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SEMIS

Tournesol : une implantation réussie,  ça se travaille dès maintenant

Pour faire face aux contraintes hydriques fortes et fréquentes en été, le tournesol a besoin d’un système racinaire bien développé lui permettant d’optimiser l’absorption d’eau et de minéraux. C’est bien dès maintenant, durant l’interculture, que tout se joue : Terres Inovia fait le point.

Tournesol : une implantation réussie,  ça se travaille dès maintenant
Un mauvais enracinement du tournesol peut provoquer des pertes importantes, à la fois sur le rendement (jusqu’à 10 q/ha) et la qualité (baisse de la teneur en huile). © Terres Inovia

Si la campagne 2021 a été marquée par une pluviométrie souvent suffisante aux moments clés du cycle du tournesol, la sécheresse estivale est plus généralement la réalité. Ainsi, les pratiques mises en œuvre durant l’interculture (travail du sol, couverts végétaux) puis lors la préparation des parcelles sont essentielles pour permettre au tournesol de développer un système racinaire optimal et d’être ainsi moins vulnérable aux contraintes hydriques estivales.

Le labour d’hiver en recul

Le labour d’hiver (en sols argileux) ou de printemps (en sols limoneux), suivi d’une reprise superficielle est une technique historique qui ne représente plus que 54 % des surfaces contre 72 % il y a 10 ans. Pratiquée dans de bonnes conditions, elle apporte de bons résultats sur l’ameublissement en profondeur du sol tout en incorporant les pailles. En revanche elle peut présenter certaines limites, notamment un risque d’érosion avec, pour conséquence, une perte de fertilité des parcelles. À noter également que le labour est un levier efficace pour contrôler la pression des graminées. La dernière enquête de Terres Inovia en 2019 sur les pratiques des agriculteurs montre qu’en l’absence de labour, le travail profond (>15 cm) est majoritairement pratiqué. Dans le bassin Auvergne-Rhône-Alpes, caractérisé par des sols souvent séchants et des étés secs pouvant pénaliser la levée des couverts végétaux, la présence de cultures intermédiaires est légèrement plus faible par rapport aux autres bassins. Malgré ce contexte, la pratique des couverts avant tournesol est en nette progression avec 37 % d’interculture concernés en moyenne en 2018-2019.

Obtenir un bon lit de semence

En facilitant un bon contact entre le sol et la graine, un lit de semence assez fin favorisera un taux et une vitesse de levée élevés. Ces deux éléments conditionnent la dynamique de levée, un levier face aux dégâts d’oiseaux, ainsi que l’obtention d’un peuplement non limitant. Dans les sols sensibles à la battance, il faudra toutefois faire attention à un excès de terre fine. En parallèle, pour favoriser le développement du pivot et du système racinaire, viser une structure aérée et un sol bien fissuré sur les 20 à 30 premiers centimètres, avec, sur les 10 premiers centimètres, un mélange homogène de terre fine et de mottes majoritairement non tassées, pour permettre un enracinement optimal.

Raisonner la stratégie de travail du sol

L’état de la structure du sol observé sur les 30 premiers centimètres du sol, orientera le choix du travail. En outre, la réussite de l’intervention sera conditionnée par des conditions ressuyées pour éviter les lissages et la création de mottes. Dans les sols argileux et/ou riches en matière organique, un test bêche permettra d’établir un diagnostic de la structure du sol pour aider à décider du travail du sol à mettre en œuvre. Cette observation devra être renouvelée en cas d’évènement climatique significatif ou d’intervention mécanique réalisée dans des conditions non optimales. C’est le cas cette année avec des récoltes de céréales parfois effectuées sur des sols trop meubles.

Utiliser le bon outil au bon moment

Pour un travail profond, réalisé dès la fin d’été en sols argileux, il est recommandé d’intervenir dans des conditions ni trop humides (risque de lissage), ni trop sèches (création de mottes et de vides). On évitera ainsi une discontinuité du profil cultural entre les différentes couches du sol qui empêcherait le pivot du tournesol de se développer en profondeur au-delà de l’horizon de surface. Un décompacteur type dents Michel ou un labour permettront de réaliser ce travail de fragmentation. Attention, le décompacteur est plus sensible aux conditions d’humidité et devra être utilisé en situation friable. Le labour peut plus facilement être utilisé en conditions semi-plastiques ou dans le cas de sol plus dur. Il sera également, dans le cas d’un usage occasionnel, un levier efficace pour lutter contre les graminées. Pour la préparation du lit de semence au printemps, le ressuyage de la parcelle est une condition incontournable pour démarrer le travail avec, de préférence, un outil à dents non animé pour limiter les risques de lissage. Pour éviter le tassement et l’excès d’évaporation, le nombre de passages doit être réduit au maximum. L’utilisation combinée de plusieurs outils, l’utilisation de roues jumelées ou des pneus basse pression, peuvent également contribuer à obtenir un lit de semence optimal de consistance friable.

Les bénéfices des couverts d’interculture

L’interculture qui précède le tournesol est longue, souvent près de 10 mois sans culture de vente. Elle donne par conséquent l’opportunité d’actionner des leviers agissant sur la fertilité des sols, en particulier l’implantation de couverts végétaux. Les couverts d’interculture peuvent  apporter des bénéfices agronomiques à court, moyen et long terme. Il s’agit notamment de la réduction des pertes d’azote par lixiviation en période hivernale et du risque d’érosion, la minéralisation d’azote à court, moyen et long terme, le stockage de carbone, le maintien ou l’amélioration de la structure des sols. Au-delà de ces objectifs, le choix des espèces de couverts devra dépendre de la durée de végétation souhaitée, mais aussi du matériel disponible sur l’exploitation pour implanter et détruire les couverts. Les légumineuses constituent une base intéressante de composition des mélanges d’espèces utilisées pour un couvert. Elles apportent de l’azote au sol, stimulent l’activité microbienne, présentent des systèmes racinaires variés qu’il est intéressant de combiner. Elles sont globalement faciles à détruire, mais présentent l’inconvénient d’être exigeantes en termes de qualité de semis. Dit autrement, l’implantation d’un couvert doit faire l’objet des mêmes soins que l’implantation d’une culture. Rendez-vous au début du printemps pour les interventions de reprise et de destruction du couvert intermédiaire dans les situations concernées. Le ressuyage de la parcelle sera une condition incontournable pour démarrer le travail.

Matthieu Abella, Terres Inovia

Contact régional : Alexis Verniau, 
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