Tomate d’industrie : retour à un volume normal

La campagne 2019 n'a rien à voir avec la précédente. Les niveaux de rendements retrouvent leur niveau habituel cette année, même si le printemps a donné quelques sueurs froides aux producteurs. Au niveau national, 154 240 tonnes (t) auront été livrées aux usines de première transformation, pour un total contractualisé de 153 000 t. Avec un volume de 101 500 t, le grand Sud-Est représente les deux tiers de la production nationale. En région Paca, les deux départements les plus importants (Bouches-du-Rhône et Vaucluse) totalisent eux 66 916 t, dont
5 590 en bio. Mais, comme l'explique Robert Giovinazzo, ingénieur responsable technique de la Sonito (interprofession nationale de la tomate destinée à la transformation), sur la première partie de campagne, une météo défavorable aurait pu tout gâcher.
Une maturité décalée
« Les tomates les plus précoces, de début avril, ont subi un stress lié au froid, au vent et au gel par endroit, ce qui a engendré des difficultés de planification pour le démarrage de la campagne. » Les premières tomates destinées à l'industrie ont commencé à être récoltées autour du 25 juillet, soit une semaine plus tard que l'an passé. La maturité n'était malgré tout pas au rendez-vous. Certains industriels ont même dû, un temps, arrêter de réceptionner les productions entre le 5 et le 10 août, en raison de ces blocages sur les tomates les plus précoces. Ce qui a été planté ensuite, à partir du mois de mai, a pu démarrer tout à fait correctement, avec des conditions climatiques idéales.
En saison, les producteurs ont, en revanche, dû négocier deux épisodes de canicule, sur la fin juin et la mi-juillet. Les conséquences ont été cependant moins préjudiciables que sur vigne, par exemple. « Nous n'avons pas observé de perte de production. Mais les fortes températures ont généré un blocage de la végétation dans son ensemble. Avec les problèmes du printemps, cela a contribué à décaler un peu la maturation », détaille Robert Giovinazzo.
Excepté des phénomènes physiologiques observés sur quelques fruits, les producteurs s'en sont bien tirés. La gestion des irrigations n'a pas été simple mais a permis de passer cette période de sécheresse. Pour la suite, la campagne s'est poursuivie sans encombre.
Une qualité très satisfaisante
Les rendements ont été à la hauteur des espérances, autour de 74 tonnes à l'hectare en conventionnel au niveau national. Le bio a atteint 48 t/ha. Dans le Sud-Est, les rendements ont atteint en moyenne 75 t/ha en conventionnel et 42 t/ha en bio. En Paca, il est encore meilleur : 80 t/ha en conventionnel, et 49 t /ha en bio. « La qualité est aussi très satisfaisante cette année avec un degré brix proche de 5, ce qui est très intéressant pour élaborer des produits de basse concentration, à savoir du concentré de base ou double concentré », souligne Robert Giovinazzo. Ainsi, au final en France, après 140 000 t en 2018 et 154 000 t cette année, l'ambition de l'interprofession est de retrouver, comme les années précédentes, des volumes qui flirtent avec les 200 000 tonnes.
Emmanuel Delarue
Toujours plus de bio
Le bio continue à augmenter. La demande des industriels s’accroît et continue de faire progresser, d’année en année, les chiffres de la production sur tout le territoire. Ainsi, au niveau national, 17 % des surfaces sont en bio (13 % dans le Sud-Est). Sur un total de 2 220 ha, la tomate d’industrie bio en représente 372 (275 l’an passé). Le bio concerne aussi 26 % des exploitations : elles sont 46 cette année (35 l’an passé) sur 175. Le grand Sud-Est (Gard, Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Drôme, Isère) totalise 1 439 ha, dont 187 en bio. Ce secteur compte aussi 18 exploitations en bio, sur un total de 86.
E. D.
Une collecte sur Miimosa pour Provence Tomates
La coopérative agricole Provence-Languedoc (CAPL) lance une collecte de 200 000 euros sur la plateforme Miimosa pour « sauver la filière française des tomates transformées dans une démarche raisonnée et biologique. L’usine Provence Tomates fait partie de ces équipements vitaux au tissu agricole et agroalimentaire français », note la CAPL. Cette collecte doit permettre de financer l’acquisition et la modernisation durable de l’usine de transformation de tomates de Tarascon (13). Construite en 2009 (capacité : 80 000 tonnes, chiffre d’affaires moyen : 17 M€ HT), elle assure la transformation industrielle de tomates d’industrie de plein champ de près de la moitié de la production nationale (46 %). Son maintien permettrait de préserver 450 emplois agricoles et industriels directs et indirects.
Pour répondre aux enjeux de transition écologique du secteur agricole (efficacité énergétique, réduction des pesticides et développement de pratiques raisonnées), le financement via Miimosa « permettra d’installer une nouvelle ligne de production, plus économe en énergie, afin de désaturer l’usine en haute saison. La gamme “zéro résidus de pesticides” de la coopérative sera portée par cet investissement, qui permettra par ailleurs de lancer une gamme complète de produits bio ». En participant à la collecte de financement participatif sur Miimosa, les citoyens seront rémunérés à un taux annuel de 4 %. Le prêt est remboursé mensuellement sur cinq ans.
Plus d’informations : www.miimosa.com/fr, rubrique projets, lieu et Provence Alpes Côtes d’Azur.