Semis du maïs : c’est bien parti !

La précocité des semis reste un levier essentiel pour la compétitivité du maïs. Les avantages recouvrent plusieurs registres : date de récolte plus précoce et (ou) niveau d'humidité plus bas ; économie de frais de séchage et qualité sanitaire préservée ; respect de l'intégrité de la structure de sol ; esquive partielle par l'atteinte des phases clés de mise en place du rendement avant les stress, ou les éventuelles restrictions estivales d'irrigation. Ces avantages l'emportent sur les inconvénients : risque de gelée à la transition florale (à partir du stade 6 feuilles) ; vulnérabilité potentiellement accrue aux attaques de taupins, d'oscinies et de corbeaux ; maîtrise plus pointue du désherbage (levées échelonnées et limite de persistance des herbicides).
La possibilité de semer tôt dépend avant tout du type de sol et notamment des capacités de ressuyage et de réchauffement. En général, les possibilités sont plus limitées en sols lourds, froids battants ou hydromorphes, restreintes en sols limoneux ou sableux, et plus larges en sols aérés de type argilo-calcaire et limons argileux sains. Néanmoins, la situation doit s'apprécier au cas par cas. En limons battants, il faut être particulièrement vigilant aux préparations trop fines en surfaces qui pourraient s'avérer battantes au retour des pluies. Tout peut être compromis si la levée n'est pas assez rapide ! D'une façon générale, mais en particulier dans ces situations, la fertilisation starter est recommandée.
La peur d'un coup de froid ?
Le maïs comme la plupart des plantes est sensible au froid. Des températures négatives sous abri peuvent altérer son développement. Pourtant, comme il cache son apex sous la surface du sol jusqu'à l'émission de la 6e feuille, c'est surtout le feuillage qui sera affecté en cas de gel. Les limbes blanchissent et peuvent se nécroser si le gel est intense et persiste. Cette présentation alarmiste doit être tempérée par le fait que le gel n'affecte généralement pas toute une parcelle et par la capacité de la plante à émettre de nouvelles feuilles.
En fait, par expérience, la sensibilité du maïs au froid est surtout à prendre en compte au moment dit de la transition florale, c'est-à-dire vers 8 feuilles, lorsque les organes reproducteurs se mettent en place et que le futur épi se forme. Les récentes études sur la physiologie de celui-ci au stade jeune ont montré qu'un maïs ayant subi un épisode de froid très précoce sera plus apte à résister à un second plus tardif. Bien que les années se suivent mais ne se ressemblent pas, les plantes de maïs ne devraient pas être pénalisées par le printemps.
Quel engrais starter choisir ?
L'utilisation d'un engrais starter est intéressante pour que les maïs se développent vite au démarrage. C'est également un atout supplémentaire pour contourner une attaque de taupin. Quelle forme choisir ? Six microgranulés ont été testés aux doses recommandées et comparés à la référence 18‐46 appliquée pleine dose. Ils sont moins efficaces que le DAP utilisé à pleine dose (100 kg/ha dans les essais, soit 46 kg de P2O5/ha). L'écart de vigueur de ‐ 0,5 % MS entre microgranulés et 18‐46 est significativement en faveur du 18‐46, tandis que le rendement n'est pas significativement affecté. En conclusion, les doses limitées de phosphore apportées avec les microgranulés ne permettent pas souvent d'atteindre la réponse optimale au starter, même en sol bien pourvu. Un complément avec un apport en plein est donc impératif en sol pauvre.
Alors on sème !
Cette année, les conditions de préparation des terres dans l'Est de la France sont bonnes. La période sans pluie qui se prolonge depuis un bon moment, entrecoupée, par-ci par-là, d'averses est favorable. Dans les parcelles les plus sèches, on observe un dessèchement progressif des horizons de surface. Dans ces conditions, moins les façons préalables seront nombreuses, mieux l'humidité sera conservée. Les préparations creuses et soufflées doivent être proscrites car, en limitant le contact graine-sol et racines-sol, elles peuvent limiter l'humidification de la graine et l'alimentation hydrique et minérale de la jeune plante. Rappelons que ce n'est pas la vitesse de levée qui est primordiale mais plutôt son homogénéité. Les plantes doivent toutes lever en même temps. Peser les plus et les moins doit être fait pour chaque situation (parcelle infestée de taupins, colonisée par les mauvaises herbes, battante à réchauffement lent etc.)
Thibaut Ray, Arvalis-Institut du végétal