Tour d'horizon des productions drômoises en session chambre d'agriculture

Tour à tour, plusieurs élus de la chambre d'agriculture de la Drôme se sont succédé pour résumer la conjoncture agricole de la filière dont ils ont la charge. Ainsi, Paul Despesse a évoqué la menace toujours présente de l'influenza aviaire ainsi que celle des salmonelles (18 cas enregistrées, moins en pondeuse et plus en chair notamment en plein air). En volaille de chair, les prix se maintiennent. « On a besoin de produire », a-t-il fait remarquer. En dinde, est observée une baisse des prix, de la production et de la consommation. En œufs, le marché des produits alternatifs a le vent en poupe, tant en production qu'en consommation. Alors que la filière a besoin de produire, la création d'ateliers reste confrontée aux recours de collectifs ou de riverains. Enfin, Paul Despesse s'est inquiété du devenir des enveloppes financières dédiées à la création et surtout à la rénovation des bâtiments.
Céline Ferlay a, elle, mis l'accent sur le fort développement de la filière caprine drômoise (220 élevages, 25 000 chèvres). Les volumes de lait produits ont progressé de 9 % et les prix sont restés sur une tendance haussière (+ 7 € sur le prix de base). A noter, un nouveau cahier des charges est en place pour l'AOC Picodon.
Ovins, bovins viande et lait
Pour la filière ovine, Didier Beynet a fait part du recul de 7 % des demandes d'aides. Le cours des agneaux a été en dent de scie au premier trimestre mais, globalement, les prix se sont maintenus. Reste l'épineux problème de la prédation avec un nombre d'attaques en forte augmentation cette année. « Les chiffres sont alarmants, la situation est dramatique », a-t-il confié. « On court à la catastrophe, l'État doit nous aider. Ce que l'on veut, c'est sauver nos troupeaux », a ajouté François Monge, à l'adresse du préfet. Jean-Pierre Royannez a, lui, regretté « les reculs du plan loup ».
S'agissant de la filière viande bovine, est constatée depuis le début de l'année une baisse des cours de 4 % en vaches et génisses et une stabilité sur le marché des taurillons, a indiqué Guy Péran. L'action « cœur de gamme » a eu un effet moindre sur les prix. Quant aux retards de versement des aides Pac, « cela a impacté les trésoreries et engendré des ventes de bêtes, lesquelles ont été moins valorisées ». Il a également évoqué les difficultés liées à la sécheresse.
En lait de vache, et en l'absence de Thierry Ageron retenu par un deuil familial, Jean-Pierre Royannez a fait part de prix « un peu moins catastrophiques qu'il y a six mois mais encore insuffisants pour assurer un revenu normal. Les difficultés en lait conventionnel sont encore devant nous », a-t-il ajouté. En lait bio, les cours sont meilleurs mais les débouchés limités. Les demandes de conversion bio ou de valorisation IGP augmentent. A ce propos, il a parlé du projet d'IGP saint-félicien. Quant à la sécheresse, sont constatées des pertes de 30 à 60 % sur foin de prairie. Une étude est en cours pour évaluer l'activation d'une procédure de calamités agricoles.
Céréales, arboriculture, viticulture
La sécheresse a aussi un impact sur le secteur céréalier, notamment sur les cultures en sec. Pour les autres, « le surcoût d'irrigation est estimé à 30 % », a expliqué Corinne Deygas. Malgré tout, les rendements en blé sont supérieurs à la moyenne quinquennale et la qualité très satisfaisante. Quant aux prix, ils sont extrêmement déprimés sous l'effet des productions de la mer Noire. « En céréales à paille, les surfaces cultivées ont diminué en Drôme, a ajouté Anne-Claire Vial. Et en semences, on s'attend à une forte hétérogénéité du fait des fortes chaleurs. »
Le secteur arboricole reste marqué par le climat. En plus du gel au printemps dans le Diois, les Baronnies et le Nord-Drôme, « les 30 jours cumulés de canicule ont eu des effets positifs et négatifs », a expliqué Bruno Darnaud. Sur le plan commercial, en fruits à pépins et à coque « nous sommes sur de bonnes bases, a-t-il indiqué. En fruits à noyaux, le marché a été décevant en cerise et abricot, plutôt positif en pêche. » Avec la concurrence de l'Espagne et l'obsolescence variétale des vergers français, « on est à la fin d'un système en abricot », a déclaré Bruno Darnaud. Il a appelé les arboriculteurs à se saisir des aides du plan régional.
En viticulture, Pierre Combat a rappelé les pertes de 50 à 60 % consécutives au gel dans le Diois et, dans une moindre mesure, sur le Sud-Drôme touché aussi par la grêle. Sur ce secteur, « la sécheresse a fait baisser les volumes de manière considérable », a-t-il indiqué. Et la hausse des cours des côtes-du-rhône fait craindre « le risque d'un décrochage sur le plan commercial ». Pour lui, « la viticulture aura besoin d'irrigation dans l'avenir ». Par ailleurs, il a dénoncé la dernière campagne d'information du ministère de la Santé, stigmatisant le vin avec l'image du tire-bouchon.
Légumes, Ppam, bio
En légumes, des champs de pommes de terre n'ont toujours pas été ramassés dans un contexte de prix qui s'effondrent, a constaté Anne-Claire Vial. Et en tomates, les producteurs font face à des impayés de l'année précédente. En ail, du fait des fortes chaleurs, des pertes totales sont à déplorer à la conservation. Enfin, en plantes à parfum, aromatiques et médicinales, des marges de progrès sont encore possibles et des actions fortes de promotion sont menées. La Région a été sollicitée pour un plan d'accompagnement présenté il y a deux ans par la profession. « Il est essentiel qu'il soit signé », a insisté Anne-Claire Vial.
Lors de la session, d'autres voix se sont exprimées. Certaines à propos des craintes que suscitent l'entrée en vigueur du traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (Ceta). D'autres sur les difficultés à trouver de la main-d'œuvre locale ou encore sur l'interdiction du glyphosate.
Enfin, s'agissant de l'agriculture biologique, Michel Baude a noté le développement de toutes les filières avec des prix rémunérateurs. Et, suite à la décision du ministre de l'Agriculture d'arrêter le cofinancement par l'État des « aides au maintien », il a regretté le manque de lisibilité dans les dispositifs.
Christophe Ledoux
Aides Pac /
Point sur les versements

« Tout le monde est perdu avec ce fonctionnement d'avance de trésorerie remboursable (ATR), a lâché Jean-Pierre Royannez, premier vice-président de la chambre d'agriculture. On ne sait plus quel versement correspond à quelle année. Il est urgent de régler les aides du deuxième pilier », a-t-il insisté auprès du préfet. Evoquant des situations de détresse sociale, Anne-Claire Vial, présidente, a demandé au préfet l'examen particulier de certains cas. Tous deux ont également souhaité que la DDT bénéficie de moyens supplémentaires pour traiter les dossiers.* DDT : direction départementale des territoires.