Semis solidaire de blé pour la reconquête des friches !

Les chiffres parlent d'eux même. Au rythme de 24 mètres carrés par seconde, soit l'équivalent d'un département agricole en moins tous les dix ans, d'un terrain de foot toutes les 5 minutes ou de 59 baguettes de pain par seconde, la consommation de foncier agricole continue et s'accélère en France.
De 2010 à 2015 dans la Drôme, plus de 500 hectares de surfaces agricoles ont ainsi été perdus chaque année : 272 ha par artificialisation et 232 acquis par des particuliers lors d'un achat résidentiel ou de loisirs. C'est comme si une ville équivalente à 1,4 fois Grenoble avait été construite en l'espace de cinq ans !
En friche depuis vingt ans !
Pour dénoncer cette consommation de terre et faire prendre conscience aux élus, aux propriétaires fonciers et au grand public de la nécessité de reconquérir le foncier agricole à l'abandon, des membres du syndicat Jeunes Agriculteurs de la Drôme ont labouré et semé, à titre symbolique, une parcelle de deux hectares laissée en friche depuis vingt ans ! Située dans la zone des Portes de Provence à Montélimar, où presque 15 ha au total demeurent abandonnés, elle est la propriété de l'agglomération montilienne.
L'opération s'est déroulée samedi 2 décembre en milieu de matinée. « Arrêtons ce gaspillage et ne laissons pas disparaître notre outil de travail qu'est la terre, ont clamé les membres de Jeunes Agriculteurs. Et rendez-vous cet été pour la moisson du blé dont le bénéfice sera reversé aux Restos du Cœur. »
Les freins à l'installation sont multiples mais l'accès au foncier reste le principal problème. « Trop de terres sont bloquées en vue d'une urbanisation excessive, trop de terres sont laissées en friches par des propriétaires attachés à l'idée que leurs parcelles seront un jour constructibles, soulignent les Jeunes Agriculteurs de la Drôme. Notre métier est un atout économique, générateur d'emplois, de valeur ajoutée, garant de la beauté de nos paysages. Il ne doit pas disparaitre au profit de zones résidentielles ou de supermarchés. »
« Concilier développement économique et agriculture »
Conscients que pour satisfaire les besoins de tous il faut cohabiter, « apprenons à concilier développement économique et agriculture », ajoute le syndicat. Ses membres ne sont pas contre l'agrandissement « fait intelligemment » de zones artisanales, résidentielles ou industrielles. « Mais, aujourd'hui, trop de projets bloquent des surfaces bien supérieures aux besoins réels », constatent-ils. Ils demandent que les nouvelles zones soient construites en priorité sur les terrains les moins fertiles, non irrigables et où l'enjeu agricole est moindre. Ils dénoncent chez des collectivités des réserves foncières inutilisées pendant parfois plusieurs années et qui pourraient être travaillées par des agriculteurs en attendant que les constructions se concrétisent. Aussi, ils proposent le reclassement de ces surfaces en zone agricole si, au bout d'un certain temps, aucune infrastructure n'est projetée.