37 en 1971), 161 à Saint-Jean-en-Royans (50 en 1989), 79 à Séderon (28 en 1978). En moyenne sur toute la Drôme, l'humidité des sols depuis le 22 septembre est très basse comparée à la moyenne sur 30 ans (de 1981 à 2010) mais ne bat pas le record. En 1989, les sols étaient encore plus secs.
Un recensement des pertes
A ce jour, des pertes de récolte et de fonds sont d'ores et déjà évidentes. Pour connaître la situation, FDSEA et Jeunes Agriculteurs de la Drôme viennent de lancer un recensement (voir ci-desous). « Compte tenu de la complexité d'un dossier de calamité agricole, le but est d'avoir un recensement aussi exhaustif que possible, tant au niveau des filières que des territoires », explique Jean-Pierre Royannez, responsable des commissions économiques à la FDSEA et à la chambre d'agriculture. L'objectif est d'étudier l'ouverture d'un dossier d'indemnisation au titre du fonds des calamités agricoles. En effet, ajoute-t-il, des pertes de récolte concernent les fourrages. Et des pertes de fond sont à noter sur des cultures fourragères de printemps détruites par la sécheresse, sur colzas non irrigués aussi, ainsi que sur de jeunes plantations en arboriculture, viticulture, Ppam... Pour avoir une situation aussi précise que possible, il est donc très important que chaque exploitant(e) concerné(e) prenne trois minutes pour répondre au questionnaire de recensement des dégâts. »
A. L. et C. L.
Sécheresse /Prenez 3 minutes pour recenser vos pertesLes syndicats Jeunes Agriculteurs (JA) et FDSEA de la Drôme souhaitent que l'épisode de sècheresse de cette année soit reconnu en calamité agricole, ce qui permettrait le versement d’indemnités. Pour cela, la première étape consiste à réaliser un état des lieux le plus précis possible de la situation : zones sinistrées, filières concernées, taux de pertes.Chaque exploitant concerné par la sécheresse est donc invité à faire remonter le plus rapidement possible les informations le concernant, à savoir :- commune(s) concernée(s) ;- production(s) sinistrée(s) ;- taux de perte des récoltes (en % ) ;- pertes de fonds (destruction de plus de …hectares) ;- état des stocks fourragers pour les éleveurs et obligations d’achats de fourrages.Ces informations sont à transmettre d'ici le 16 octobre par mail ou téléphone à Marie-Gabrielle de Puntis (tél : 04 75 43 48 22 - mail : [email protected]) ou Alice Marcon (tél : 04 75 55 39 25 - mail : [email protected]).