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Sécheresse

Sommes-nous au début d'une nouvelle sécheresse ?

Pas une goutte d'eau depuis plusieurs semaines, un vent qui assèche la végétation, des sols déjà secs en surface et qui « fument » comme en plein été (photo)... Sommes-nous entrés dans une nouvelle période de sécheresse ?
Sommes-nous au début d'une nouvelle sécheresse ?

 « J'ai l'impression de revivre la grande sécheresse de 2011 », lançait le 10 avril Nicolas Kraak, directeur du syndicat mixte d'hydraulique agricole du Rhône (Smhar). L'irrigation a démarré précocement début avril sur le secteur.
À cela s'ajoute la crainte de restrictions d'eau. Les nappes d'eau souterraines du département du Rhône et de la Métropole de Lyon ont été placées en vigilance début mars. « Côté Ouest, les retenues collinaires se sont bien remplies cet hiver. Côté Est, les nappes de l'Est lyonnais ne se sont pas assez rechargées, on démarre avec une situation difficile. » L'irrigation profite en ce moment au blé, à l'orge et aux cultures maraîchères, le colza peut attendre, indique Nicolas Kraak. Dans les monts du Lyonnais et les élevages fourragers, « on a demandé aux éleveurs de donner un premier tour d'eau sur les blés triticales. Nos sondes tensiométriques témoignent d'une sécheresse à 30 et 60 cm qui commence à galoper. » Le mot est lancé. « Nous sommes pour moi dans un début de sécheresse de printemps ! [...] L'évapotranspiration atteint 6 mm / jour, digne d'une fin mai », alerte le directeur du Smhar.

Le scénario de 2019 se répète

A quelques kilomètres de là, dans l'Ain, là aussi, les sols sont secs. « Cela fait un mois qu'il n'a pas plu », lance Fabien Thomazet, technicien irrigation à la chambre d'agriculture et à l'association syndicale d'irrigation de l'Ain (Asia). Conséquence : « dans les secteurs irrigués, on est contraints d'arroser les blés et les semis de maïs, et ce sera pareil pour le soja ». Selon lui, il est trop tôt pour parler de sécheresse de printemps. Côté nappes, « on est dans des moyennes habituelles sur la partie plaine de l'Ain. En revanche, sur la Dombes, on reste très bas, on a eu quasiment aucune recharge cet hiver. » La nappe de la Dombes a été placée en alerte avec 20 % de restriction de pompage.
Plus au Sud, même constat. « Côté pluviométrie, le scénario de 2019 se répète : pour les 23 stations suivies, moins de 30 mm de pluie sur les quatre dernières semaines. [...] Cette situation est exceptionnelle : la pluviométrie cumulée de janvier, février et mars correspond en 2020 à 50 % de la normale », détaille le bulletin Pâtu'RA édité le 8 avril par les chambres d'agriculture de la Drôme et de l'Isère. Le sec est en surface, indiquait début avril François Dubocs, technicien à la chambre d'agriculture de la Drôme. Si les niveaux des nappes sont corrects sur les départements, les débits des cours d'eau sont bas pour la saison. La situation printanière n'est cependant pas jouée, s'accordent à reconnaître les observateurs. Météo France annonçait le 14 avril le passage d'une perturbation accompagnée d'averses pour le week-end des 18 et 19 avril et le début de la semaine suivante.
Sébastien Duperay