Sodiaal veut être “ dans le top 5 des entreprises du secteur d’ici 2025 ”

Vous avez annoncé un nouveau plan stratégique pour Sodiaal à l'horizon 2025, pourriez-vous nous en dire plus ?
Damien Lacombe : « Les différents rapprochements, notamment avec la reprise d'Entremont, nous ont permis d'arriver à une taille critique et de nous diversifier sur tous les métiers du lait. Aujourd'hui, nous abordons une nouvelle étape du déploiement de Sodiaal, avec une stratégie de développement axée sur la valeur ajoutée. C'est cette mission que nous avons confiée à notre nouveau directeur Jorge Boucas. Et pour que cela fonctionne, il faut que les règles du jeu soient claires. D'où la décision de répartir le bénéfice pour un tiers en ristourne auprès des producteurs, un tiers en placement long terme dans la coopérative et un tiers en réserve pour faire perdurer les investissements. Nous sommes aussi en réflexion sur une nouvelle formule de calcul de prix avec les adhérents. »
Comment allez-vous mettre en œuvre ce plan stratégique ?
Jorge Boucas : « Notre objectif est d'entrer dans le top 5 des entreprises du secteur d'ici 2025 en termes de rentabilité. Pour cela, nous allons axer nos développements sur les produits à valeur ajoutée. Pour financer ces derniers, nous nous appuierons sur un plan de performance visant à générer 150 millions d'euros d'économie en quatre ans (optimisation des achats, performance industrielle, norme qualité, etc). Nous n'envisageons pas de fermeture d'usines, peut-être des ajustements de capacités sur certains sites.
Damien Lacombe : « Sodiaal continuera à collecter le lait de ses 20 000 producteurs sur 70 départements. C'est très important pour la coopérative de maintenir ses bassins de collecte et outils de transformation sur tout le territoire.
Du côté des investissements, la coopérative compte ajouter 230 millions d'euros sur les huit ans à venir au 80 à 100 millions d'euros déjà attribués annuellement. »
Vous évoquez une nouvelle formule de prix auprès de vos adhérents, en quoi consiste-t-elle ?
Damien Lacombe : « Cette formule de prix est en test actuellement. Elle doit intégrer un suivi de notre mix-produit à partir d'indicateurs internes à la coopérative et prendre en compte les indicateurs en discussion actuellement au Cniel. Nous y avons réfléchi depuis plusieurs mois. Elle sera soumise au vote lors de la prochaine assemblée générale. Aussi, les modalités de calculs de prix resteront identiques à ceux d'aujourd'hui durant toute la première partie de l'année prochaine. Nous resterons donc assez connectés au marché allemand qui amènera des indicateurs élevés pour le début de l'année. À nous de veiller à l'équilibre du prix sur l'année. »
Développer des produits à haute valeur ajoutée, qu'est-ce que cela signifie exactement en termes de stratégie ?
Jorge Boucas : « Nous avons effectué une réflexion stratégique approfondie et un travail d'étude de marché très détaillé qui nous a permis de déduire dix initiatives clefs à travers quatre grands métiers que sont les fromages, le lait-crème-beurre, la nutrition infantile et les ingrédients. Ainsi, concernant le pôle fromage, il est, entre autres, question de développer les AOP-IGP à l'international, notamment en Allemagne, en Belgique, en Italie et en Espagne. Nous avons également développé un creamcheese à destination de la Chine. Le pôle nutrition infantile mise particulièrement sur le lait bio. Dans ce sens, un nouveau produit avec un process de fabrication unique doit sortir dans les prochaines semaines en Asie. De plus, pour compléter cette croissance organique, une stratégie de croissance externe opportuniste est envisagée, en France comme à l'international.
Damien Lacombe : « Il faut se souvenir que le lait liquide de consommation est plutôt un secteur en régression. Nous travaillons sur un projet de revalorisation de ce segment mais il nous faut aussi développer de la valorisation sur d'autres produits. Le beurre va rester sur une tendance intéressante dans les mois à venir, et cela même si la collecte mondiale progresse. Il faut aussi garder en mémoire que la Commission européenne va remettre sur le marché ses stocks de poudre, ce qui aura inévitablement un impact. »
Propos recueillis par Émilie Durand