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Art et sculpture

Toros, l’énergie tranquille du métal

Toros fête ses 80 ans ce 12 décembre. En Syrie puis en France et dans la Drôme, il frappe le métal depuis son plus jeune âge. Autodidacte, son œuvre est internationalement reconnue.
Toros, l’énergie tranquille du métal

A Bourg-de-Péage, Romans, Tain-l'Hermitage, Valence ou encore Saint-Donat, vous pouvez admirer des œuvres du sculpteur Toros. Cela fait un demi-siècle que cet artiste d'origine arménienne, né à Alep en Syrie il y a tout juste 80 ans, exerce sa passion vitale. Pour Toros, artiste de renom international installé à Romans dans les années 1970, « sculpter, c'est comme un besoin d'exister ». Son parcours n'est pas simple. Contraint de quitter l'école à 11 ans, il exerce dès son plus jeune âge plusieurs métiers manuels : soudeur à l'arc, serrurier, ferronnier d'art. A 25 ans, il dirige une entreprise de ferronnerie, fabrique des lits et des poêles de chauffage. C'est alors qu'un architecte le remarque et lui commande une croix de deux mètres de haut pour le clocher de Saint Kevork, à Alep. La même année, lors d'un voyage en Arménie soviétique, il voit la statue équestre de David de Sassoun. Il palpe le métal, monte sur la statue. Une vocation est née.

« J'ai tellement de choses à dire »

De retour en Syrie, Toros Ras-Klan commence la sculpture et remporte en 1966 un premier prix pour son œuvre « l'émancipation de la femme arabe ». L'année suivante, il décide de se rendre en France pour y suivre des études d'art. Mais les artistes qu'il rencontre le dissuadent d'entrer aux Beaux-Arts. Il s'installe alors à Valence, cité dans laquelle est implantée une forte communauté arménienne, puis à Romans-sur-Isère.
Chaque jour, « il se rend à son atelier vers 8 heures et travaille jusqu'à 18 ou 19 heures, voire plus tard l'été », indique son épouse, Marie. « J'ai tellement de choses à dire, confie l'artiste au regard expressif (comme Picasso), avant d'ajouter : « Le temps, c'est ce qu'il y a de plus important. »

Cuivre, laiton, bronze

Pour réaliser ses œuvres, Toros utilise des feuilles de cuivre et de laiton qu'il martèle. Certaines sont coulées dans le bronze. Avant d'être sculptée, chaque œuvre est précédée d'un dessin. Les thèmes de ses travaux sont variés. L'artiste a réalisé un grand nombre de monuments à la mémoire des victimes du génocide arménien. Mais aussi des bustes, des statuts, des animaux. Ces derniers sont un « symbole de la force, explique-t-il. L'aigle, c'est le roi du ciel. Le taureau, c'est le créateur. Le paon, la beauté, la fierté. » La femme reste toutefois au cœur de son œuvre, « parce qu'elle est d'abord la mère », dit-il. Le corps féminin lui inspire des œuvres aux courbes sensuelles, aux silhouettes contemplatives ou préoccupées, représentant la maternité, l'extase, la quiétude, la famille...

Cérès, place du Taurobole à Tain-l’Hermitage

Une réalité transcendée

Son art lui appartient tout comme son style. « L'œuvre est une copie de la réalité, estime Toros. L'artiste enlève, ajoute en gardant son âme. Il en fait une œuvre d'art. » Lorsqu'on lui demande quels artistes l'ont le plus marqué, il cite d'abord Rodin, mais aussi Michel-Ange. « Moi, je suis une petite poussière, je ne me compare pas à eux », dit-il modestement. Certes. En tout cas, son travail ne laisse pas indifférent. Toros a été nommé officier des arts et lettres et fait chevalier de la légion d'honneur. Une belle reconnaissance pour cet autodidacte qui frappe le métal depuis soixante-dix ans. Très bon anniversaire Toros. 
Christophe Ledoux

 

Œuvres de Toros  présentes en Drôme - Fontaine Le flûtiste, Romans-sur-Isère (1981).
- Autel de l'église Notre Dame de Lourdes, Romans-sur-Isère (1984).
- Monument du génocide arménien, Valence (1985).
- La maternité, Bourg-de-Péage (1985).
- Le golfeur, Golf d'Albon (1989)
- La Fierté, parvis des droits de l'homme, Romans-sur-Isère (1995).
- La femme au chapeau, espace François Mitterrand, Bourg-de-Péage (2001).
- Le rendez-vous, place Pie VI, Valence (2004).
- La joueuse de Lyre, fontaine de l'Europe, Saint-Donat (2004).
- La mère et l'enfant, conseil général de la Drôme (2004).
- L'infini, sculpture en mouvement, à l’Essiar à Valence (2005).
- Autel de l’église du Saint Curé d'Ars, Romans-sur-Isère (2006).
- La Drôme, Montélimar (2008).
- L'enfant et le savoir, parvis de la médiathèque de Bourg-lès-Valence (2011).
- Cérès et Tête de taureau, place du Taurobole à Tain-l’Hermitage (2012).
- Hommage au préfet Jean Moulin, cour d'honneur de la préfecture de la Drôme à Valence (2012).
- Le cerf, au bois des Naix de Bourg-de-Péage (2013).