Mardi 25 février, jour de l'inauguration des espaces Auvergne-Rhône-Alpes au Salon international de l'agriculture (SIA) à Paris, Laurent Wauquiez avait les yeux rivés sur sa région et son agriculture, dont il rappelle à l'envi « qu'elle constitue une dynamique essentielle du territoire ». Derrière les mots, il y a des actes, avec un budget agricole à 106 M€ pour 2020, multiplié par trois depuis que le président de Région a pris les commandes de la collectivité. Les professionnels le reconnaissent, comme cet éleveur savoyard qui lui a confié : « Avec vous, les choses avancent. Surtout restez comme vous êtes ». Sur le Salon, qui s'est déroulé du 22 au 29 février Porte de Versailles à Paris, la Région a fait campagne pour dire « Merci à nos agriculteurs » et mis les moyens. « On n'a jamais eu un stand de produits régionaux aussi grand et le choix d'Idéale, la vache égérie du Salon venue du Rhône, est une fantastique image de marque. » Derrière le discours, il y a manifestement aussi un attachement profond à une profession malmenée par des difficultés de rentabilité et un agribashing nauséabond. Hall 1, celui des animaux d'élevage, Laurent Wauquiez a croisé des têtes connues, pris des nouvelles de la famille, interrogé sur les dernières performances de l'animal en lice pour le concours général agricole... En discussion avec des éleveurs de Villars-de-Lans (Isère), il s'est félicité du petit coup de pouce de la Région pour acheter une quinzaine de cloches, et d'interpeller son vice-président en charge de l'agriculture, Jean-Pierre Taite, pour lui suggérer d'étendre la démarche à d'autres races. Mais derrière la convivialité du moment, et la volonté de rasséréner les troupes, le président de Région n'a pas caché son inquiétude : « si la Pac baisse, tout ce qu'on a fait ne servira à rien ».

1000 mètres carrés et cinq restaurants

Hall 3, le village Auvergne-Rhône-Alpes a été pendant huit jours la vitrine de l'authenticité, de la qualité et de l'étonnante diversité des produits et savoir-faire régionaux. Sur une surface de 1000 m² et avec la présence de cinq restaurants, les productions agricoles d'Aura ont été mises en scène lors des journées territoires animées par le Comité Auvergne-Rhône-Alpes Gourmand, les chambres départementales d'agriculture et les filières régionales. « Nous sommes la première région de France pour ses produits de qualité, pour le bio et pour les produits de montagne », s'est réjoui Laurent Wauquiez. Avant lui, le président de la chambre régionale d'agriculture, Gilbert Guignand, avait pour sa part choisi de saluer les initiatives du président d'Aura de valoriser les productions du territoire, à travers les marques La Région du Goût et La Région dans mon assiette. « Le manger local a dépassé les limites de la région », a-t-il déclaré. De l'excellence agricole à l'excellence gastronomique, il n'y a qu'un pas. Mardi dernier, le président d'Aura avait à ses côtés, Davy Tissot qui représentera la France lors des prochains « Bocuse d'Or » en 2021. « Nous sommes partenaires de cet événement culinaire. Et bien entendu, nous voulons ramener des Bocuse d'Or à la maison », a-t-il déclaré.

Sophie Chatenet et Sébastien Duperay

L’agneau au cœur  de l’assiette

Remettre l’agneau au menu des cantines scolaires, et plus globalement de la restauration hors foyer, est l’une des ambitions de la filière ovine régionale. A l’occasion du Salon international de l’agriculture, un partenariat inédit a été noué entre trois écoles hôtelières de la région et la section régionale ovine d’Auvergne-Rhône-Alpes. « L’idée est de sensibiliser les jeunes à la filière ovine de la fourche à la fourchette », explique Patrice Abdala, éleveur dans l’Allier et président de la section régionale ovine. Le challenge baptisé « l’agneau au cœur de l’assiette », a mobilisé le lycée Marie Rivier (Ardèche) et les MFR de Buis-les-Baronnies (Drôme) et Le Fontanil (Savoie).
Pour Christophe Moyne-Picard, professeur de boucherie au sein de cette dernière, « les jeunes ont rapidement adhéré au projet ». Celui-ci a démarré par une visite d’exploitation. Sur le terrain, nourris des rencontres avec les éleveurs, les jeunes ont pu mesurer « qu’une bonne viande, cela passait d’abord par un bon élevage ». Avant de travailler l’agneau en cuisine, les lycéens ont produit un rapport et un reportage photos. « C’est important pour nous qu’au-delà du produit ils aient pris conscience du rôle joué par notre production dans la vitalité des territoires. Ils sont désormais armés pour véhiculer tous les bienfaits de l’agneau », estime Patrice Abdala. n