Tomate d’industrie : jouer avec ses atouts

«Ces essais qui nous ont été présentés ce matin, complétés par d'autres menés dans le Sud-Ouest, permettent d'apprécier toute la dimension et le travail investit par la Sonito, a expliqué André Bernard en ouvrant l'assemblée générale de la Société nationale interprofessionnelle de la tomate, qu'il préside. Ces travaux sont indispensables car si petite que soit notre filière à l'échelle nationale et mondiale, elle a des atouts tels que l'origine et la proximité qui sont de réelles opportunités à amplifier qui s'adossent à d'autres, dont celui essentiel et primordial de la qualité de la matière première et des produits transformés. C'est là que les travaux d'essai et d'expérimentation que mène la Sonito prennent toute leur importance : leurs résultats et les références qui en ressortent sont la base indispensable aux adaptations de notre production, de nos pratiques culturales et à l'introduction de nouvelles techniques. »
2016 : une campagne « satisfaisante »
Avec le directeur, Pascal Lenne, le président a retracé l'évolution de la campagne 2016, qualifiée de « satisfaisante » (voir encadré), avec des rendements moyens de 79 tonnes par hectare (t/ha), dans les niveaux bas des sept à huit dernières campagnes. Au niveau national, un peu plus de 184 400 tonnes de tomates fraîches (+14 000 t par rapport à 2015) ont été transformées. A noter, réduction de 20 % sur les écarts de tri par rapport à la campagne 2015. Ces chiffres moyens ne doivent toutefois pas masquer une grande hétérogénéité. « Cela interpelle et doit amener les organisations de producteurs et la filière à mettre en œuvre et à renforcer les moyens de contrôles afin d'améliorer encore plus la qualité des livraisons et optimiser les résultats des entreprises et des exploitations », a indiqué André Bernard. Il n'empêche, cette moyenne est à peine suffisante « pour résister à la compétition internationale », a-t-il regretté.
L'année écoulée a également été soutenue au niveau de l'action interprofessionnelle avec le lancement des premières réflexions sur la réforme de la Pac. « Certains experts dénoncent le bien-fondé des aides Pac, dont les soutiens couplés et leur durabilité, a alerté André Bernard. Si le cadre semble fixé jusqu'en 2020, la suite est plus opaque. Mais une chose semble acquise : la volonté toujours affichée des strates européennes de réduire toutes les formes de soutiens ou de les conditionner à des exigences de toute nature dont les contraintes sont parfois même aggravées par nos décisions nationales. Nous allons donc une énième fois encore devoir nous mobiliser et nous investir très fortement pour tenter de maintenir ces régimes de soutiens couplés après 2020 tant ils sont justifiés sur le plan économique, social, territorial et environnemental. » Une mobilisation vitale quand on connaît l'importance de ces aides pour le fonctionnement des structures déjà fragilisées par des retards de versements ces dernières années, les aides 2016 venant tout juste d'être versées et le montant (1 076 €/ha pour 2016) connu tardivement (10 mai dernier).
Fête du 60e anniversaire
Face aux enjeux de cette filière mondialisée, la France doit donc jouer avec ses atouts. Dès la prochaine campagne, la filière compte bien utiliser le logo « Fruits et légumes de France ». « Pour cela, le cahier des charges rédigé avec nos collègues du Sud-Ouest sera présenté pour validation au prochain conseil de rentrée de l'Anifelt*, courant septembre », a annoncé André Bernard. Les échanges avec les représentants des industries agroalimentaires de seconde transformation ont déjà commencé afin de les informer de cette initiative. Il s'agit de « les appeler à faire preuve de responsabilité dans leur pratique d'achat : les origines " France ", " Provence ", " Marmande " ou autres constituent des références de qualité et de sécurité très largement mises en avant par des pratiques marketing adaptées et attrayantes ». Devant le différentiel de réalité entre les « très belles déclarations de patriotisme économique » et la réalité du terrain où « la pression exercée par les acheteurs, et pas uniquement ceux de la grande distribution, consiste à imposer de s'aligner sur les prix les plus bas au mépris de toutes autres considérations », la Sonito compte bien agir. « Il est temps, grand temps, que cessent ces pratiques car il en va à très court terme de l'existence même des outils industriels de première transformation », a déclaré André Bernard, avant d'annoncer la tenue d'une manifestation, en novembre prochain, pour fêter le 60e anniversaire de la Sonito, « une des plus anciennes interprofession de France ».
C.Z. d'après documents
Bilan de campagne /
Un rendement moyen stable en 2016
En 2016, les organisations de producteurs ont livré l’équivalent de 195 707 tonnes (t) de tomates aux usines, dont 184 428 t nettes transformées, atteignant les objectifs des contrats initiaux qui portaient sur 196 000 t dont 3 100 de contrats bio. La campagne 2016 maintient donc les niveaux de production moyens constatés depuis 2009. Avec 11 279 t de réfaction, 5,76 % des volumes livrés n’ont pas été agréés en 2016 (à rapprocher des 7,20 % de la campagne 2015). En moyenne nationale, les livraisons de tomates destinées à la transformation progressent légèrement à 1 040 t par exploitation (986 en 2015, 1 197 en 2014).Le rendement national moyen (79 t/ha) masque des écarts importants. Les départements de la Drôme, du Vaucluse, de l’Aude, de l’Ardèche, de la Gironde, de l’Isère et du Rhône se situent en dessous des 70 t/ha. Au total, 2 465 ha ont été déclarés en 2016.
L'an dernier, la part des apports destinés à la production de concentré reste très largement majoritaire et totalise plus de 161 000 t sur un total mis en œuvre de 184 428 t. La production tomate entière pelée réapparaît timidement tandis que la part de tomate pelée non entière reste marginale et que les tomates non pelées non entières augmentent de nouveau de 20 % à 4 000 t. Enfin, il est à noter que les productions biologiques de tomates destinées à la transformation totalisent 5 039 t pour 2 330 t de produits finis. L’évolution de la production vers une gamme de concentré plus large par les usines de transformation se confirme de nouveau, ce qui devrait contribuer à les mettre un peu moins en prise directe avec à la concurrence internationale.
