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ÉCONOMIE

Sortie des ZDS : des pistes pour rebondir

Avec la perte de l’ICHN suite à la réforme de la carte des ZDS, certains agriculteurs devront actionner de nouveaux leviers. Une réunion présentant de possibles pistes a été organisée à Crépol.

Sortie des ZDS : des pistes  pour rebondir

La chambre d'agriculture de la Drôme, la Draaf (direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt Auvergne-Rhône-Alpes) et la DDT (direction départementale des territoires) - avec l'appui de Cap rural* - ont invité, le 9 novembre à Crépol, des opérateurs économiques ainsi que des agriculteurs. Le point commun de ces derniers ? Tous sont concernés par la sortie des zones défavorisées simples (ZDS).
L'heure était donc de se projeter dans l'avenir et voir quelles solutions pourraient s'offrir à eux sur le territoire, comme n'ont pas manqué de le rappeler Dominique Chatillon, responsable du service agriculture à la DDT de la Drôme, et Martine Cavallera-Levi, directrice adjointe de la DDT. « En complément des démarches individuelles déjà initiées, il s'agit de mettre en route une démarche collective en rencontrant un certain nombre d'opérateurs économiques », a-t-elle notamment indiqué. Pour Jean-Pierre Royannez, premier vice-président de la chambre d'agriculture, « ces territoires sortis de la ZDS ont du potentiel, de l'avenir. Il ne faut pas louper les pistes, on peut trouver des opportunités, a-t-il souligné, notant tout de même que la nouvelle carte ne le satisfaisait pas. On a la chance d'avoir un département dynamique, une multitude de filières, des productions nouvelles, un tissu d'entreprises qui nous permet d'avoir des débouchés. »

Jean-Pierre Royannez, premier vice-président de la chambre d’agriculture, et Dominique Chatillon, responsable du service agriculture à la DDT, ont ouvert la réunion et présenté les objectifs.
L'occasion peut-être, selon lui, de revoir un système d'exploitation, sans pour autant ajouter du travail supplémentaire. Jean-Pierre Royannez a d'ailleurs incité les agriculteurs à réaliser un diagnostic ; lequel - à charge zéro pour ces derniers - sera financé par l'État et le conseil départemental de la Drôme. « On est arrivé à obtenir ce diagnostic, a-t-il expliqué. Et nous sommes toujours en discussion avec le Département pour trouver des pistes sur de futurs accompagnements. »

Des projets initiés par des agriculteurs

La réunion s'est poursuivie par la présentation des différents opérateurs économiques et de leurs besoins. Les collectivités territoriales (Département, Arche Agglo, Valence Romans Agglo) ont, elles, présenté leurs possibles soutiens (aides aux bâtiments et équipements, débouchés en restauration collective, valorisation forestière et bois, programme Leader...). Les aides de la Région ont également été évoquées. Mais ce sont tout d'abord des agriculteurs qui ont pris la parole, témoignant de nouvelles stratégies qui allaient voir le jour sur leur exploitation. Le Gaec Juven (Geyssans), par exemple, a exposé son projet d'unité de méthanisation. Le Gaec Martin (Saint-Michel-sur-Savasse) a quant à lui expliqué que ses bêtes partaient d'ordinaire en alpage, en Savoie. « Avec les primes, ça allait », a souligné Jean-Michel Martin. Les associés devraient donc désormais laisser leurs animaux sur l'exploitation et produire l'alimentation. L'installation de silos, de quatre pivots ainsi que de panneaux photovoltaïques sur des bâtiments font partie de leurs projets.
Sept agriculteurs du Nord-Drôme souhaiteraient créer la marque « La viande d'ici », l'objectif étant de mieux valoriser la vache de réforme. Si l'hypothèse de départ était la fabrication de steaks hachés, les professionnels pourraient s'orienter vers la commercialisation de carcasses auprès de supermarchés. Une réflexion est toujours en cours.
L'atelier de transformation et de valorisation de viande « Transfo terroir », porté notamment par Rémy Estavil, est pour sa part plus abouti. Une association a été créée. Même s'ils sont suffisants pour démarrer l'activité, elle continue de rechercher des volumes - réguliers ou occasionnels. Y compris en végétal.

À la rencontre des opérateurs économiques

Les Etablissements Drevon frères, dont le siège est situé en Isère, sont intégrateurs en veaux de boucherie. Les volumes commercialisés se maintiennent et ont même tendance à augmenter un peu. « On a un bel avenir à proposer à nos éleveurs », explique un responsable. Ils sont aujourd'hui une centaine en Rhône-Alpes. Outre la garantie d'une rémunération, la société a indiqué qu'elle était en mesure d'aménager des bâtiments existants, tels des anciens poulaillers.
Eurial a aussi des besoins. La branche lait d'Agrial recherche en effet huit millions de litres de lait en Rhône-Alpes. Il faut dire que la consommation de lait de chèvre est en hausse. Tout comme les prix, plus de 700 euros les 1 000 litres en 2017.

A la suite des interventions, les agriculteurs et les opérateurs ont pu se rencontrer face à face afin de mieux échanger. Les collectivités locales ont également présenté leur possible accompagnement et les aides qu’elles peuvent octroyer.
Le directeur de Valsoleil, Christophe Pelletier, a présenté les différentes filières de la coopérative. Il est également revenu sur les prochains enjeux. Avec la loi Agriculture et Alimentation (Egalim), la restauration collective devra s'approvisionner à 50 % en local, dont 40 % en bio, pour janvier 2022. « Il y a urgence à devoir y répondre, en étant compétitifs et sans altérer le revenu des producteurs », a-t-il dit. La coopérative se dit prête à aider des acteurs de la filière bovine. Elle réfléchit également à une production porcine plein air, ainsi que sur un nouveau volet maraîchage.
Autre filière qui connaît une dynamique : les plantes à parfum aromatiques et médicinales. La distillerie des Monts du matin, à Chatuzange-le-Goubet, recherche de nouvelles surfaces en lavande, lavandin et thym. Le producteur et expéditeur de fruits et légumes HDC Lamotte (avec notamment la variété de pommes de terres Délicatesse), la Fromagerie alpine, Top Semence (et notamment les semences bio), ainsi que Dauphidrom, l'association Volailles fines du Dauphiné ont également été cités. Enfin, la filière bois offrirait aussi des opportunités (travaux en forêt, bois-énergie). D'autant que les agriculteurs possèdent déjà le matériel nécessaire à certains travaux. René Sabatier, ingénieur au centre régional de la propriété forestière (CRPF), en a énuméré pouvant être effectués. Lequel a, de la même façon, mentionné la truffe comme autre marché, même si la filière en Nord-Drôme est peu organisée. 
A. T.
* Cap rural : centre de ressources sur les pratiques et les métiers du développement local.