Services de remplacement : une activité en forte hausse

Les cinq services de remplacement de la Drôme comptent 289 adhérents (dont 72 agricultrices), 12 agents en CDI et 321 en CDD. Et 5 921 journées ont été réalisées par ces services en 2017, soit 42 % de plus que l'année précédente (4 159). Ces chiffres, l'animatrice de Service de remplacement Drôme (la fédération départementale), Corinne Escaich, les a communiqués en assemblée générale le 20 mars à Bourg-lès-Valence. Une année qualifiée de « très importante en volume » d'activité par le président de cette fédération, Régis Aubenas.
Ainsi, comparées à 2016, les journées de remplacement pour motif de maternité sont passées de 1 016 à de 2 095 (+ 106 %). Au nombre de 1 475, celles pour congés se placent en deuxième position (- 5 %). Suivent celles pour accident ou maladie : 1 084 (soit + 34 %), dont plus de la moitié pour accidents. « Elles ne cessent d'augmenter depuis trois ans, s'est inquiété Régis Aubenas. Un tel niveau d'accidents n'avait jamais été atteint avant 2017. Cette dégradation interroge. » Considérant la prévention des risques au travail comme « une priorité », il a mis l'accent sur la poursuite des actions en ce domaine avec le service dédié de la MSA.
Des nouveautés
En termes de remplacement, deux nouveautés 2017 ont été rappelées. L'une est une enveloppe financière de la Région attribuée pour encourager les agriculteurs à prendre des responsabilités dans des structures. L'autre est le dispositif d'aide au remplacement pour épuisement professionnel, que l'on appelle « Répit ». Tous les agriculteurs pouvaient accéder à cette aide, quels que soient leurs productions et revenu, après évaluation de la situation d'épuisement professionnel par un travailleur social de la MSA. Le remplacement a été pris en charge à 100 % sur sept jours (continus ou discontinus) en moyenne. En Drôme, les services de remplacement ont réalisé 368 journées dans ce cadre.
Un « Répit » très demandé
Frédérique Bodnar, du département action sanitaire et sociale de la MSA Ardèche-Drôme-Loire, a dressé un bilan « très positif » du dispositif « Répit » (voir ci-...). « Tout le monde a joué le jeu », a-t-elle souligné. « On se rend compte qu'il y a un réel besoin, une fragilité des agriculteurs du point de vue social », a remarqué Régis Aubenas. Et Guy Péran, élu MSA Ardèche-Drôme-Loire, a appuyé : « Il y a beaucoup de burn-out ».
Pour cette aide au « Répit », l'Etat a délégué une enveloppe exceptionnelle de près de 4 millions d'euros sur 2017 à la caisse centrale de la MSA. La MSA Ardèche-Drôme-Loire a reçu quelque 130 000 euros au départ puis, vu le nombre de demandes, une rallonge de 60 000 euros, a indiqué Guy Péran. Des dossiers engagés en 2017 n'ont pu être réalisés qu'en 2018, pour environ 20 000 euros pris sur les fonds de son comité d'action sanitaire et sociale. A priori, l'Etat ne reconduira pas ce dispositif cette année. La MSA Ardèche-Drôme-Loire pourrait financer une aide sur ses fonds propres mais l'enveloppe ne pourra atteindre celle allouée par l'Etat l'an passé.
Des difficultés de recrutement
Au niveau des services de remplacement de la Drôme, « "Répit" n'a pas été simple sur le plan du travail, a noté Régis Aubenas. Nous n'avons pas pu assurer avec nos salariés et vacataires, il a fallu recruter. 321 CDD, c'est lourd à gérer administrativement, d'autant plus que c'était sur de courtes durées. Mais le dispositif a bien fonctionné. Les bénévoles et services ont été réactifs. Et la collaboration avec la MSA a été exemplaire. » La MSA, qui reste le « premier financeur du remplacement », a-t-il rappelé, lorsqu'il a salué ce soutien et les autres : la chambre d'agriculture, Groupama, le Département, la Région, l'Etat, ainsi que des partenaires comme l'Adefa(1) et le GDS(2). Cette année, Service de remplacement Drôme espère pouvoir concrétiser un autre partenariat, cette fois-ci avec le Sdis(3) pour le remplacement des agriculteurs pompiers bénévoles.A cette assemblée générale encore, le président du service de remplacement de Romans, Jean-Baptiste Vye, a alerté sur les problèmes de recrutement. Les services de remplacement ont du mal à trouver des salariés intéressés et à les garder dans le temps. « Des vacataires et des CDI sont recherchés, a-t-il précisé. Et ce n'est pas un problème de salaires ».
Annie Laurie
(1) L'Adefa, association départementale emploi formation en agriculture, met à disposition à temps partiel Corinne Escaich pour la coordination et l'animation de Service de Remplacement Drôme.
(2) Le GDS (groupement de défense sanitaire) finance le reste à charge du remplacement de ses administrateurs lors de réunions.
(3) Sdis : service départemental d'incendie et de secours.
Le remplacement dans la Drôme
Cinq services de remplacement : Jeunes Agriculteurs de la Drôme, Bourdeaux, Herbasse-Galaure-Valloire, Romans, Vercors.Au total, 5 921,5 journées en 2017 (contre 4 159,5 en 2016) se répartissant ainsi par motifs :
- maternité : 2 095,5 (35,5 % du global) ;
- congés : 1 475,5 pour (25 %) ;
- maladies ou accidents : 1 084 (18 %) ;
- développement agricole : 411 (7 %) ;
- paternité : 175,5 (3 %) ;
- complément de main-d'œuvre : 158,5 pour (3 %) ;
- formation : 82,5 (1,5 %) ;
- mandat syndical : 71 (1 %) ;
- aide « Répit » : 368 (6 %).
Le bilan de « Répit »
Au plan national : près de 3 500 agriculteurs bénéficiaires de l'aide au remplacement pour épuisement professionnel et de 28 000 journées prises en charge.Au niveau du territoire de la MSA Ardèche-Drôme-Loire : 215 bénéficiaires et 1 154 journées dont 1 068 réalisées par des services de remplacement.
En Drôme : 84 bénéficiaires et 423 journées dont autour de 90 % réalisées par des services de remplacement (le reste par des salariés en emploi direct avec utilisation de Tesa*). Coût total : près de 62 200 euros.
Typologie des bénéficiaires : deux tiers d'hommes et un tiers de femmes.
Répartition par classes d'âge : 5 % entre 21 et 30 ans, 27 % entre 31 et 40 ans, 28 % entre 41 et 50 ans, 35 % entre 51 et 60 ans, 5 % de plus de 60 ans.
Secteurs d'activité : 69 % dans l'élevage de bovins, ovins, porcins, caprins ; le reste en équins, volailles, viticulture, maraîchage-horticulture, céréales et polyculture.
Situation de l'exploitation : difficultés personnelles ou financières ou d'organisation du travail, parfois plusieurs raisons.
Durée du remplacement : en moyenne 7 jours, utilisés essentiellement pour prendre des jours de repos, week-ends, du temps en famille, se former, participer à des actions collectives...* Tesa : titre emploi simplifié agricole.