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Rencontre

Sud-Drôme : « apporter l'irrigation partout où c'est possible »

A l'initiative de la FDSEA, des acteurs du monde agricole ont échangé avec la députée Célia de Lavergne et la sous-préfète de Nyons, le 23 mars dans le Sud-Drôme, sur différents sujets dont l'irrigation, une préoccupation majeure pour ce territoire.
Sud-Drôme : « apporter l'irrigation partout où c'est possible »

Le 23 mars sur l'exploitation de Denis Cornillac (EARL Domaine Chapelle de Beaulieu) à Mirabel-aux-Baronnies, une rencontre a eu lieu avec la députée Célia de Lavergne et la sous-préfète de Nyons, Christine Bonnard. L'irrigation en était le thème principal. En effet, le changement climatique se traduit par une hausse des besoins en eau des cultures et une diminution de la ressource. Dans le Sud-Drôme et le Nord-Vaucluse, les bassins versants du Lez, de l'Eygues et de l'Ouvèze sont déficitaires en eau. Ces secteurs sont irrigués avec une ressource classée en zone de répartition des eaux (ZRE). Sur ce territoire, une économie de 8 millions de mètres cubes d'eau d'irrigation devra être réalisée pour atteindre le bon état des masses d'eau d'ici 2027, soit une réduction de 30 % des prélèvements. Les secteurs desservis par des réseaux d'irrigation existants alimentés par le Rhône (ressource sécurisée), eux, ne seront pas soumis à ces restrictions.
Dans ce contexte, les chambres d'agriculture du Vaucluse et de la Drôme ont monté un projet pour ce territoire nommé « Hauts de Provence rhodanienne ». Il a pour vocation de répondre à l'enjeu environnemental de réduire les prélèvements d'eau en ZRE et de donner accès à l'eau à d'autres exploitations pour sécuriser leurs productions. Mais il ne se cantonne pas à l'agriculture, il est multi-usage.

Un projet d'ampleur

Ce projet est actuellement en phase d'étude. Après évaluation des besoins en eau agricoles et autres, il consistera à proposer des scénarios d'aménagements hydrauliques agricoles, comme l'a rappelé Mireille Brun, chargée de mission à la chambre d'agriculture du Vaucluse. Plusieurs sont envisagés, selon les secteurs : consolidation ou extension d'ouvrages existants desservis par l'eau du Rhône, forages collectifs, modernisation de réseaux, retenues collinaires, alimentation par le canal de Carpentras (eau de la Durance). Un bureau d'étude va dimensionner les aménagements à partir des ressources locales. Les études devraient être terminées fin 2018 ou début 2019. Elles permettront d'y voir plus clair sur les coûts, travaux, priorités, le maître d'ouvrage. Selon leurs conclusions, les travaux pourraient s'étaler jusqu'en 2040.
La sous-préfète a indiqué que la mission d'inspection(*) venue le 1er février était repartie convaincue du bien-fondé de ce projet. « Pour la Drôme, nous le soutenons, a-t-elle noté. Il est pertinent mais d'ampleur. Il va falloir trouver des solutions en attendant sa mise en œuvre, les études et travaux prendront du temps. »

Aller chercher des financements

Le président de la chambre d'agriculture du Vaucluse, André Bernard, a quant à lui confié : « On travaille main dans la main avec la chambre d'agriculture de la Drôme et les préfets des deux départements. Aujourd'hui, on a démontré les besoins. On est en train de démontrer la faisabilité du projet. De l'eau, il y en a dans le Rhône. L'agriculture est le premier élément économique de ce territoire. Pour la sauver, il faut la volonté politique d'aller chercher des financements(**). Il faudra aussi que la profession agricole soit capable de mettre une part. Il faut avancer vite car il y a urgence. Le souci, aujourd'hui, c'est d'apporter l'eau partout où c'est possible et à un coût raisonnable ».
L'irrigation, a ajouté le président du Cellier des Dauphins, permet de sauver des cultures mais aussi des marchés, en régularisant les productions. Et le président des Jeunes Agriculteurs de la Drôme, Sébastien Richaud, a mis l'accent sur l'économie qui est derrière l'agriculture, les emplois directs et indirects.

Une approche collective appréciée

La sous-préfète de Nyons, Christine Bonnard, et la députée Célia de Lavergne (de gauche à droite).

« Je vais dans votre sens, a répondu Célia de Lavergne Vous pouvez compter sur moi. Je pense qu'il faut essayer de faire aboutir votre projet dans les meilleures conditions possibles. Il est structurant. J'apprécie son approche collective. Un projet de cette ampleur-là a un coût. Quand il sera chiffré précisément, il faudra voir ce que cela représente pour chaque financeur. » Et la sous-préfète a suggéré « de regarder avec la députée si, sur le programme d'investissement d'avenir, une ligne peut être trouvée pour obtenir des crédits ».
Célia de Lavergne a, par ailleurs, évoqué les Assises de l'eau qui se profilent et son souhait qu'il s'en tienne aussi au niveau des territoires. Elle a, en outre, signalé qu'elle avait pris la vice-présidence d'un groupe sur l'eau à l'Assemblée nationale « pour travailler sur ce sujet, a-t-elle dit. Je suis toujours à l'écoute et mobilisée ».
D'autres sujets ont été abordés lors de cette rencontre, parmi lesquels l'emploi (saisonniers, allégement des charges), la coopération, la stigmatisation du vin, la réduction des intrants, le plan loup...

Annie Laurie

(*) Cellule (nationale) d'expertise sur la gestion de la ressource en eau dans le domaine agricole conduite par le préfet Pierre-Etienne Bisch.
(**) Financeurs possibles : Agence de l'eau, Europe, Régions, Départements, CNR.

 

Repères /
Le projet « Hauts de Provence rhodanienne »
Périmètre : 81 communes.
3 500 exploitations agricoles.
87 000 hectares de SAU dont les deux tiers en vignes.
Des bassins versants (Lez, Eygues et Ouvèze) classés en zone de répartition des eaux (ZRE).
Une nappe profonde (nappe du Miocène du Comtat) à préserver pour l'eau potable.
30 000 personnes occupant un emploi dans l'agriculture (10 000 équivalents temps plein).
SAU à irriguer : 15 000 à 25 000 hectares dont 6 000 actuellement irrigués.
Besoins en eaux totaux : 15 à 25 millions de m3.
Premières estimations sur le coût total du projet « Hauts de Provence rhodanienne » : 150 à 200 millions d'euros.