Accès au contenu
Itinéraire cultural

Tournesol : cinq points incontournables pour exprimer le potentiel de rendement et améliorer la marge

En tournesol, il est primordial de bien respecter certains points de l'itinéraire technique, sans le complexifier pour autant, afin d'obtenir un résultat final satisfaisant. Tour d'horizons des cinq points incontournables, chiffres à l'appui.
Tournesol : cinq points incontournables pour exprimer le potentiel de rendement et améliorer la marge

Le choix variétal est le levier majeur contre les maladies. En effet, si le critère de productivité est un élément important pour choisir ses variétés, les critères de tolérance aux maladies le sont tout autant, si ce n'est plus, pour concrétiser le potentiel de la variété. Les maladies telles que le mildiou, le verticillium, le phomopsis ou encore le sclérotinia du capitule sont susceptibles d'occasionner des pertes importantes alors même que le levier variétal, sans occasionner de frais supplémentaires, peut permettre de se prémunir contre ce risque (à condition de mettre en œuvre de bonnes pratiques agronomiques : fréquence de retour, gestion des résidus, etc.). Pour utiliser ce levier, il est indispensable d'avoir fait un diagnostic sanitaire de la parcelle au moment du dernier tournesol présent sur cette parcelle. Si le choix variétal est déjà réalisé en quasi-totalité pour la campagne 2019, une visite estivale de vos parcelles vous permettra de repérer les maladies présentes pour bien choisir les variétés au retour du tournesol !
Perdu ou gagné ? 10 % de plantes touchées par le verticillium entraîne une perte de rendement de 2 q/ha et 0,2 point d'huile. Le choix d'une variété à bon comportement face au verticillium dans un secteur ou une parcelle à risque peut permettre d'éviter cette perte sèche.
Les « listes recommandées tournesol » proposées par Terres Inovia sur www.myvar.fr et établies à partir des résultats du réseau d'évaluation variétale Terres Inovia/Partenaires, permettent de faciliter le choix variétal.

Une densité de semis adaptée

Un défaut de peuplement lié à une densité de semis inadaptée est régulièrement un des facteurs explicatifs de rendements décevants. Il est indispensable de maintenir les densités de semis conseillées, d'autant que des pertes à la levée, résultant entre autres des attaques d'oiseaux et/ou de gibier peuvent altérer le peuplement final. La densité doit être ajustée selon la disponibilité en eau de la parcelle (voir tableau 1).
Perdu ou gagné ? Les pertes associées à une sous-densité ou une sur-densité, évaluées dans les essais menés par Terres Inovia, sont de 1 q/ha en moyenne et peuvent facilement atteindre 3 q/ha. Cela représente tout de même une perte de 84 à 102 €/ha selon les hypothèses de prix dans le contexte 2019. Ces pertes peuvent néanmoins s'avérer beaucoup plus importantes (selon les situations : forte hétérogénéité, verse, maladies...).
Augmenter la densité de semis pour anticiper les dégâts d'oiseaux n'est pas un levier efficace. En effet, cette pratique n'évite pas les attaques qui, de surcroît,, restent hétérogènes au sein de la parcelle. Au contraire, elle peut se traduire par une sur-densité qui pénalise le rendement. Face aux attaques d'oiseaux, notamment, les conditions de levées rapides et la protection par des dispositifs d'effarouchement (effaroucheurs et/ou tirs dans les départements où cette pratique est autorisée) constituent à ce jour les leviers les plus efficaces, même s'ils ne sont pas infaillibles. D'autres leviers notamment agronomiques sont à l'étude.

