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Elevage

Tirer la filière ovine vers le haut

Pour la dernière étape de son parcours consacré à l'élevage en Royans et Vercors, la FDSEA a choisi d'amener le préfet de la Drôme chez un éleveur d'ovins à Saint-Agnan-en-Vercors. Le dossier de la prédation a constitué le principal sujet de discussion.
Tirer la filière ovine vers le haut

Comme à Vassieux, la commune de Saint-Agnan-en-Vercors compte quatorze exploitations, selon son maire. « Ce sont nos forces vives », a-t-il dit en accueillant la délégation de la FDSEA, ainsi et entre autres que le préfet et le sous-préfet de Die, au Gaec de la Luire. Thierry Arnaud et Grégory Guillet y élèvent un troupeau de 700 brebis, réparties en sept à huit lots. « Nous produisons 1 000 agneaux par an », a expliqué Thierry Arnaud. La moitié est vendue à trois boucheries, le reste en reproducteurs essentiellement dans les départements des Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence. Le prix de vente des agneaux de boucherie représente 6,50 euros par kilogramme de carcasse, soit un peu plus de 140 euros par bête (22 à 23 kg de carcasse).

Des retards « inadmissibles »

Thierry Arnaud (Gaec de la Luire) à Saint-Agnan-en-Vercors.

Très vite, le sujet de la prédation a été abordé. « Dans la Drôme, le Vercors a été le premier secteur à subir des attaques de loups, a rappelé Didier Beynet, président de la FDSEA. Ensuite, il y en a eu moins ici. » Pour Thierry Arnaud, « le loup complique le travail, a-t-il indiqué. Une dizaine de patous gère notre troupeau. Nous avons eu une attaque au printemps, une bête a été blessée. » L'éleveur a ensuite évoqué les aides pour lutter contre la prédation des troupeaux. « Avant, nous pouvions demander des acomptes. Mais, aujourd'hui, les dossiers de 2015 ne sont toujours pas soldés et il est impossible de demander une avance au titre de 2016, s'est-il étonné. Ce n'est pas simple dans la gestion de l'exploitation car les dépenses sont importantes. » Pour le vice-président de la chambre d'agriculture, Jean-Pierre Royannez, cette situation est « inadmissible ». Il a pointé du doigt la gestion informatique du dossier Pac par le ministère de l'agriculture. « Globalement, la filière ovine est très dépendante des aides Pac, a-t-il fait remarquer. Les retards de paiement mettent les exploitations en grande difficulté. » Le directeur de la DDT, Philippe Allimant, a indiqué que 80 % des aides de 2015 sont soldées. Le reste sera versé à l'automne. Il a par ailleurs annoncé que 80 % des aides de 2016 pourraient également être réglées cet automne.

« Protéger au mieux les élevages »

Jean-Michel Cotte, administrateur du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes, a lui aussi souligné les difficultés liées à ces retards de paiement, notamment pour calibrer les prêts des trésoreries. « Financièrement, les éleveurs travaillent au jour le jour, a fait remarquer Didier Beynet. C'est très difficile. » Thierry Arnaud a déploré un système d'aides « de plus en plus difficile à obtenir, avec toujours plus de contraintes ». Selon Jean-Pierre Royannez, la nouvelle Pac et son rééquilibrage auraient dû favoriser les élevages ovins de montagne. Au final, « tout est plus complexe et les aides sont versées avec retard », a-t-il regretté.
Par ailleurs, Didier Beynet a évoqué le plan ovin départemental. « Il est là pour encourager les éleveurs à évoluer, pour tirer la filière vers le haut, a-t-il dit. Cela permet de montrer que l'on peut vivre de l'élevage ovin en améliorant la productivité, comme c'est le cas au Gaec de la Luire, en faisant baisser la prédation et en ayant des prix qui se tiennent. »
« Nous mesurons les conséquences de la prédation, a assuré Clara Thomas, sous-préfet de Die. Notre objectif est de protéger au mieux les élevages. » Elle a rappelé la décision du préfet d'autoriser un tir de prélèvement de loup dans le Haut-Diois. À la demande de la préfecture de la Drôme, la « brigade loup », unité spéciale, est présente sur place. « Sur le dossier de la prédation, a fait valoir le préfet de la Drôme, nous n'avons pas ménagé nos efforts. »

Christophe Ledoux

NB : La délégation de la FDSEA, accompagnée du préfet et sous-préfet de Die, a terminé son parcours de visites à Chamaloc, pour notamment évoquer la filière des plantes à parfum, aromatiques et médicinales. Compte-rendu à lire dans notre prochaine édition.