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ACCOMPAGNEMENT

Solidarité Paysans : ne pas rester seul face aux difficultés

Au cours de l’année 2021, l’association Solidarité Paysans a accompagné plus d’une centaine d’agriculteurs en Drôme et Ardèche face aux difficultés. Bilan de cette action à l’occasion de l’assemblée générale de l’association.

Solidarité Paysans : ne pas rester seul face aux difficultés
De gauche à droite : Alain Faure, co-président sortant, Philippe Patouillard, co-président et Sabrina Dupoux, salariée référente des accompagnements. ©AD26.

Une hausse de 10 % du nombre d’agriculteurs accompagnés entre 2020 et 2021, c’est le constat qu’ont dressé les responsables de l’association Solidarité Paysans Drôme Ardèche à l’occasion de leur assemblée générale fin mars à Châteauneuf-sur-Isère. Ainsi 103 agriculteurs, 75 en Drôme et 28 en Ardèche ont bénéficié d’un soutien de l’association pour faire face à des difficultés au cours de l’année écoulée, dont 32 nouvelles situations. Certaines sont en effet suivies sur plusieurs années.

L’accompagnement administratif est le plus fréquent

Comment les agriculteurs prennent-ils contact avec l’association ? Solidarité Paysans révèle que les personnes en difficulté sont principalement mises en contact via la MSA (service contentieux, travailleurs sociaux…), via internet et les médias, via des partenaires du réseau ou via des organes de justice. Les principales causes de difficultés viennent de la gestion administrative (19 % des cas), de la structure de l’exploitation (17 %) ou des investissements et de leur financement (13 %). Problèmes de santé, conjoncture économique, soucis familiaux, juridiques, événement climatique… sont par ordre décroissant les autres motifs de difficultés. Parmi les filières les plus touchées : l’élevage (bovin, caprin et ovin lait et viande) et les grandes cultures. 

Au vu des situations rencontrées, les accompagnements réalisés en 2021 ont majoritairement porté sur des questions administratives et sur le traitement de la dette. Mais les responsables de Solidarité Paysans insistent : « Plusieurs aspects peuvent être traités en même temps », allant jusqu’à des accompagnements à la reconversion professionnelle. 

1 000 heures de bénévolat

Une vingtaine de bénévoles sont intervenus en 2021, portant à 1 000 heures le temps de bénévolat consacré aux agriculteurs accompagnés. « C’est extraordinaire », a déclaré Henry Jouve, président de la MSA Ardèche-Drôme-Loire lors de l’assemblée générale, signalant combien « le temps des bénévoles fait partie du budget consolidé des associations ». Si la MSA propose de son côté un dispositif spécifique pour sortir des difficultés, en partenariat avec la chambre d’agriculture de la Drôme, baptisé Rebondir 26, elle encourage aussi le travail de l’association Solidarité Paysans pour laquelle elle a doublé la subvention allouée en 2021. « Une convention de partenariat a été signée en septembre 2021 avec pour objet une meilleure concertation et fluidité d’organisation avec le service social de la MSA sur l’accompagnement des agriculteurs », précise Solidarité Paysans.

Du côté du Département de la Drôme également, l’action de l’association est saluée. « Chaque professionnel peut douter à un moment de sa carrière. Solidarité Paysans est un plus sur notre territoire, qui maintient le lien et propose de la médiation. Vous êtes reconnus par des structures incontournables, dont les tribunaux, les banques... », a détaillé Agnès Jaubert, conseillère départementale déléguée à l’agriculture. Le Département de la Drôme est d’ailleurs le premier financeur de Solidarité Paysans Drôme Ardèche, à hauteur de 23 000 euros en 2021, suivi par la Région à hauteur de 20 000 euros. 

Sophie Sabot

ENQUÊTE

Santé psychique des agriculteurs

L’assemblée générale de Solidarité Paysans a été suivie d’une intervention d’Emmanuel Poussard, psychologue du travail. En 2021, il a mené une enquête auprès d’exploitants d’Ardèche et de Drôme sur le thème « En quoi l’évolution des pratiques agricoles contribue à la santé des agriculteurs.trices? » Cette étude s’inscrivait dans un projet universitaire plus large, financé par les ministères de l’Agriculture et de la Santé, qui portait notamment sur la santé psychique des agriculteurs et l’évolution de leur rapport au travail. Emmanuel Poussard s’est intéressé plus particulièrement aux « bénéfices psychiques » du changement de pratiques agricoles, notamment à la « reconstruction de liens » liés aux pratiques alternatives. Qu’il s’agisse de lien à la connaissance (nouvelles expérimentations, recherche en matière agricole) qui casse la « routine » du travail et stimule les agriculteurs ; de lien au collectif grâce au partage et échange d’expériences avec des pairs ou à un lien plus proche avec le consommateur grâce à des circuits de vente directe (marché, magasin de producteurs, paniers Amap…) ; ou de lien au vivant et à la nature. L’étude a ainsi porté sur les différents éléments qui permettent aux agriculteurs interrogés de « tenir dans leur métier ».