Traitement contre la flavescence : du made in Drôme

Patrick Arsicaud est gérant des pépinières Vitiplant, à Châteauneuf-du-Rhône. Jusqu'en 2014, il faisait appel à un prestataire (Herbarom à Aouste-sur-Sye) pour traiter à l'eau chaude ses plants de vigne contre la flavescence dorée. Mais il a décidé de s'équiper d'une machine agréée par FranceAgriMer. La société donzéroise MSD (Mécano soudure drômoise), dirigée par François Vienne, en a fabriqué une à sa demande. Ce matériel a été conçu à partir des observations du pépiniériste et de ses propositions d'amélioration par rapport aux machines déjà existantes. Les premiers essais ont été réalisés en février. Et la machine a été agréée par FranceAgriMer en mars pour tous types de greffons, porte-greffe et plants de vigne.
« J'ai investi dans cet équipement (45 000 euros) car il est important pour l'image de Vitiplant et la sécurité de mes clients, explique Patrick Arsicaud. Mais aussi car mes deux filles, Pauline (22 ans, salariée à la pépinière) et Noémie (18 ans, en Bac pro vigne et vin), ont décidé de me succéder. Donc, je veux leur transmettre un outil performant. »
45 minutes à 50 °C
La machine comporte une cuve, une « cage », une chaudière, un ballon et un système de répartition de l'eau chaude, un circulateur, une sonde de température, un traceur... Ce dernier délivre (via l'informatique et sur papier) une courbe de la température (elle doit demeurer constante pendant toute la durée du bain). Après avoir été acclimatés à une température de 18 à 20 °C, les plants de vigne sont placés dans la « cage » de la machine (qui peut en contenir jusqu'à 12 000). Celle-ci est immergée dans un bain d'eau chaude à 50 °C durant 45 minutes. A leur sortie de la machine, les plants refroidissent à température ambiante pendant un ou deux jours avant d'être remis au frigo en attendant la plantation. « Il est préférable d'attendre quinze jours à trois semaines pour les planter », recommande le pépiniériste. Il conseille aussi de ne traiter que des plants parfaitement conservés (pas secs) et sains. Pour lui et en prestation de service, Patrick Arsicaud a traité 100 000 plants, 50 000 boutures greffables et 150 000 greffons avec cette machine cette année.
« Je fais un métier passionnant, confie Patrick Arsicaud. Avec des fractions de sarments, six mois après on crée une plante qui aura peut-être un avenir prestigieux (Champagne, Porto...). C'est une micro-profession. Le drame du monde des pépinières viticoles françaises, c'est la disparition de 30 % des entreprises depuis 10 ans. Les difficultés pour trouver de la main-d'œuvre (six mois de travail pleins) ne sont certainement pas étrangères à cette évolution. »
Annie Laurie
Les pépinières Vitiplant /Plus d'un million de greffes
Légende photo IMG 3082 :Plants de vigne prêts à être mis en culture dans la pépinière.