Stéphane Blard est un passionné de machines agricoles. « A l'âge de douze ans, j'ai conduit tout seul pour la première fois une moissonneuse-batteuse, une Someca », se souvient-il. Cette expérience scellera son parcours professionnel. Après avoir obtenu en 1982 un Bepa grandes cultures au lycée Le Valentin, il est salarié chez Jean-Pierre Fourel, entrepreneur de travaux agricoles à Bourg-lès-Valence. « J'ai beaucoup appris auprès de lui, confie Stéphane Blard. Il me disait : "Toi, tu es né dans une moissonneuse-batteuse". » Le décès prématuré de son père l'amène alors à se rapprocher de sa mère. En 1985, il reprend la ferme de son grand-père (7 hectares de grandes cultures) à Montmeyran. Au cours de l'hiver 1985-86, il achète sa première moissonneuse-batteuse, une Claas Dominator 86 qu'il acquiert pour 450 000 francs. Il s'équipe également d'un tracteur IH 845 d'occasion, d'une charrue Huard trisoc neuve et récupère aussi le tracteur Deutz 25 cv de son grand-père. Avant d'investir et de se lancer dans l'activité d'entrepreneur de travaux agricoles, il avait démarché ses voisins. « Tous m'ont dit : "On t'en fera faire un petit bout" », raconte-t-il. Avec 300 heures de battage en 1986, les promesses ont été tenues.

Plus de 2 000 hectares

Stéphane Blard.

© journal L'Agriculture Drômoise

Dès lors, Stéphane Blard développe son entreprise. En 1988, il s'équipe d'une nouvelle moissonneuse-batteuse. En 1992, la réforme de la Pac avec ses 18 % de taux de jachère sème le trouble. Pour compenser les surfaces perdues, un entrepreneur du Nord de la France lui propose de venir moissonner en contrat de sous-traitance, après la fin des moissons dans la Drôme (environ 1 000 hectares sur le secteur de Chabeuil). « Malgré le coût de transport des machines, l'opération restait rentable », explique-t-il. Il travaillera ainsi jusqu'en 2007. « Cela a été un tournant pour mon activité. Je suis revenu avec plus de connaissances et de confiance, confie-t-il. Compte tenu de la pluviométrie, l'organisation des chantiers est différente dans le département du Nord, les méthodes de travail sont plus efficientes. » Entre-temps, il acquiert de nouvelles machines. Et en 2007, il s'équipe d'une moissonneuse-batteuse à rotors, un engin à gros débit. Des chantiers dans l'Allier, notamment chez un collègue drômois installé dans ce département, remplacent ceux du Nord. En 2008, il rachète l'entreprise de travaux agricoles Borel, dans le Diois.Aujourd'hui, l'entreprise Stéphane Blard et ses quatre moissonneuse-batteuses battent plus de 2 000 hectares dans la Drôme et l'Allier. L'entrepreneur, seul aux commandes, fait appel à des saisonniers. Son fils, Maxime, devrait le rejoindre en 2017. De plus, il exploite l'EARL L'épi vert (200 hectares de grandes cultures bio) à Montmeyran, avec Pascal Alboussière, associé.
A la veille des moissons, Stéphane Blard souhaite une bonne saison aux quelque cent entrepreneurs de travaux agricoles de Drôme et Ardèche et de bonnes récoltes aux agriculteurs.

Christophe Ledoux

EDT 26-07 / Malgré les difficultés du monde agricole, Stéphane Blard défend un entrepreneuriat de travaux agricoles puissant, en soutien aux exploitations agricoles.

« Etre réactif et innover »

« La nouvelle équipe va continuer à œuvrer dans la dynamique lancée par les précédents présidents pour défendre notre profession, indique Stéphane Blard, nouveau président du syndicat des entrepreneurs de territoires (EDT) de Drôme et Ardèche. Nous souhaitons être encore plus proches de nos adhérents afin de leur démontrer que notre syndicat est une force pour nos entreprises. »
Aujourd'hui, le coût élevé du matériel et la crise agricole préoccupent les entrepreneurs. « Les prix de nos machines ne sont plus en phase avec la réalité des prix agricoles, constate-t-il. Les entrepreneurs de travaux agricoles sont confrontés à des délais de paiement de plus en plus longs, parfois à des impayés. Et comme nos fournisseurs ne nous donnent pas de délais, nous sommes en flux tendu. » Malgré cela, les entrepreneurs continuent à investir dans du matériel performant et à employer une main-d'œuvre qualifiée, polyvalente et disponible, sans pouvoir forcément augmenter leurs tarifs. « L'agriculture a besoin d'un secteur de la prestation de service puissant, en soutien aux exploitations, considère Stéphane Blard. Les demandes de nos clients exigent des compétences nouvelles, de l'organisation et de la flexibilité. Ce sont nos atouts. A nous de relever le défi, d'être réactif et d'innover. »
C. L.

EDT 26/07

Un nouveau bureau

Le nouveau bureau du syndicat des entrepreneurs des territoires 26-07 est composé de Stéphane Blard (président, qui succède à Christian Jean), Maurice Docher (vice-président Drôme), Jean-Paul Dusserre (vice-président Ardèche - absent sur cette photo), Sébastien Palix (trésorier), Thierry Pourret (trésorier adjoint), Christopher Blache (secrétaire), Mathieu Cavaglia (secrétaire adjoint) et Philippe Metifiot (secrétaire administratif). Les autres administrateurs sont Christian Follux, Gérard Payen, François Astier ainsi que Denis Autran et Pierre Mounier (absents sur cette photo).