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Multiplicateurs

Semences : de gros écarts de rendements

Avec une météo marquée par la sécheresse, le bilan de la campagne 2019 est très hétérogène pour les agriculteurs multiplicateurs de semences de la Drôme et de l’Ardèche.
Semences : de gros écarts de rendements

Jeudi 30 janvier, les adhérents des syndicats d'agriculteurs multiplicateurs de semences (Sams) de Drôme et d'Ardèche, qui ont fusionné en 2017, étaient réunis à Alissas (Ardèche) pour leur assemblée générale. « L'année 2019 a été assez hétérogène, avec des résultats parfois très bons sur certaines cultures et beaucoup moins sur d'autres », a indiqué le président Benoît Vignal. Avec la sécheresse et les épisodes de canicule, de gros écarts de rendement ont été globalement constatés dans toute la région Rhône-Alpes. Les dates de semis ont eu une grande influence sur les résultats de cette campagne 2019. Ils sont très aléatoires en plein champ mais restent dynamiques, plus faibles pour les cultures sous abris. La majorité des producteurs est assurée mais sur une production de base qui n'avait pas été réévaluée.
Pour la campagne 2020, les perspectives nationales affichent une hausse générale de 10 % de surfaces. En termes de prix, des discussions sont en cours mais encore difficiles. En colza, par contre, les surfaces accusent une forte baisse (- 40 %), évaluée à 10 500 ha en 2020, en conséquence des bons rendements de 2019 qui ont engendré trop de stocks.

Tour d'horizon des producteurs

Pour l'entreprise Girerd, dont le siège est basé au Thor (Vaucluse), « l'année 2019 a été correcte mais pas exceptionnelle » et 2020 comptera davantage de surfaces en aromatiques.
En agriculture biologique aussi, les résultats varient entre très bons et graines mortes. « La météo de fin juin a beaucoup impacté la qualité de la production », précise Clémence Martinez, de l'EARL éponyme qui coopère avec des producteurs d'Ardèche, de Drôme et du Gard. « L'année économique est bonne mais la grande difficulté va être de développer le réseau d'agriculteurs pour pouvoir répondre à la demande qui est importante. Il faut du temps pour mettre en place et installer un producteur multiplicateur de semences. »
Pour Mistral Semences, basée à Pierrelatte, les résultats en maïs, maïs doux et tournesol ont été « très décevants, très impactés par les gros pics de chaleur. On a aussi perdu des parcelles en luzerne où les résultats ont été très aléatoires, et eu de grosses attaques d'altises en colza ».
Pour la coopérative drômoise Valgrain, les surfaces de maïs ont présenté de très bons rendements, bien moins pour celles de tournesol qui ont souffert des gros coups de chaleur et du sec en fin de cycle, donnant de petits grains.
Sur la betterave sucrière et le colza d'hiver, la société Deleplanque a récolté, quant à elle, 22 quintaux/hectare en Ardèche et réajusté la rémunération des producteurs.
« Nous sommes à 80 % des potentiels, nous avons de très belles germinations sur toutes les espèces, a estimé Claude Marion, gérant de la SARL Les Semences de la Drôme. Le frein de production sera sûrement la façon de récolter, si nous ne faisons pas l'effort de nous équiper... Nous avons très peu d'andaineuses dans la région. » Cette assemblée générale était d'ailleurs l'occasion de rappeler aux adhérents le listing des prestataires (ETA, producteurs et multiplicateurs) susceptibles de disposer d'andaineuses, un listing mis en place par la fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (Fnams) dans le but d'améliorer les récoltes. 
A. L.

 

Semences / Evolution des surfaces et des productions
La Drôme est le premier producteur de semences de la région Sud-Est (9 795 ha en 2019 toutes variétés confondues). La production de colza a fortement progressé (+ 48 %), ainsi que celle de pois chiche. Dans la Drôme, les surfaces d’oléagineux ont légèrement progressé (4 973 ha) et celles de maïs et sorgho stagnent (2 874 ha) depuis 2017. La production de céréales continue de baisser (- 23 %), ainsi que celle de la luzerne.
La production en agriculture biologique concerne 471 ha en Drôme (+ 5 %) et progresse particulièrement en oléagineux, soja et tournesol notamment, et en semences potagères (pois chiche et ail).

A. L.

 

 

Laura Brun, ingénieur à la Fnams.

ESSAIS /Quelles solutions non chimiques pour la gestion des bioagresseurs ?

Dans le cadre de l’expérimentation système AgroSem, des essais techniques viennent d’être entamés à Brain (49), Condom (32) et Castelnaudary (11) par la fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (Fnams) afin de produire des semences de qualité sans utiliser de produit phytosanitaire. Tous les leviers agroécologiques sont actionnés à l’échelle du système de culture, a expliqué Laura Brun, ingénieur à la Fnams. Basés sur une rotation de huit ans, ces essais comportent chacun au moins une céréale, un protéagineux, une fourragère, une potagère et une betterave en production de semences sur de grandes bandes de 120 mètres de long. Parmi ces cultures, diverses zones refuges pour les auxiliaires ont été mises en place (bandes fleuries et bandes enherbées). Objectif : évaluer les indicateurs agronomiques, environnementaux, économiques et de temps de travail de solutions non chimiques pour la gestion des bioagresseurs. Un véritable enjeu pour la pérennité des cultures porte-graine.