« Toutes les exploitations ont leur stratégie »
Jean-Michel Bouchard, président de l’Union des producteurs laitiers du saint-marcellin*, fait un point à l’occasion de l’assemblée générale de la structure qui s’est tenue le 7 novembre à Saint-Marcellin.

Comment vont les relations entre l’Union et les entreprises ?
Jean-Michel Bouchard : « Dans l’ensemble, elles se passent bien. Même si cela est toujours un peu plus tendu lorsqu’on aborde la question du prix du lait. »
Dans l’objectif de faire augmenter le prix payé aux producteurs, vous avez eu d’importantes discussions avec Lactalis entre l’automne 2023 et le printemps 2024. Avez-vous obtenu gain de cause ?
J-M.B. : « Nous avons acquis une modification de la formule du prix du lait qui prend maintenant davantage en compte les coûts de revient des producteurs. Avant, ils comptaient pour 50 %, mais depuis que la formule a été revue, ils comptent pour 70 %. Cela a permis de revaloriser le prix du lait. C’est important car même si on constate cette année un prix supérieur à celui de l’année dernière, les charges des éleveurs aussi ont augmenté. »
Comment se porte la consommation de saint-marcellin et de saint-félicien ?
J-M.B. : « L’an dernier, 2 700 tonnes de saint-marcellin et 3 095 tonnes de saint-félicien ont été commercialisées. Si le saint-marcellin reste plutôt stable, nous constatons que le saint-félicien est plutôt en baisse. Regardant le prix à la pièce, les consommateurs considèrent que ce dernier est un produit cher. Avec l’inflation, nous craignons qu’ils se détournent de ces produits à haute valeur. Pour éviter cette baisse, le Comité pour le saint-marcellin et le saint-félicien (C2MF) poursuit le travail de communication engagé tout au long de cette année, qui a fêté les dix ans de l’indication géographique protégée (IGP) du saint-marcellin. »
Quel est l’état d’esprit des producteurs ?
J-M.B. : « On ressent chez certains une baisse de dynamisme. Il en est qui sont proches de la retraite et qui n’ont pas encore identifié de repreneurs pour leur exploitation. Il y a des jeunes qui ont repris des fermes mais qui n’entendent pas mener leur carrière professionnelle comme l’ont fait leurs aînés. Je ne les vois pas s’intégrer dans le schéma d’agrandissement vers lequel certains voudraient nous emmener. Toutes les exploitations sont différentes. Toutes ont leur stratégie. Il n’y a pas de modèle unique. Il faudra faire avec cela. »
Propos recueillis par Isabelle Brenguier
* L’union des producteurs laitiers du saint-marcellin compte plus de 80 producteurs de lait. Elle a adhéré à l’Unell (Union nationale des éleveurs laitiers Lactalis).
Le long chemin du saint-félicien sur la route de l’IGP
À l’occasion de l’assemblée générale de l’Union des producteurs laitiers du saint-marcellin, Sylvie Colombier, chargée de mission et de communication du C2MF1, a fait un point sur l’état d’avancement du dossier de reconnaissance du saint-félicien en IGP2.
Après l’envoi du dossier de demande de reconnaissance à l’Inao3 en septembre 2023, des éléments complémentaires ont été demandés au comité en avril 2024. Mais la démarche souffre de la demande émise par des producteurs ardéchois de reconnaître leur caillé doux de saint-félicien en AOP4.
Une réunion est prévue le 12 décembre entre les instances de l’Inao pour évoquer ces deux procédures et identifier les suites à leur donner. Les producteurs sont dans l’attente. Ils aimeraient que l’instruction de ce dossier soit lancée au printemps prochain.
I.B.