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Main-d'oeuvre saisonnière

TODE : « Les choses vont bouger » selon la députée Alice Thourot

Dans la continuité des actions syndicales menées dernièrement pour défendre le dispositif TODE d'allègement de charges sur les emplois saisonniers, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) de la Drôme ont convié la députée Alice Thourot sur une exploitation.
TODE : « Les choses vont bouger » selon la députée Alice Thourot

Depuis l'annonce par le gouvernement de la suppression du TODE, dispositif d'allègement de charges sur les emplois saisonniers, FDSEA et Jeunes Agriculteurs de la Drôme ne cessent de se mobiliser pour alerter de l'impact négatif d'une telle décision. Lors des trois manifestations organisées à Valence les 11, 14 et 24 septembre (lire nos précédentes éditions), ils avaient exprimé leur colère et demandé le maintien du TODE en 2019. Et le 17 septembre, ils avaient convié l'ensemble des parlementaires à une matinée d'échanges et d'explications, sur une exploitation située à Saint-Marcel-lès-Valence. N'ayant pas pu participer, la députée de la deuxième circonscription de la Drôme, Alice Thourot, était attendue de pied ferme pour une rencontre organisée à son attention au Gaec Fauriel, le 8 octobre à Loriol, en présence d'une quarantaine de producteurs.

« La survie de nos exploitations est en jeu »

Sébastien Richaud, Grégory Chardon et Marc Fauriel ont expliqué à la députée Alice Thourot la nécessité de maintenir un dispositif d'exonération de charges sur les emplois saisonniers.
© Journal L'Agriculture Drômoise

Composé de quatre associés, ce Gaec compte une centaine d'hectares d'arboriculture. La main-d'œuvre salariée représente quelque 80 000 heures de travail dont 40 000 pour les seuls saisonniers. La fin du TODE se traduit par une augmentation de charge de 1,40 euro de l'heure. Soit près de 60 000 euros pour ce groupement. « C'est une catastrophe, a confié Marc Fauriel, l'un des associés. Dans un système où la concurrence est rude avec les pays voisins, on a besoin du TODE. La survie de nos exploitations est en jeu. »
D'autres producteurs, des arboriculteurs essentiellement mais aussi des maraîchers et producteurs de semences, ont témoigné de la même manière. « On a l'impression que l'on nous pousse vers le travail détaché », a dit l'un d'eux. D'autres ont dénoncé une décision « incohérente », qui pénalise aussi les saisonniers et donc l'emploi local si, demain, il n'est plus possible de les embaucher. Un risque exprimé par la plupart des producteurs, certains se disant « désabusés », « démoralisés » ou encore « grandement fragilisés » après la confirmation de la suppression du TODE. La reconversion d'exploitations arboricoles vers des grandes cultures, filière plus économe en main-d'œuvre, a aussi été évoquée. L'impact sur les coopératives et les groupements d'employeurs n'est pas non plus à minimiser. Le représentant du maire de Loriol s'est inquiété d'une « dégradation du paysage agricole » appelant à des « solutions pour soutenir l'agriculture ».

« Les choses vont bouger et je serai très attentive »

« C'est un sujet majeur pour la Drôme », a rappelé Grégory Chardon, président de la FDSEA. Il a aussi fait part de la fin du CICE, qui aggrave encore plus la situation. « Face à la concurrence européenne, il faut trouver une solution pour pérenniser les allègements de charges sur les saisonniers », a ajouté Sébastien Richaud, président des Jeunes Agriculteurs. Comme il l'avait déjà fait le 17 septembre, Régis Aubenas a présenté en détail l'historique du dispositif TODE et les conséquences chiffrées de sa suppression.
« J'entends votre inquiétude, votre mécontentement et votre colère, leur a dit la députée. Je ne suis pas indifférente à ce sujet et je comprends que ce que vous allez perdre correspond à l'équivalent de votre résultat d'entreprise. » Alice Thourot a tenté de rassurer en indiquant que le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, réfléchissait à une mesure par filière. « Les choses vont bouger. Et je serai très attentive », a-t-elle ajouté.
Il en sera de même pour les syndicats alors que va débuter l'examen au parlement du projet de loi de finances pour 2019. « Nous manifesterons à nouveau si nous n'obtenons pas un dispositif équivalent au TODE », ont prévenu les responsables.

Christophe Ledoux