Soigner les arbres et petits fruits par les plantes

L'une des premières étapes du projet Soigner les arbres et les petits fruits par les plantes a été la réalisation d'un voyage d'étude avec une vingtaine d'agriculteurs de la région chez Éric Petiot. Paysagiste formateur, il est l'auteur de nombreux ouvrages et donne plusieurs formations autour de la thématique du soin des plantes par les plantes. Son centre de formation lui permet de mettre au point des expérimentations, de les suivre et de proposer des protocoles aux producteurs pour fortifier le végétal ou lutter contre des ravageurs et maladies en préventif ou curatif.
Le sol, comme élément clé
« Il faut nourrir les micro-organismes du sol et des végétaux, car ce sont eux qui solubilisent les éléments pour les végétaux », explique en préambule Éric Petiot. Dans les formations, la clef de voûte de ses interventions est que pour avoir une plante qui puisse grandir ou se défendre, il faut un sol sain et des micro-organismes en quantité et qualité suffisantes. Les extraits fermentés peuvent être l'un des éléments pour favoriser cette vie du sol. Plusieurs expérimentations sont en cours sur « buttes » avec différentes constructions de sols (avec basalte, purin, fumier, engrais vert, extrait fermenté...). Elles sont mesurées de près pour connaître et suivre les potentiels des sols à travers plusieurs critères : le paramagnétisme, la conductivité, le pH et le redox du sol, et sa capacité à dégrader les matériaux. Un des éléments qui manque dans la plupart de nos sols est notamment le paramagnétisme, qui peut être apporté par de la poudre de basalte. Pour réaliser ces mesures, du matériel spécifique existe et a fait ses preuves. Ce matériel d'analyse (pH mètre, redox mètre, conductivimètre) a été acheté et est actuellement testé par un groupe de producteurs en petits fruits en Ardèche, avec des préconisations et un suivi des pratiques. À l'avenir, d'autres groupes pourront bénéficier de cette expertise locale et s'organiser pour acheter collectivement ce matériel.
Comment rétablir les paramètres et équilibrer son sol ?
« Plus il y aura de micro-organismes dans vos terres, meilleures seront vos cultures », avance Éric Petiot. Il suggère donc d'en apporter en conséquence (extraits fermentés, petit lait, micro-organismes efficaces...), de les nourrir avec de la fumure, des engrais verts..., de les maintenir (poudre de basalte, poudre de charbon de bois, zéolite...), et de les protéger (couverture du sol, non-labour...). Un bon sol a notamment un paramagnétisme élevé, il se mesure en cm/g/s et révèle la capacité d'accueil du sol pour favoriser et retenir les micro-organismes, digérer les apports organiques..., il varie de - 300 à + 3 000 cgs. Un protocole a donc été proposé pour être réalisé dans les sols car il est très rare actuellement de trouver un sol avec un bon paramagnétisme au-dessus de 100 cgs. Les participants avaient apporté des échantillons de sols et peu d'entre eux dépassaient les 20 cgs.
Les apports possibles
L'azote organique de la fumure de poule bio épandu sur un sol au-dessous de 12°C, se transforme en azote protéique (95 %). Cet azote protéique est favorable à la protéosynthèse. Cette synthèse de nombreuses protéines va apporter les matériaux nécessaires aux défenses naturelles de la plante et améliorer ainsi la résistance du végétal. Éric Petiot préconise la fiente de poule car l'azote se transforme facilement en azote protéique disponible pour la plante, mais d'autres amendements peuvent être utilisés en fonction des ressources disponibles localement (par exemple : sang séché ou farine de plumes). Épandu sur un sol au-dessus de 12°C, on obtient de l'azote soluble (95 %) favorisant seulement la croissance de la plante. Comme les végétaux ne peuvent croître et se défendre en même temps, un apport d'azote soluble trop important (3 % suffisent) force la croissance et empêche la résistance du végétal face aux agressions.
Les engrais verts contiennent des acides aminés (protéines) qui permettent de fixer l'azote organique et d'augmenter le taux d'azote. La poudre de basalte permet d'augmenter le paramagnétisme des sols, c'est la « capacité d'accueil du sol ». Plus le paramagnétisme est élevé, plus les micro-organismes du sol, qu'ils soient endogènes ou apportés, se maintiennent et se développent. Ces micro-organismes sont nécessaires à une bonne assimilation des engrais et amendements. La poudre de basalte permet aussi de rétablir le pouvoir tampon du sol par rapport aux ondes électromagnétiques et de favoriser les bons paramètres du pH, du potentiel redox et de la conductivité. La poudre de basalte contient 42 % de silice qui renforce les tissus des végétaux et stimule leurs résistances naturelles aux maladies et attaques parasitaires, et permet donc une meilleure résistance face aux maladies. Celle-ci est aussi riche en magnésium (9 %), essentiel aux plantes et à la photosynthèse, car c'est l'un des principaux composants de la chlorophylle. Il faut une activité microbienne intense pour l'assimilation de la poudre de basalte, d'où l'importance de l'ensemencer en micro-organismes grâce aux extraits fermentés.
Pour apporter les micro-organismes, vous pouvez pulvériser au sol des extraits fermentés (EF) de consoude et (ou) de luzerne avec du miel, dès que le sol est au-dessus de 12°C. Le dosage adéquat sera : EF luzerne (10 l) + EF consoude (10 l)/100 l d'eau / ha.
Le matériel pour fabriquer et contrôler ses préparations
Les extraits fermentés doivent être réalisés avec des plantes dites « minérales » (consoude, ortie...) et fraîches. Il faut 1 kg de plante fraîche pour 10 litres d'eau. En pulvérisation foliaire sur des arbres, on utilisera environ 200 litres par hectare. On pourra prendre des cuves en inox ou en plastique avec un robinet en bas, où l'on disposera un filtre au fond, similaire à un filtre pour trier le sable fin. Mettre les plantes entières pour éviter de les oxyder, ajouter de l'eau entre 18 °C et 35 °C pour que la fermentation anaérobie ait lieu rapidement, les imbiber d'eau et placer le couvercle flottant. Par exemple, à 14 °C, la fermentation durera un mois alors qu'à 35 °C elle ne pourra prendre qu'une semaine. Pour savoir si la fermentation est finie, faire couler un peu d'extrait dans un récipient, s'il y a une écume épaisse mais qu'en 30 secondes elle disparaît, c'est prêt. Si elle ne disparaît pas, c'est que la fermentation n'est pas terminée. Dans l'idéal, pour savoir si son extrait fermenté est réussi, mesurer son pH et son redox, avec un pH entre 5 et 8, et un redox autour de +100 mV.
Fleur Moirot, chargée de mission à Agri Bio Ardèche - Frab Aura
Prochain évènement
Un séminaire sera organisé le 22 mars sur le thème « Les préparations à base de plantes pour revitaliser le sol » avec Éric Petiot, Hervé Coves et Valo à l’Ineed Rovaltain, près de la gare Valence TGV. Contact : Brice Le Maire, Agribiodrôme : 06 82 65 91 32 - [email protected]