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Tech&Bio

Talents Tech&Bio : des agriculteurs qui ont de l’avenir

Pour la quatrième fois, le salon Tech&Bio a mis à l’honneur des agriculteurs de toute la France qui se démarquent par leurs savoir-faire, leurs résultats technico-économiques et socio-environnementaux.
Talents Tech&Bio : des agriculteurs qui ont de l’avenir

Chaque édition du Tech&Bio, un réseau de partenaires, constitué des chambres d'agriculture, de Coop de France, des interprofessions et des instituts techniques, propose des « Talents » potentiels à travers la richesse de l'agriculture française. Repérés aux quatre coins de l'Hexagone, quinze d'entre eux ont été honorés pour leur performance en matière de développement durable et sont venus témoigner de leur parcours respectif à l'occasion d'une table ronde. Le local de l'étape, Léo Girard (La Baume-Cornillane), élève des brebis, vaches, cochons et vend une gamme de yaourts, fromages, viande, charcuterie (lire notre édition du 12 septembre). Comme bien de ses collègues présents à cette table ronde, il a mis l'accent sur le système de vente en circuit court. « Il faut recréer du lien entre le monde agricole et les consommateurs. C'est important de pouvoir expliquer notre travail et de faire tomber certaines idées reçues. »
Tao Ferrier, éleveur et céréalier dans l'Ain, s'est lancé en 2014 à la tête d'un élevage extensif de bovins et d'ovins et de 135 hectares (ha). L'exploitant a alerté le public sur le retard de versement des primes Pac. « C'est dommage que nos hommes politiques soient partis et n'aient pas pris la peine de nous écouter. Nous avons davantage besoin de leur soutien que de grands discours dans un salon agricole. » Même son de cloche pour Jérôme Caillé, qui gère une exploitation céréalière et un élevage de volailles dans les Deux-Sèvres. Il réclame lui aussi un meilleur accompagnement de la part des élus : « Qui accepterait de travailler avec trois ans de retard sur son salaire ? », dénonce-t-il à l'égard des primes de conversion et de maintien à l'agriculture biologique.

« Le soutien à l'installation est essentiel »

Autres Talents Tech&Bio dans l'Ain, Cyril Blanc et Jonathan Véricel cherchent, à travers leur activité de maraîchage, à maximiser la biodiversité pour augmenter la stabilité de leur agrosystème. A ce jour, leur exploitation n'occupe plus que 15 ha sur les 25 initiaux. « Nous en avons cédé dix à de jeunes agriculteurs qui voulaient s'installer. De nos jours, le soutien à l'installation des jeunes est essentiel ! », affirme Cyril Blanc.
En agriculture de conservation des sols depuis vingt ans, Daniel et Aurélie Paulien sont éleveurs de montbéliardes en Haute-Saône. En 2016, ils ont pris le pari de convertir leur exploitation à l'agriculture biologique en se lançant simultanément dans la transformation et la vente d'une partie de leur production laitière. « Aujourd'hui, notre objectif est de produire du lait bio en toute autonomie. » Le couple pratique également la double culture, dédiée à l'alimentation du troupeau. « Le prochain défi sera d'adapter ce système aux aléas climatiques. »
Dans le Morbihan, Jean-Philippe Mahéo produit ses propres semences et plants maraîchers pour conserver son autonomie. Il cultive pas moins d'une centaine d'espèces de légumes diversifiés. « L'objectif est de répondre à la demande du marché. Dans notre secteur à fort pouvoir d'achat, la clientèle accepte de payer la qualité. »
Pour Marie-Claude et Pierre-Yves Georges, à Castelnau-Magnoac dans les Hautes-Pyrénées, le passage à l'agriculture biologique de leurs 145 ha de grandes cultures s'est fait d'un seul trait. « Nos motivations étaient avant tout économiques. C'était un sacré challenge mais nous avons pu compter sur l'accompagnement de la chambre d'agriculture. Cela nous a permis d'investir dans le matériel adéquat, notamment en termes de désherbage mécanique. »

« Produire sans chimie n'est pas de tout repos »

Stéphan Charmasson, arboriculteur dans les Bouches-du-Rhône, a choisi de travailler en biodynamie depuis 2009. Grâce à une large variété de fruits, cultivés sur 60 ha puis transformés, l'exploitant maîtrise son réseau de distribution en vente directe. Même s'il avoue que « produire sans chimie n'est pas de tout repos car il faut trouver chaque jour des solutions à de nouveaux problèmes. »
Dans l'Orne, Marc Avenel gère la ferme pédagogique de Montmerei, qui accueille près de 1 500 enfants par an. « On a fait le constat que les enfants, voire même les adultes, ont perdu le lien avec la terre nourricière. Nous avons besoin de communiquer sur notre métier, sur l'agriculture biologique. Par le biais de ces séjours à la ferme, nous montrons aux plus jeunes que le bio est une solution, plutôt qu'une option. »
La famille Gatti, qui exploite 9 ha de terres en maraîchage en Haute-Garonne, a fait le choix de vendre l'intégralité de sa production en Amap, « pour un prix juste, nous permettant de couvrir nos frais de production et de dégager un revenu décent. »
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, Isabelle Courselle et Bojan Scheurer cultivent 70 variétés de légumes et misent sur la biodiversité et le travail à la main. Un jardin pédagogique est à l'étude.

« Répondre aux attentes »

Dans ce même département, Véronique et Louis-Marie Aveline (Le Jas Ricavy) transforment la totalité de leur production d'olives et de céréales qu'ils commercialisent en magasins de producteurs, sur des marchés locaux, à la ferme... « Nous avions envie de maîtriser notre exploitation de A à Z, tout en partageant notre agriculture avec nos clients. »
Ailleurs, en Lozère, André Boiral élève avec quatre associés 630 brebis certifiées en agriculture biologique depuis 2018, pour « répondre à la recherche de producteurs bio de notre industriel qui nous achète notre lait pour la fabrication du roquefort ». L'éleveur entend encore augmenter sa production grâce à l'autonomie fourragère de son exploitation.
Paul-Emmanuel Boulai (Loir-et-Cher, Ferme Gorgeat) produit 650 porcs bio par an, élevés en plein air, et cultive 110 ha de céréales et de fourrages pour alimenter, de façon la plus autonome possible, son troupeau. Enfin, a été aussi honorée la cave des Coteaux de la Vézère, en Corrèze, qui produit 73 000 bouteilles par an. Elle s'est convertie en bio en janvier 2018 « pour participer à la préservation de la biodiversité et répondre aux attentes des consommateurs ». 

Amandine Priolet