Sécheresse : une mission d'enquête constate les pertes

La sécheresse a affecté la production de fourrages. Mais avant de déclencher une procédure dite de calamité agricole, il est nécessaire d'estimer les pertes. C'est dans ce contexte qu'une mission d'enquête s'est déplacée, le 23 novembre, sur plusieurs exploitations situées dans la vallée de la Galaure, en Drôme des collines, dans le Royans ainsi que sur le Vercors. Une étape qui permet notamment de constater les dommages, d'établir un bilan fourrager mais également de délimiter les secteurs concernés.
De faibles précipitations
À Miribel par exemple, les membres de la mission d'enquête - formée d'un représentant de la direction départementale des territoires, d'un technicien et d'un élu de la chambre d'agriculture de la Drôme ainsi que de deux exploitants non touchés par le sinistre - se sont rendus chez Daniel Izerable, éleveur de bovins allaitants (système tout herbe). Lequel n'y est pas allé par quatre chemins pour témoigner de sa situation. « Depuis 1990, je n'avais encore jamais manqué de foin. C'est la première année », a-t-il notamment souligné. Sur ses 25 hectares (ha) destinés à la fauche, il n'a pu produire que 220 bottes de foin en première coupe et une soixantaine lors de la seconde. Soit au total 280 bottes, contre 520 à 550 l'an dernier. Daniel Izerable, qui possède par ailleurs 1,44 ha de noyers, a indiqué avoir récolté l'herbe présente sur cette parcelle. « Je possédais encore un peu de stock de l'an dernier. Mais j'ai dû donner à mes bêtes tout l'été. Quarante bottes de 300 kilos ont déjà été achetées, je vais devoir en racheter autant. J'ai également acquis huit tonnes de corn gluten, contre six à sept habituellement. Et je devrais, là encore, en racheter quatre tonnes en début d'année », explique-t-il. Afin d'économiser du foin, l'éleveur a aussi fait le choix de vendre ses broutards et de réformer des vaches plus tôt.
Daniel Izerable a également pu montrer, chiffres à l'appui, une baisse de la pluviométrie annuelle. L'année 2017 comptabilise en effet 473 mm, contre 907 en 2016 (moyenne à 946 mm sur 2006-2016). « Le débit de la source présente sur mon terrain est moindre, j'ai dû me raccorder sur le réseau de la ville », précise encore l'éleveur. Autant de données collectées par la mission d'enquête à travers des échanges qui se voulaient véritablement constructifs.
Un long processus
Le témoignage de cet éleveur ne fait pas exception. Sur leur circuit, les membres de la mission d'enquête sont aussi allés à la rencontre de Frédéric Antressangle, 34 ans, éleveur caprin à Vassieux-en-Vercors. « J'ai 50 % de pertes en fourrage. Il y a eu une baisse de la pluviométrie, c'était très sec. C'est la première fois que je vois cela depuis mon installation en 2005. Bien sûr que l'on a peur pour l'avenir. On sait que les saisons se détraquent. Alors, si ça fait cela tous les ans... », s'est-il inquiété.
Pour Guy Péran, représentant la chambre d'agriculture de la Drôme, cette journée a permis à chacun de se rendre compte de la situation. « Tous les éleveurs rencontrés disent connaître des pertes », a-t-il noté. Désormais, les différentes données collectées seront analysées et un rapport de demande de reconnaissance en calamité agricole devra être rédigé et présenté en comité départemental d'expertise (CDE). S'il bénéficie d'un avis favorable, le dossier sera ensuite examiné par le comité national de gestion des risques en agriculture (CNGRA). Il faudra ensuite attendre la publication d'un arrêté ministériel avant que les exploitants ne puissent déposer leurs dossiers individuels de demande d'indemnisation.
A noter, une autre mission d'enquête est programmée ce 30 novembre pour constater les pertes dans le Diois et le Sud-Drôme.
A. T.
Sinistres 2016 et 2017 /