Un désherbage soigné

Souvent positionné sur des sols où la réserve en eau est fortement contrainte durant les périodes où ses besoins sont les plus importants, le tournesol est particulièrement sensible à la pression exercée par les adventices. La concurrence vis-à-vis de l'eau entre flore adventice et tournesol se traduit très rapidement par une perte de rendement importante. Ainsi, la nuisibilité sera plus forte sur les terres les plus superficielles, du fait d'une concurrence accrue liée à une ressource en eau plus rare.
Perdu ou gagné ? Une série de 18 essais réalisés par Terres Inovia entre 2007 et 2009 sur des situations à flore classique a mis en évidence une perte de 4,4 q/ha sur les témoins non désherbés par rapport aux modalités désherbées. Cette perte de rendement chiffrée, selon nos hypothèses de prix, à 123 €/ha et 150 €/ha pourrait être évitée avec un investissement dans le poste herbicide évalué grossièrement à 100 €/ha (coût produit + matériel). Soit un retour sur investissement de l'ordre de 20 à 50 €/ha. Le désherbage mixte peut permettre de diminuer les doses et/ou la surface de sol traitée (dans le cas de la localisation), avec une intervention mécanique en postlevée. Dans ces conditions, une économie supplémentaire de l'ordre de 40 €/ha est raisonnablement envisageable. Ces résultats montrent bien l'intérêt de maintenir ses parcelles propres, en maîtrisant par ailleurs le coût de son programme de désherbage. Attention, le gain de rendement mesuré dans les essais n'est pas systématique du fait d'une forte variabilité entre les situations ; les écarts entre le témoin et les modalités traités vont de 0 à
15 q/ha en faveur des modalités désherbées.

Fertilisation azotée : l'impasse injustifiée peut coûter (très) cher

Avec un besoin unitaire de 4,5 kg d'azote par quintal de graines produites, les besoins totaux du tournesol pour atteindre l'objectif de rendement restent modérés. Pour autant, ces besoins ne doivent pas être négligés sous peine de très fortement pénaliser le rendement et donc la marge. La quantité d'azote à apporter doit être raisonnée en fonction de l'objectif de rendement et du reliquat d'azote au semis. Les reliquats réalisés avant tournesol sont très rares. Néanmoins, en complément de la connaissance de la parcelle, le calcul des reliquats d'azote minéral au semis proposé par différents outils peut fournir un ordre d'idée sur les disponibilités d'azote minéral au semis. Les apports en végétation seront mieux valorisés que les apports au semis car mieux synchronisés avec les besoins de la plante.
Perdu ou gagné ? À titre d'exemple, la perte de rendement associée à une impasse sur l'azote dans une parcelle où un apport de 40 unités est justifié est estimée à 9 q/ha. L'impact économique, en tenant compte du coût de l'azote et du passage d'épandeur, est évalué entre 210 et 264 €/ha ! À l'inverse, une sur-fertilisation conduit également à une perte économique (excès d'azote, voire verse) et pénalise la qualité de la graine (baisse de la teneur en huile). Attention à assurer les besoins de la plante concernant les autres éléments, en particulier le bore.

Récolter au bon stade

Le dernier facteur de perte de rendement constaté en tournesol concerne le taux d'humidité des graines à la récolte. Selon la dernière enquête réalisée en 2017 par Terres Inovia, de nombreuses parcelles sont encore récoltées trop tardivement. Si une large majorité des parcelles est récoltée à environ 9 % d'humidité (ce qui correspond à la norme de commercialisation), en revanche 43 % des parcelles de Rhône-Alpes, 22 % des parcelles du Sud-Ouest, et 7 % des parcelles d'Auvergne sont récoltées à des taux d'humidité inférieurs à 8 %, pouvant même descendre jusqu'à 6 ou 5 % d'humidité.
Perdu ou gagné ? Pour une parcelle à 30 q/ha de rendement, une récolte à sur-maturité, à 6 % d'humidité, constitue une perte de 0,9 q/ha par rapport à la norme de 9 % d'humidité. Ainsi, c'est une perte de marge comprise entre 25 et 30 €/ha (selon les hypothèses de prix retenues). À l'échelle d'une exploitation cultivant 30 ha de tournesol, ce sont 750 à 900 € perdus par évaporation de l'eau contenue dans les graines. A cela peuvent également venir s'ajouter des pertes liées aux attaques d'oiseaux à maturité, aux maladies de fin de cycle type botrytis. Ces pertes, plus difficiles à chiffrer, peuvent se montrer importantes. Avancer la date de récolte, pour récolter à maturité, permettrait donc dans ces situations d'éviter cette perte, sans engager 1 € de frais supplémentaire. 
Arnaud Micheneau avec Vincent Lecomte, Claire Martin-Monjaret, Q. Lambert (Terres Inovia)

 

Pour en savoir plus sur la conduite du tournesol : Rubrique tournesol sur www.terresinovia.fr - Guide de culture Tournesol 2019 (gratuit sur demande au 05 82 08 34 05 ou 05 82 08 34 01) ou à télécharger sur www.terresinovia.fr