Tomate d’industrie : la Sonito veut relancer la filière française

En 2016, 188 exploitations ont produit 185 000 tonnes de tomates destinée à la transformation en France. En 2000, elles étaient plus de 700 et produisaient plus de 320 000 tonnes. Entre-temps, la filière a bien failli mourir. En 2007, il restait seulement 150 exploitations pour une récolte de moins de 100 000 tonnes de tomates. Mais la Sonito, qui fêtera bientôt ses 60 ans, a refusé de laisser la filière disparaître. Depuis 2009, cette dernière reste stable avec une production qui tourne autour des 180 000 tonnes en fonction des conditions climatiques et un nombre d'exploitations autour des 180. La production de tomates d'industrie se concentre dans le sud de la France avec 75 % des surfaces cultivées dans le Sud-Est et 25 % dans de Sud-Ouest. La France compte onze entreprises de transformation. La plus importante fait 50 % des volumes nationaux ; les trois premières concentrent 90 % de la production nationale.
La consommation française repart à la hausse
En 2015, la France était le quatrième plus gros consommateur européen* de tomates transformées, derrière le Royaume-Uni, l'Italie et l'Allemagne. Les Français ont consommé 1,2 million de tonnes (Mt) de tomates transformées, soit 13 % de la consommation totale européenne. « La consommation nationale a tendance à ré-augmenter depuis quelques années », constate Pascal Lenne, directeur de la Sonito. Les Français sont demandeurs de tomate transformée et pourtant, la France ne couvre que 13,5 % de ses besoins domestiques. La balance commerciale de la France en dérivés de tomates est déficitaire, et ce déficit tend à s'accroître. « En 2016, la facture des importations a augmenté de près de 5 % par rapport aux trois années précédentes, à plus de 342 millions d'euros », indique la Sonito.
De gros exportateurs pas producteurs
L'Italie (39 %), l'Espagne (31 %), l'Allemagne (12 %), le Portugal (7 %), les Pays-Bas (5 %) et la Belgique (3 %) constituent les principaux fournisseurs de dérivés de tomates de la France. Les places de l'Italie, de l'Espagne et du Portugal ne sont pas vraiment surprenantes, ces trois pays étant dans le top 10 des producteurs mondiaux de tomates transformées. L'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, par contre, ne cultivent pas de tomates destinées à la transformation. Ces trois pays achètent du concentré de tomates auprès des gros producteurs mondiaux (la Californie, l'Italie et la Chine produisent à eux trois 58 % des quantités mondiales) et le transforment en concentré dilué, en conserve ou en sauces et ketchup. Ainsi, derrière les États-Unis, le plus gros exportateur mondial de ketchup et sauce tomate est... la Hollande ! L'Allemagne arrive en quatrième place, derrière l'Italie. Quant à savoir d'où provient le concentré de tomate utilisé pour faire ces sauces et ce ketchup, la Sonito n'a pas les informations précises. Mais le plus gros exportateur mondial de concentré de tomate n'est autre que la Chine.
Valoriser le made in France
Lorsque l'on sait que les consommateurs français sont de plus en plus sensibles à l'origine France, l'idée de renforcer la production nationale ne semble pas saugrenue. « Il y a de la demande en France, il faut y répondre ! », affirme Pascal Lenne. « La technicité des producteurs français est reconnue dans le monde entier et nos cahiers des charges stricts » peuvent également être un atout à valoriser, poursuit-il. Mais, pour valoriser la production française et la proposer aux consommateurs français, la filière doit au préalable produire davantage.
Miser sur la recherche variétale
« La campagne ne dure qu'une dizaine de semaines », rappelle Pascal Lenne. Et sur cette période, nos usines de transformation sont saturées. « On met quelques euros de plus à la tonne pour les producteurs prêts à prendre le risque d'être plus précoces ou plus tardifs. C'est aussi à ça que sert la contractualisation », indique le président. Mais il faut aller plus loin. « On a besoin de faire de la recherche variétale pour trouver des espèces plus résistantes au froid et plus tardives afin d'élargir la période de transformation », affirme Pascal Lenne. C'est le seul moyen aujourd'hui pour augmenter la production de tomates transformées à outil industriel constant. Sachant qu'une usine de transformation de tomates coûte environ 8 millions d'euros, selon les dires de Pascal Lenne, et que la filière française est encore bien fragile, les investissements industriels ne semblent pas être à l'ordre du jour...
* à l'échelle de l'Union européenne à 15 pays.