Top Semence : solide malgré les aléas climatiques

Le 26 novembre dernier à La-Bâtie-Rolland, siège de Top Semence, le directeur Bertrand Launay a tout d'abord planté le décor de la situation mondiale. « Le marché mondial des semences continue d'évoluer dans un contexte favorable », a-t-il souligné en guise d'introduction. Les chiffres se sont alors succédés les uns aux autres en indiquant tout d'abord que le « gâteau », comprenez par là le marché, est passé de 15 à 30 milliards de dollars entre 2000 et 2010, grâce en bonne partie aux biotechnologies. Sur ce total, en 2013, le marché européen a représenté 7,1 milliards d'euros dont 3,15 pour la France. Parallèlement, le marché français était en hausse de 3,7 % pour la campagne 2014-2015 par rapport à l'année précédente pour un chiffre d'affaires de 1,77 milliard d'euros. Néanmoins, d'une variété à l'autre, les situations sont assez contrastées. C'est ainsi que les semences de maïs baissent de 8,8 % tout comme les pommes de terre (- 1,4 %), les céréales et protéagineux sont en hausse de 1,9 %, les semences potagères sont stables tandis que les oléagineux grimpent de 7,9 %. Enfin, pour terminer sur ce volet, les semences participent au côté positif de notre balance commerciale pour atteindre 1,46 milliard d'euros.
Un exercice atypique
Au niveau cette fois de Top Semence, l'exercice 2014-2015 a été, selon Bertrand Launay, « atypique ». « Jamais les surfaces hybrides (maïs, tournesol et sorgho) n'ont été aussi importantes chez Top Semence, en France et en Europe ». Par contre, au niveau du climat, « la vallée du Rhône a connu des aléas jamais rencontrés depuis que l'entreprise produit des semences ». Le directeur a cité un déficit de rayonnement et une pluviométrie record lors des récoltes. Voilà pourquoi « les conséquences climatiques ont impacté la plupart des espèces produites par Top Semence ». Les surfaces de maïs ont reculé de 19 %, celles de sorgho de 10 % et celles de tournesol de 5 %. Pour 2016, la sole est annoncée en baisse afin de réduire les stocks.
Dans le détail, les aulx récoltés en juin-juillet ont été fortement dégradés (20 % des volumes), tandis que le tournesol et le maïs « n'ont pas atteint les prérequis du marché ». Néanmoins, Top semence a contractualisé plus de 6 000 hectares de semences d'hybrides (voir détail ci-dessous).
« Sauver le revenu des producteurs »
Lors de son rapport d'orientation, Christian Veyrier, président, est revenu sur les effets des aléas climatiques, lesquels « ont réduit les espérances ». Il a donc fallu relever le défi de « sauver le revenu de nos producteurs » pour qui rendements et qualité ont été médiocres, voire catastrophiques. Néanmoins, le conseil d'administration a complété la rémunération à 75 % minimum. De plus, cette situation difficile a obligé les équipes de l'entreprise à re-trier de nombreux lots, ce qui a généré un surcroît de travail important. Toutefois, s'est-il félicité, les choix de l'entreprise de moderniser l'outil de travail ont permis de diminuer les charges et donc de réaliser un résultat net.
Concernant le présent et l'avenir, Christian Veyrier a évoqué le lancement cette année de la première production de maïs doux, en partenariat avec Syngenta. Il s'est aussi félicité qu'après avoir vu l'arrivée de la coopérative CAPL puis celle du Sud Vaucluse, le conseil d'administration vient de répondre favorablement à l'entrée d'Alpes Sud (05). « Dans notre Union, a-t-il mis l'accent, chacun apporte la spécificité de son territoire » et « grâce à une zone étendue et aux climats et sols variés, cela permet de produire une grande diversité d'espèces et de variétés ». n
H. B.

« une filière qui reste ainsi toujours novatrice ».
Union Top Semence /
Les coopératives adhérentes
CAPL (84).
CDC (26).
Coopérative Ardéchoise Semences (07) (Natura'pro).
CADP Semences (26) (Natura'pro).
Coopérative du Nyonsais (26).
Cooptain (26).
Terre d'Alliances (01).
Terres Dioises (26).
Terroirs du Sud (84).
Valsoleil (26).
Union Invivo.
En voie d'adhésion : Alpes Sud (05).
Emblavements /
6 000 hectares de semences d'hybrides
Maïs : 3 850 ha implantés (+ 30 %). La part de l'union Top Semence, comparée à la sole nationale, est passée de 3,5 % à 4,1 %.
Tournesol : 1 850 ha semés (+ 10 %). Le manque de rayonnement a durement impacté la productivité qui n'atteint que 86 % des objectifs. 20 % des lots étaient en deçà des normes.
Sorgho : 275 ha (+ 10 %). Les rendements ont atteint les objectifs avec de bonnes facultés germinatives.
Ail de semences : la fusariose s'est développée après le séchage et avant la mise en marché. Il a fallu reprendre le triage plusieurs fois et 20 % du volume a dû être éliminé. Il est envisagé la mise en place d'un plan sur trois ans pour valoriser la génétique Top Semence, permettre aux agriculteurs d'être mieux rémunérés et caler les productions sur les attentes du marché.
Semences potagères : elles ont particulièrement souffert des conditions climatiques d'où des difficultés pour atteindre 50 à 60 % des rendements normaux.
Céréales à paille : rendements impactés à hauteur de 10 %. Niveau record de retours (15 %), ce qui fait que les agriculteurs adhérents n'ont pas pu semer le programme de surfaces à l'automne.
Améliorations /
Top Semence investit
- 700 000 euros pour le site de Varambon (01). Cette station d'effeuillage, de ventilation et de séchage est adaptée aux cultures hybrides de maïs et tournesol. Mise en route en septembre 2014, capacité de 800 ha de semences.
- Amélioration du site de Manthes (26) destiné à l'effeuillage et à la ventilation du maïs semence, site qui dispose d'une capacité de 800 ha. Investissement pour le convoyage automatique des épis de maïs.
Biomasse /
Quand la chaudière fonctionne
Il y a un peu moins de deux ans, le site de La-Bâtie-Rolland s'est doté d'une chaudière biomasse alimentée par des rafles d'épis de maïs. Les objectifs sont tenus avec 7,3 millions de kilowatts produits lors de la récolte 2014, ce qui a tout de même représenté une économie de 570 tonnes de gaz, évitant ainsi le rejet de 1 860 tonnes de CO2. La saison 2015 a vu la production de 5,8 millions de kilowatts. Alors que les rafles partaient en Italie auparavant, voici donc 317 000 km économisés en 2014 et 252 000 en 2015.