« Touche pas à mon paysan », disent les Jeunes Agriculteurs

Une fois de plus, les Jeunes Agriculteurs (JA) de la Drôme ont placé leur assemblée générale sous le signe de l'humour et l'ironie, le 19 février à Crest. Ils avaient imaginé une émission intitulée « Touche pas à mon paysan » sur des thèmes chaque fois lancés avec une vidéo de leur composition.
Réglementation
Les contrôles sanitaires dans les élevages avicoles ont été abordés en présence de « Ginette la poulette ». Directeur adjoint de la DDPP, Didier Fabre a rappelé que la Drôme était en tête du « hit parade des contaminations salmonelles mais dans le mauvais sens ». Aussi, « chacun à son niveau doit agir pour sortir de cette situation problématique. »
Dominique Chatillon, chef du service agricole de la DDT, s'est dite bien consciente que les agriculteurs avaient de nombreuses règles à respecter. Ils sont écartelés entre des normes de plus en plus contraignantes et une pression à la baisse des prix de leurs productions, a ajouté Jean-Luc Fagot, de la DDT. Et il a invité le monde agricole à démontrer, en s'appuyant sur des données scientifiques, où placer le curseur de la norme afin qu'elle soit acceptable pour toutes les parties.
Attaques
Une séquence, en présence d'un « zadiste viré de Notre-Dame-des-Landes », a porté sur la contestation, par des associations, de projets de construction agricole. Jean-Luc Fagot a signalé que ces associations, à présent, doivent être déjà constituées au moment où elles envisagent de contester un permis de construire. Il a aussi invité les élus à bien délimiter les zones agricoles lorsqu'ils élaborent un PLU et à faire attention aux changements de destination des terres qui peuvent fortement pénaliser l'activité agricole. « En ville ou à la campagne, on a le même problème, a remarqué le sénateur-maire de Tain l'Hermitage, Gilbert Bouchet. Vous, vous êtes attaqués sur des constructions, sur le loup. On perd le nord, il faut avoir les nerfs solides. » Il a plaidé pour un travail en profondeur dans le pays car « on est mangé par les normes ».
La sous-préfète de Die, Clara Thomas, a remarqué à propos du loup : « Pour la première fois, l'Etat a gagné contre des associations environnementalistes et à quatre reprises en un an. » Sur les projets de bâtiments agricoles, « il faut parfois apporter des modifications, c'est compliqué mais on peut y arriver. Sachez qu'on est à vos côtés pour faire avancer l'économie », a-t-elle assuré.
Les dégâts de gibier
Les dégâts de gibier sont une autre préoccupation, évoquée en présence de « Jojo le corbeau ». Par solidarité vis-à-vis des agriculteurs, 1 000 chasseurs prélèvent 10 000 corbeaux tous les ans dans la vallée du Rhône, a rappelé Jean-Louis Briand, secrétaire de la FDC de la Drôme. Concernant le grand gibier, Christian Chaillou, trésorier de la FDC, a donné des chiffres : environ 20 000 battues aux sangliers (représentant 240 000 journées de chasse), 10 à 11 000 animaux prélevés et 300 000 euros versés en indemnisations des dégâts aux cultures pour 2014-2015. C'est aussi plus de 200 000 euros investis ces trois dernières années dans du matériel de protection des cultures, la moitié financée par la FDC et l'autre par les ACCA et chasses privées.
Les cours d'eau
La cartographie des cours d'eau « va prendre du temps », a reconnu la directrice adjointe de la DDT, Martine Cavallera-Levi. Et le préfet a souligné le travail conduit par la profession agricole en la matière, avant d'indiquer : « La concertation avec les services de l'Etat va se poursuivre. Nous tiendrons compte des travaux réalisés par la FDSEA ».
L'image de l'agriculture
Lorsqu'il a été question de l'image de l'agriculture, est arrivée une plantureuse « Pamela Anderson ». Pourquoi l'agriculture ne parvient-elle pas à communiquer de façon efficace et positive ? « On passe soit pour des imbéciles, des reculés, soit pour des voyous pollueurs », a déploré un JA. « Il faut d'abord dire qu'on est heureux d'être agriculteur, donner une image positive de l'agriculture et mener des actions festives », a répondu la présidente de la chambre d'agriculture, Anne-Claire Vial. Elle a aussi signalé l'existence de formations pour apprendre à communiquer auprès des médias et cité une étude récente montrant que 76 % des Français ont une opinion positive de l'agriculture. Ceux ayant dit avoir une mauvaise opinion sont ceux qui avaient répondu, avant, ne pas connaître l'agriculture française.
Annie Laurie
Contexte agricole / Les JA 26 et leur président Maxime Méjean - qui passe le relais à Sébastien Richaud - espèrent une année 2016 meilleure que 2015...Soigner les maux avec les bons remèdes

