Stress : chercher de l'aide quand le clignotant orange s'allume...

Le stress est-il une réalité en agriculture ?
Docteur Philippe Laurent : « Si on se place du point de vue des risques professionnels, les exploitants agricoles sont confrontés à de nombreux facteurs de stress, qu'ils soient extérieurs (aléas climatiques, crise sanitaire, charge administrative, contrôles...) ou propres à l'exploitation (relations entre associés, conflit de génération...). Face à ces facteurs de stress, chaque personne répondra de manière différente, notamment en fonction des facteurs de protection dont elle dispose. En agriculture, l'un de ces facteurs de protection, c'est souvent l'autonomie, c'est à dire de pouvoir planifier et organiser son travail. Par contre, d'autres facteurs de protection, telle que la solidarité, sont hélas en recul. Les agriculteurs sont de plus en plus isolés. On a donc d'un côté de plus en plus de facteurs de stress, et de l'autre, de moins en moins de facteurs de protection ».
Y a t'il un vrai risque pour la santé ?
Dr. P.L : « Le stress devient néfaste quand il est en excès dans l'intensité et dans la durée. Le lien entre la surexposition au stress et certaines pathologies (hypertension, problèmes cardiovasculaires, syndrome métabolique...) est établi. Sur le plan psychologique, certaines pathologies (troubles de l'humeur, dépression...) peuvent également selon les individus être déclenchées par le stress.?»
Quand faut-il réagir ?
P.L : «?On peut dire que le clignotant orange est allumé quand on commence à avoir des troubles du sommeil, des changements d'humeur dans sa vie professionnelle et extraprofessionnelle, ou des symptômes tel que le mal de dos. Au delà de la gestion du stress, ce qui est important, c'est d'essayer d'identifier les facteurs qui déclenchent ce stress. De quoi a-t-on peur ? Pour cela, il est souvent nécessaire de s'appuyer sur l'aide d'un thérapeute ou d'un confident dans son entourage. Verbaliser, identifier le problème est déjà une première étape. Il faut absolument chercher de l'appui. Trop souvent la difficulté des exploitants, c'est l'isolement, qui peut faire entrer dans le cercle vicieux de conduites addictives ».
Propos recueillis par S.Sabot