Semences : les besoins en eau au cœur des inquiétudes

Avec 10 000 hectares en 2018 contre 9 485 en 2017, la Drôme demeure toujours le premier département producteur de semences dans la région Sud-Est du Gnis (groupement national interprofessionnel des semences et plants). Elle est suivie par le Puy-de-Dôme (6 637 ha) puis l'Isère (5 609 ha). Ces chiffres ont été communiqués par Philippe Roux, délégué régional du Gnis à l'assemblée générale des Sams (syndicat des agriculteurs multiplicateurs de semences) de la Drôme et de l'Ardèche, le 15 février à Marsanne. L'an dernier, 659 agriculteurs drômois ont cultivé diverses espèces de semences (contre 616 en 2017), et trente entreprises ont déposé des contrats. Avec une hausse des surfaces et du nombre d'agriculteurs multiplicateurs de semences, la filière se porte bien. Jacques Chirouze, président du Sams Drôme - qui avait à ses côtés son homologue ardéchois Benoît Vignal - remarque : « Notre région intéresse de plus en plus les entreprises de semences. Nous avons le climat et, même si le vent peut poser problème, il reste bénéfique pour lutter contre les maladies. »
Des résultats hétérogènes
Comme à l'accoutumée, la diversité des espèces produites est grande : céréales à paille, fourragères et gazon, maïs et sorgho, oléagineux, potagères et florales, protéagineux. « Le bilan pour l'année 2018 est moyen avec des résultats hétérogènes selon les cultures, rapporte Jacques Chirouze. Les aléas climatiques y sont pour beaucoup, avec un niveau de pluviométrie important au printemps puis un été très sec. »
Par rapport à 2017, les céréales à paille ont retrouvé un peu de vigueur avec 788 ha (+ 4 %). Les légumineuses (semences fourragères) ont perdu 86 ha (- 19 %). A l'inverse, les oléagineux ont gagné 333 ha. En tournesol semence (+ 0,5 %), le département de la Drôme est toujours le premier département de France. Il en va de même pour l'ail semence (+ 5 %) qui compte 21 hectares supplémentaires en 2018.
Forte évolution du pois chiche semence
Avec 185 ha de plus qu'en 2017, les semences potagères et florales suivent donc la tendance, notamment grâce à une forte évolution du pois chiche (+ 653 %). Enfin, le maïs-sorgho, qui avait reculé de 821 ha en 2017, regagne un peu de terrain avec 76 hectares, et affiche une récolte de maïs supérieure à l'an passé (+ 3 %).
De leurs côtés, les semences bio progressent mais le représentant du Gnis a signalé un manque d'agriculteurs pour répondre à la forte demande. Ce sujet sera abordé en septembre prochain lors du Salon Tech&Bio, à Bourg-lès-Valence.
Pour l'année 2019, l'inquiétude provient principalement de l'irrigation. « Nous espérons avoir de l'eau pour la campagne qui arrive. Depuis quelques années, nos réserves sont très limitées entre les mois de juin et d'août. De plus, nous avons toujours la crainte de restrictions. J'espère donc qu'on n'aura pas un été trop sec », poursuit Jacques Chirouze. Avant d'ajouter : « Nous essayons de ramener l'eau du Rhône pour sécuriser nos producteurs, nos entreprises. Sinon, ce serait terrible pour l'économie. » En 2020, une station de pompage verra le jour à Allex : cela permettra de soulager les prélèvements dans la rivière Drôme et de solutionner les problèmes d'irrigation.
Après le renouvellement des membres du conseil d'administration, Jacques Chirouze a annoncé son départ de la présidence, neuf ans après sa prise de fonction à la tête du Sams de la Drôme. Un nouveau bureau sera élu courant mars.
A. P.
Semences / Ces dernières années, la Fnams affiche une attention particulière au biocontrôle, méthode de protection des cultures s’appuyant sur des mécanismes naturels de régulation des bioagresseurs.
Le biocontrôle, entre études et développement
Lors de l’assemblée des Sams de la Drôme et de l’Ardèche, Julie Gombert, ingénieure d’études à la Fnams, est intervenue sur le biocontrôle et ses perspectives en production de semences. Depuis plusieurs années, des essais sont effectués pour lutter contre les bioagresseurs. Il n’est, ici, pas question de les éradiquer mais de gérer les populations. Sur cultures porte-graine, la Fnams a entre autres étudié le comportement du tychius, principal ravageur de la luzerne, du mildiou de l’oignon, des maladies foliaires et du lixus de la betterave ou encore de la fusariose de la carotte. « Les essais réalisés ont montré des résultats prometteurs, souligne Julie Gombert. Cependant, ils restent bien souvent décevants au champ. »Une efficacité limitée
L’utilisation de produits de biocontrôle a donc ses limites. « De nombreux facteurs influencent leur efficacité : l’espèce et sa variété, les conditions environnementales, le stade et l’état de développement de la plante, la persistance de l’action, l’interaction avec d’autres intrants ou encore les modalités d’application des produits, explique Julie Gombert. Cela rend ainsi plus complexe l’utilisation de ces derniers. »
Aujourd’hui, peu de produits de biocontrôle sont disponibles et ceux existants sont mal connus ou mal utilisés. Toutefois, l’intervenante rappelle que des progrès en matière de biocontrôle sont attendus en raison d’une dynamique marquée avec l’implication de la recherche publique, des firmes et des instituts techniques mais aussi grâce à un soutien politique agricole marqué (plan Ecophyto 2, loi d’avenir pour l’agriculture…). Le contexte s’annonce donc favorable pour le développement du biocontrôle dans les métiers des semences. A. P.
