Sylvie Darves a intégré le Cellier des Dauphins

Sylvie Darves, vous avez passé près de 24 ans à la chambre d'agriculture de la Drôme, dont une grande partie au service de la viticulture. Retracez-nous votre parcours professionnel.
Sylvie Darves : « Je suis entrée à la chambre d'agriculture de la Drôme fin 1991, pour assurer le conseil juridique auprès des agriculteurs. Ma mission recouvrait la création des sociétés d'exploitation (Gaec, EARL...), le conseil en droit des successions et le statut du fermage. Quelques années plus tard, j'ai repris l'activité "aménagement foncier et grands ouvrages" au départ en retraite de l'agent foncier. Puis j'ai mis en place le centre de formalités des entreprises.
En 1999, André Pini m'a confié la direction des fédérations départementales (FD) des caves coopératives et des vins de pays, quand il est devenu directeur de la chambre d'agriculture. A cette époque-là, Jacky Léchenard présidait la FD des caves coopératives, Serge Liotaud celle des vins de pays et Robert Michelas celle des caves particulières. Ces hommes s'appréciant, ils ont décidé d'organiser un secrétariat commun aux trois fédérations tout en gardant le fonctionnement indépendant de chaque entité. Ainsi est né, en 2001, le pôle viticole de la chambre d'agriculture, fruit de la volonté de trois amis qui ont su dépasser les clivages. Faire travailler ensemble les caves coopératives et particulières était alors une première en France. Le pôle viticole est une structure informelle pour se concerter et avoir une position commune sur des sujets viticoles les concernant toutes les trois (loi Evin par exemple). »
Comment ont évolué les fédérations départementales au cours du temps ?
S. D. : « La fédération des vins de pays a connu une évolution majeure en 2009. Cette année-là, les vins de pays sont devenus IGP(1). Reconnue ODG(2), leur fédération contrôle aujourd'hui les vins IGP Drôme, Coteaux des Baronnies, Collines rhodaniennes et Méditerranée. Ceci, sous tutelle d'un organisme de contrôle et de l'Inao. Et, autour de l'IGP Méditerranée, a été créée l'interprofession Intervins Sud-Est. Les vins de pays du Comté de Grignan et des Coteaux de Montélimar, eux, sont devenus de simples mentions territoriales.
De leur côté, les vignerons indépendants ont fortement accru leurs actions de communication au fil des ans : développement des salons, création d'un concours national, d'un logo destiné à aller vers une véritable marque, de l'opération pique-nique de Pentecôte, d'un site de vente en ligne... Progressivement, ils ont aussi renforcé leur action syndicale. Aujourd'hui, ils sont présents sur tous les sujets d'actualité de la filière. »
Et la fédération des caves coopératives de la Drôme ?
S. D. : « Elle a œuvré sur des fusions : Costebelle et Costes Rousses en 2003, la coopérative vinicole de Loriol et la cave de la Valdaine en 2006, puis cette dernière avec celle de Saint Pantaléon en 2012. Avec la multiplication des réglementations (fiscales, sociales, sur le vin, le statut coopératif, l'environnement), les attentes des coopératives en conseil et appui sont devenues de plus en plus nombreuses et pointues. Le statut coopératif est aujourd'hui remis au goût du jour, notamment avec la loi ESS (économie sociale et solidaire), mais les entreprises sont confrontées à un vieillissement de leur sociétariat du fait d'un manque d'attractivité auprès des jeunes. Règne également une véritable guerre de l'approvisionnement face à des négociants proposant des contractualisations de court terme et opportunistes. Aujourd'hui, malgré un statut juridique très encadré, les coopératives sont obligées d'être innovantes car elles sont un outil majeur d'aménagement de nos territoires agricoles (foncier, emplois).
Pour moi, le pôle viticole a vraiment été une aventure humaine. Je dois beaucoup aux trois présidents avec lesquels nous l'avons créé, en particulier à Jacky Léchenard, mais aussi à André Pini, grâce à qui j'ai intégré la chambre d'agriculture. J'ai toutefois un regret : ne pas avoir pu travailler davantage avec un autre grand homme de la viticulture drômoise, René Faure. »
Enfin, que pouvez-vous nous en dire de vos nouvelles fonctions au sein de l'UVCDR ?
S. D. : « Je suis entrée à l'UVCDR pour mettre en œuvre une politique sur l'amont au côté de son président, Serge Roux, et de son directeur général, Frank Gaudet. Je suis chargée de coordonner le comité technique des directeurs des caves membres de l'UVCDR, qui va notamment porter des projets sur le vignoble et le sourcing(3), avec pour objectif l'amélioration de la rémunération du coopérateur. J'ai aussi pour rôle d'assurer une communication à destination des caves et de leurs adhérents. »
Propos recueillis par Annie Laurie
(1) IGP : indication géographique protégée.
(2) ODG : organisme de défense et de gestion.
(3) Sourcing : approvisionnement.