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Innovation

Senura : un labo pour le colléto

Le laboratoire de la station de recherche nucicole de Chatte vient d’être rénové pour développer ses travaux sur les maladies et les ravageurs.
Senura : un labo pour le colléto

Présente à Chatte depuis presque 40 ans, la station expérimentale de recherche nucicole en Rhône-Alpes, ou Senura, vient de moderniser son laboratoire de recherche. « La recherche nucicole permet de répondre aux enjeux de demain : climat, alimentation, nouveaux ravageurs et nouvelles maladies, a indiqué son co-président Christian Mathieu. Elle est en veille permanente et produit des solutions innovantes comme la lutte alternative, le biocontrôle ou l'agriculture de précision, qu'elle soit conventionnelle ou biologique ». Il importait donc d'offrir à la dizaine de chercheurs et de techniciens qui travaillent sous la responsabilité de Florence Reiner « de bonnes conditions de travail pour aller plus loin ».
L'ancienne unité d'observation de 55 m2 a été redécoupée pour créer un laboratoire stérile, une pièce dédiée à l'élevage pour le travail sur les ravageurs et une pièce d'observation. Le montant de l'investissement s'élève à 120 000 euros. Il a été financé par un appel à projet piloté par la Région, sur des fonds européens au titre du développement de techniques de recherches sur le collétotrichum.

Manipuler en toute sécurité

La Senura opère dans trois champs de compétences : la recherche appliquée, la production de résultats et la diffusion de techniques innovantes associée à la la formation. Elle dispose de son propre verger de 30 hectares et de plateformes d'essais chez les producteurs. Au moment de la récolte, elle peut par exemple rendre ses observations sur le taux d'humidité à la sortie du séchoir, sachant que, pour l'AOP noix de Grenoble, celui-ci est de 12 %. C'est la noix trop sèche qui donne des aphtes, précisent d'ailleurs les professionnels. La salle d'observation comprend aussi un atelier de cassage et de calibrage pour évaluer la qualité des cerneaux, notamment leur couleur, l'ivoire étant celle de référence, qui a fait la réputation de la noix de Grenoble.
La Senura poursuit un gros travail de recherche en matière de le collétotrichum, ce champignon présent partout dans le monde mais arrivé sur les noix en 2011. « C'est une maladie naissante, les moyens de lutte sont encore limités et nos recherches portent sur les sources de contamination et de concentration », précise Florence Reiner.
Le laboratoire attenant est équipé d'une hotte Sorbonne pour que les chercheurs puissent manipuler les produits en toute sécurité, de même qu'un poste de sécurité microbiologique, toujours pour sécuriser les manipulations et éviter la contamination des produits. Il dispose désormais de deux enceintes climatiques au sein desquelles la température, l'humidité et l'éclairage sont contrôlés, afin de réaliser des essais dans des conditions optimales. Il est également équipé de deux autoclaves pour stériliser les matériels et les déchets. La modernisation de l'outil permet d'augmenter le degré de sécurité des entrées et sorties du laboratoire.
Enfin, la salle d'élevage, en cours de finition, devrait accueillir les recherches sur la mouche du brou. Un doctorant, Landry Sarles, finalise actuellement le rendu de ses observations sur les différents dispositifs de piégeage de la mouche. Sa thèse, intitulée « Le développement de méthodes alternatives contre la mouche du brou », réalisée à l'université belge de Gembloux, sera présentée en septembre 2018.
« La Senura est la seule station de recherche appliquée sur la noix, les questions sanitaires sont au cœur de son métier », insiste Florence Reiner. 

Isabelle Doucet