Sitevi : entre les rangs, les idées neuves fermentent

Organisé tous les deux ans à Montpellier, le Sitevi rassemble l'ensemble des outils et services dédiés à la filière viticole, des plants de vigne aux tonneaux, en passant par les technologies les plus avancées au champ comme au chai. Pas moins de 1 110 exposants étaient présents cette année. Plus diversifié que son pendant bordelais, le salon Vinitech-Sifel, organisé lui aussi tous les deux ans, le Sitevi draine une population viticole plus hétéroclite. Petites et grandes appellations s'y retrouvent autour de besoins complémentaires. En 2019, peut-être encore plus que précédemment, la majorité des exposants s'est emparée des mutations à l'œuvre dans l'univers vitivinicole. Adaptation aux contraintes climatiques, alternatives aux produits phytosanitaires, accélération de l'usage du numérique et fertilisation organique sont sans conteste les tendances du secteur.
Travail du sol
Avec le débat sur la disparition des herbicides, l'arrêt du glyphosate ou la consultation sur les zones de non-traitement, les outils de travail du sol ont le vent en poupe. Au regard du prix de certains appareils, des viticulteurs restent toutefois dubitatifs : « Les vignerons des grandes appellations vont pouvoir investir là-dedans mais, pour nous, ce n'est pas adapté. Et puis, combien de fois va-t-il falloir passer demain dans nos vignes avec ces engins pour retrouver la même efficacité qu'avec le glyphosate que l'on utilisait pourtant avec parcimonie », confiait un vigneron perpignanais. La solution d'un investissement en cuma semble la plus probable pour bon nombre d'agriculteurs, y compris sur le volet main-d'œuvre. Dans ce monde en mouvement, les robots pourront probablement devenir d'ingénieux auxiliaires. « Ils pourront résoudre les problématiques de main-d'œuvre. Mais il est nécessaire d'être patients, car nous n'en sommes qu'aux balbutiements, estime Renaud Cavalier, conseiller à la chambre d'agriculture du Gard. Encore quelques années et ces robots intéresseront surtout les filières et les régions où la valeur ajoutée permet le financement de tels investissements. »
Fertilisation
Du côté de la fertilisation, ça bouillonne aussi au sein de la filière viticole. En effet, devant l'évolution des besoins des exploitants viticoles, beaucoup d'entreprises innovent pour favoriser le potentiel des plantes et mieux utiliser les ressources du sol, dans une logique agroécologique. Nombreuses sont les entreprises exposantes au Sitevi à s'être engouffrées dans ce marché des fertilisants nouvelles générations. « La stimulation des défenses naturelles des plantes est une option pour aller vers la réduction de l'utilisation de produits phytopharmaceutiques conventionnels. Les bio-stimulants peuvent quant à eux être un moyen pour limiter les apports en engrais minéraux », expliquent les acteurs du secteur. Oligo-éléments pour renforcer le système racinaire, acides aminés pour favoriser la pousse, extraits d'algues, valorisation du fumier des ovins des Alpes... les propositions sont légion et les résultats plutôt probants.
Sophie Chatenet
Nouveauté / En plein dans l’actualité avec le débat autour des zones de non-traitement, l’Irstea a présenté au Sitevi son dispositif Bliss.
Bliss, le pulvé quasi « zéro dérive »
«Pour mettre au point ce procédé, je suis parti d’une page blanche en revenant aux principes fondamentaux de la pulvérisation, explique Vincent de Rudnicki, chercheur à l’Irstea à l’origine du projet Bliss (Blade low impact spray system). La philosophie du projet était d’appliquer la juste quantité de produit par plante, sans avoir besoin de récupérer ce qu’on aurait mis en trop, en réalisant un véritable confinement. » Le système imaginé par le chercheur et son équipe exploite l’effet « Coanda », bien connu en aéronautique, afin de créer une barrière d’air qui guide le traitement vers la végétation et empêche la perte de produit. Un puissant souffle d’air est expulsé et forme un anneau capable de confiner le produit. Un prototype a été mis au point et testé par l’Irstea sur une vigne artificielle en utilisant les protocoles de mesures associés. Ses performances ont été comparées aux pulvérisateurs du commerce, face par face ou en voûtes, et les résultats sont édifiants : là où ces derniers ne dépassent pas 67 % (pleine végétation) et 72 % (début de végétation) de produit effectivement déposé sur les feuilles, Bliss permet d’atteindre des qualités de couverture jusqu’à 87 % avec moins de 0,3 % de perte de produit dans l’air et moins de 2 % au sol. Le dispositif a été récompensé d’un prix dans le cadre du concours de l’innovation organisé par le Sitevi.S. C.