« Grâce à nos mobilisations, nous avons obtenu un plan de soutien du gouvernement. Mais d'autres avancées restent à obtenir. Pour 2016, nous voulons des mesures structurelles capables d'assainir les marchés et de répondre aux maux de l'agriculture française. » Et de remarquer qu'en France, toutes les deux heures, trois exploitations agricoles sont en faillite et, tous les deux jours, un agriculteur se suicide. Comment, dans ce contexte, donner envie de s'installer ?Pas d'installations sans perspectives
Pour le parcours installation, la mise en place du programme régionalisé a pris du retard. Du coup, il n'y a eu que 39 installations aidées dans la Drôme en 2015 (contre 62 en 2014). Et des jeunes installés en mars n'ont pas encore perçu leur DJA, « c'est inadmissible. » Du retard et des tracasseries aussi, du côté de la nouvelle Pac. Une campagne 2016 « plus au point » est espérée. La cartographie des cours d'eau, elle, est à suivre. Car « les conséquences liées à la réglementation de la loi sur l'eau pourraient être lourdes pour les agriculteurs ». Ras-le-bol aussi du loup : « il est indispensable d'améliorer la gestation de sa population. »
On veut des agriculteurs « compétitifs, conquérants, exemplaires ». Alors, Maxime Méjean dit : « Qu'on nous en donne les moyens car il n'y aura pas d'installations sans perspectives économiques ».A.L.
Ils ont dit
« En 2015, l'installation n'a pas été simple, a noté Jérôme Martin, administrateur de JA Rhône-Alpes. Nous avons connu six mois compliqués. Il a fallu se battre pour faire passer le message aux politiques et à l'administration. » Toutefois, « le travail de JA a permis d'avoir 15 % de DJA en plus en zone de plaine et 9 % de plus en zone de montagne. »« Le contexte est morose, a constaté Jérôme Pitot, administrateur national de JA. Les annonces du gouvernement ne correspondent pas, en partie, à ce que nous attendons pour notre métier. Ce n'est pas avec des pansements sur une jambe de bois qu'on arrivera à installer des jeunes. » De son avis, les jeunes doivent davantage s'investir dans les coopératives pour aller chercher la rémunération. Il faut développer la contractualisation pour avoir une vision à plus long terme et regrouper l'offre pour plus peser sur l'aval.L'organisation JA« joue un rôle important, a souligné le préfet Eric Spitz, en sensibilisant les pouvoirs publics à vos préoccupations et sur des procédures trop souvent complexes, je l'admets. Si on peut trouver des pistes de simplification, ma porte vous est ouverte. » En termes d'installations aidées, le préfet « espère une accélération en 2016 ». Sur le foncier, il a « un job, pas facile », celui de « censurer des documents d'urbanisme, PLU voire Scot, consommant trop de foncier ».Didier Beynet, président de la FDSEA, a souhaité « continuer à travailler tous ensemble avec les JA ». Il a rappelé que le président des JA était invité à chaque bureau de la fédération. Et il a appelé les plus de 35 ans à rejoindre la FDSEA « pour faire avancer l'agriculture ».Anne-Claire Vial, présidente de la chambre d'agriculture, a informé le nouveau président de JA 26, Sébastien Richaud, qu'il avait une place de droit au bureau de la compagnie consulaire. Elle lui a aussi dit : « Tu "attaques" assez vite et assez fort, c'est ce qu'on attend des jeunes ». Et d'ajouter à l'adresse des JA : « Continuez à être motivés pour défendre la profession ».« La Drôme veut encore de l'agriculture, c'est la première entreprise du département », a noté Patrick Labaune, président du conseil départemental. « Aujourd'hui, la Région souhaite plus que jamais mettre l'agriculture au cœur de sa politique », a assuré Didier-Claude Blanc, conseiller régional.Elections / Les Jeunes Agriculteurs de la Drôme ont élu un nouveau conseil d'administration.Une équipe remodelée et un nouveau présidentA l'assemblée générale de JA 26, hommage a été rendu à Maxime Méjean qui a assuré la présidence du syndicat pendant cinq ans. Son successeur, Sébastien Richaud, est un agriculteur crestois de 26 ans, installé à Crest depuis 2009. Au sein de l'EARL Richaud, son père et lui exploitent 85 hectares en grandes cultures, élèvent des poules pondeuses (15 000) et des ovins (150).
Sur la situation agricole actuelle, « le contexte économique est catastrophique, sans lisibilité sur le futur, confie Sébastien Richaud. On attend des prix plus rémunérateurs, on ne peut continuer à vendre à perte. On veut des mesures structurelles et non conjoncturelles ».

Au bureau de JA 26, le président est entouré de Florent Bouchard, vice-président (Etoile-sur-Rhône), Jean-Christophe Marcel, secrétaire général (Aurel), Loïc Juven secrétaire général adjoint (Geyssans), Grégory Clapon, trésorier (Bourg-de-Péage), Antoine Combedimanche, trésorier adjoint (Chabeuil) et Fabien Charignon, membre (Châteaudouble).
Les autres membres du conseil d'administration sont Emilie Froget (Saint Avit), Benjamin Fanget (Mureil), Christophe Bourrut (Saint-Martin-d'Août), Louis Modrin (La Motte-de-Galaure), Jonathan Roche (Alixan), Florian Friol (Saint Paul-lès-Romans), Dimitri Agrain (Chabeuil), Julien Barde (Beauvallon), Aline Vernet (Saoû), Anthony Brunot (Divajeu), Manuel Faure (Aouste-sur-Sye), Agathe Crouzet (Recoubeau) et Thierry Magnon (Francillon-sur-Roubion).
