TODE : les Jeunes Agriculteurs rajoutent une couche

Vendredi dernier dès sept heures du matin, une trentaine de Jeunes Agriculteurs de la Drôme ont déversé des pêches, pommes, prunes, alvéoles d'emballage de fruits et branchages devant la préfecture à Valence. Ainsi ont-ils manifesté leur opposition à la suppression du dispositif TODE envisagée par le gouvernement. Une suppression proposée dans le cadre du projet de loi de finances qui entrerait en vigueur dès janvier 2019.
« Nous ne lâcherons pas »
« Les viticulteurs n'ont pu se joindre à nous car ils sont en pleines vendanges, a expliqué le président de JA 26, Sébastien Richaud, lors de cette action syndicale. Mais les discussions au gouvernement vont attaquer dans les prochains jours. C'est pour ça que nous sommes là aujourd'hui. Il faut montrer notre mécontentement, dire que nous ne lâcherons pas sur ce dossier car l'enjeu est trop important. » Dans la Drôme, où la MSA recense près de 30 000 contrats de travail concernés, « l'impact serait de 15 millions d'euros par an », a-t-il fait remarquer. Et plus de 2 000 exploitations du département seraient touchées.
Selon une estimation du CER France, la disparition du dispositif TODE se traduirait, pour les employeurs de travailleurs saisonniers, par une hausse des charges sociales de 1,40 euro de l'heure. « Le coût du travail saisonnier en France serait 20 à 30 % plus élevé qu'en Espagne, Allemagne, Italie..., a ajouté Sébastien Richaud. Ce serait la mort programmée de pans entiers de notre agriculture fortement liée à la saisonnalité : arboriculture, viticulture, maraîchage, horticulture, production de semences ». Et de préciser que nombre de jeunes agriculteurs s'installent dans ces productions-là.
« On ne rentre plus dans les clous »
Arboriculteur à Châteauneuf-sur-Isère, Joffrey Rollet a pris le cas de son exploitation : « Nous cultivons essentiellement des pêchers ainsi que des abricotiers et employons 20 à 30 saisonniers. Dans notre cas, le surcoût serait de 22 à 25 000 euros par an, soit de l'ordre de 100 000 euros sur cinq ans. Nous serions obligés de recourir à des travailleurs détachés. La suppression du TODE serait un gros manque à gagner pour la MSA et mettrait des exploitations en péril ». Un autre arboriculteur (80 hectares et jusqu'à 80 saisonniers) estime que la perte se chiffrerait à 80 000 euros sur son exploitation. « En arbo, où le coût de la main-d'œuvre est élevé, on ne rentre plus dans les clous, a constaté celui-ci. On n'est plus compétitifs. »
Pour le président de la FDSEA de la Drôme, Grégory Chardon, venu soutenir les JA dans leur action, « il faut durcir le ton vis-à-vis du gouvernement car il n'annonce rien pour l'instant. Il réfléchit à la manière de trouver des financements pour compenser le dispositif TODE mais, pour le moment, il n'y a rien. »
« On attend des actes »
Venue discuter avec les manifestants, la présidente du Département, Marie-Pierre Mouton, les a informés qu'elle avait le jour-même adressé un courrier au ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin. Dans cette lettre, elle note en autres « l'ineptie de la suppression du dispositif TODE dans le contexte actuel, notamment au regard de la concurrence européenne directe ». Lilian Berthelin, président des JA de Galaure-Valloire, a remarqué juste après : « Il faut que les élus fassent leur boulot et prennent leurs responsabilités ». Et Sébastien Richaud a martelé : « Du gouvernement, on attend des actes ».