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Sécheresse

Sécheresse : témoignages d'une filière à l'autre

2017 est une année très sèche et marquée par plusieurs épisodes caniculaires. Les conséquences en agriculture sont multiples et touchent la plupart des filières.
Sécheresse : témoignages d'une filière à l'autre

Arboriculture /
Des conséquences sur la qualité des bois
« Les dernières pluies conséquentes, à savoir 20 à 30 mm, remontent à fin juillet, indique Marc Fauriel, arboriculteur à Loriol-sur-Drôme. De mémoire, je n'ai pas vu la rivière Drôme aussi basse en cette saison. C'est une situation atypique. » Pour les vergers, il redoute une mauvaise induction florale. « Car le déficit hydrique ralentit la circulation de la sève et donc la photosynthèse, explique-t-il. L'alimentation des arbres ne se fait plus, ce qui impacte l'aoûtement ainsi que la mise en réserve des éléments de croissance (azote, bore, zinc...) ». Les rendements de la prochaine saison sont donc en jeu. Irriguer, lorsque c'est techniquement possible, pourrait être une solution. « Mais à cette époque de l'année, ajoute-t-il, les capacités sont limitées et les restrictions administratives encore fortes. »

La sécheresse a particulièrement affecté les jeunes plantations.

 

Grandes cultures /
« Le labour est impossible »
« Habituellement, on sème à partir de la mi-octobre. Aujourd'hui, on ne sait pas quand on pourra le faire. Aucune pluie n'est annoncée jusqu'à la Toussaint ! », constate Paul Despesse, exploitant agricole à Saint-Marcel-lès-Valence. La sécheresse des sols est telle que le labour est impossible. « Plus on retarde le semis, moins il y a de développement racinaire et de tallage et donc, au final, moins de rendement », explique-t-il. Cependant, il n'y a rien de dramatique à ce jour. Il faudra voir comment évoluent les conditions climatiques. Toutefois, s'agissant du colza semé fin août-début septembre, dans certaines zones les plants ont séché sur place.

 

Elevage bovin /
« Une situation qui affecte le moral »
« Mon père qui a 71 ans n'a jamais vu du sec qui dure aussi longtemps, témoigne Jean-Michel Cros, éleveur de bovins viande à Saint-Barthélémy-de-Vals. Il n'y a pas eu de pluies significatives depuis des mois. » Sur ses prairies naturelles, il estime ses pertes de récolte à 50 %, en comparaison à l'année 2016. Une seule coupe a pu être réalisée. « Dans le secteur, la plupart des élevages sont à l'étable depuis plus d'un mois, voire plus pour certains lots, fait-il remarquer. On puise dans les stocks de 2016. » Le méteil a fort heureusement tenu le choc même si la récolte est moindre par rapport à l'année dernière. « Cette situation de sécheresse affecte le moral et ajoute aux difficultés alors que le marché est déjà difficile », confie l'éleveur. En alimentation animale, « il faut viser l'autonomie puis arriver à faire du stock, ajoute-t-il. Le méteil a vraiment toute sa place. »

 

Plantes à parfum, aromatiques et médicinales /
Le potentiel entamé
Avec deux automnes secs, les plantations de lavandes, lavandins, thyms, romarins, sarriettes, origans verts... souffrent. « L'hiver dernier, il y a eu des arrachages prématurés de plantations en pleine production, déplore Pierre-Yves Mathonnet, conseiller Ppam à la chambre d'agriculture de la Drôme. Et d'autres sont à prévoir. Du coup, le potentiel est fortement entamé. Nous allons vivre une période où il sera difficile de répondre à la demande alors que le marché est porteur. Quant aux plantations mises en place ce printemps, elles pourraient être en danger si les conditions sèches persistent. »

Mortalité sur lavande et lavandin.
Crédit photo : Crieppam.

 

Semences /
Des problèmes de fécondation
« On voudrait qu'il pleuve car, depuis le mois de juin, nous n'avons eu aucune pluie significative », indique Patrick Brugière, agriculteur à Pierrelatte. Aussi longtemps et avec autant d'épisodes de canicule, c'est sans précédent. » Malgré la possibilité d'irriguer, il explique que les fortes températures ont entraîné des problèmes de fécondation sur les productions de semences, en particulier sur les maïs. Sur ail, les fortes températures ont aussi généré des contraintes. Par ailleurs, faute de pouvoir travailler les sols, « les colza n'ont pu être mis en terre sur la quasi-totalité des surfaces, ajoute-t-il. Et nous sommes inquiets pour la mise en place des blés durs, qui débute normalement vers le 20 octobre. »

 

Viticulture /
Des pertes de récolte et de fonds
Dans les vignobles, la sécheresse a eu des conséquences. « Sans compter les dégâts disparates dus au gel ou à la grêle dans certains secteurs, le manque d'eau a provoqué une perte de récolte en moyenne de 45 % sur les vignobles du Sud-Drôme, indique Pierre Combat, viticulteur et vice-président de la chambre d'agriculture. Et sur le secteur de l'appellation crozes-hermitage, cette perte liée à la sécheresse est estimée en moyenne à 15 %. L'inquiétude concerne aussi la prochaine vendange pour laquelle sont déjà redoutées des problèmes de fructifications. « Sans compter l'augmentation des remplaçants en raison de la fragilité du vignoble », ajoute Pierre Combat.

 

Sécheresse /

Prenez 3 minutes pour recenser vos pertes

Les syndicats Jeunes Agriculteurs (JA) et FDSEA de la Drôme souhaitent que l'épisode de sècheresse de cette année soit reconnu en calamité agricole, ce qui permettrait le versement d'indemnités. Pour cela, la première étape consiste à réaliser un état des lieux le plus précis possible de la situation : zones sinistrées, filières concernées, taux de pertes.
Chaque exploitant concerné par la sécheresse est donc invité à faire remonter le plus rapidement possible les informations le concernant, à savoir :
- commune(s) concernée(s) ;
- production(s) sinistrée(s) ;
- taux de perte des récoltes (en % ) ;
- pertes de fonds (destruction de plus de ...hectares) ;
- état des stocks fourragers pour les éleveurs et obligations d'achats de fourrages.
Ces informations sont à transmettre d'ici le 16 octobre par mail ou téléphone à Marie-Gabrielle de Puntis (tél : 04 75 43 48 22 - mail : [email protected]) ou Alice Marcon (tél : 04 75 55 39 25 - mail : [email protected]).